dimanche 31 janvier 2010

Angoulême : ville du vice

Retour d'Angoulême, le pochon bien plein, la bourse un peu moins...


 
 
 
 
 
Et dans mes sacs j'ai ramené  : 
 
Le premier volume de l'intégrale Sin City, une magnifique sortie des éditions Rackham à l'occasion des 15 ans de la publication de la série en France. On y retrouve les 4 premiers tomes de la série culte de Miller, la suite devrait arriver dans quelques mois.
 
 

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Paru aux exigeantes et excellentes éditions Cornélius il y a 6 ans, Smart Monkey est un petit chef d'œuvre. Cette fresque darwinienne faussement naïve mais véritablement drôle et cruelle est l'oeuvre de Winshluss, récompensé l'année dernière au FIBD d'Angoulême pour sa relecture de Pinocchio. Il parvient à y mêler simplicité et concision du trait à un souffle et une énergie rafraîchissante. 
 
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 Un défi d'autant plus réussi que l'album entièrement muet, semble grouiller des milles insectes de cette jungle préhistorique, résonner des luttes sauvages, de ses craquements, de ses bruissements.


Toujours chez Cornélius, et toujours du même auteur, la nouvelle édition augmentée de Welcome to the Death Club, parue ce mois-ci :
 
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Humour noir, barjos flippant et fêlés totos, avec en prime un beau poster. Cynique, vicelard et tordu.





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Entre Deux, de Vincent Perriot, Editions de la Cerise sur le Gâteau. Un road "movie" libérateur et poétique où chaque planche, fouillée et habitée parvient à faire sourdre une histoire, un sens. Ce pourrait être une suite d'illustrations au stylo, c'est en fait une quête sauvage portée par un souffle étrange, un Into the Wild franchouillard, bohème et ébouriffé.
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Dans un autre registre, la revue littéraire Bunker, par le collectif du même nom, aux éditions Au Fond du Grenier. Textes et créations inédites, auteurs oubliés ou trop méconnus, analyses pointues : les revues, sobres et élégantes sont agrémentées d'éléments visuels (photographie, peinture) qui en font une des initiatives culturelles les plus chiadées du moment.
 
 

jeudi 28 janvier 2010

Baroness - Blue Record




Baroness ils me font mal aux yeux. Trop de couleurs pour un daltonien comme moi. Comme cet album là, un fourre tout pouet pouet heavy as fuck, paradoxalement digeste as fuck.
 "Alors, il est bon ou pas le dernier Baroness?" s'interrogeait l'autre jour un camarade à lunettes. Eléments de réponse imagés, Robert :


Baroness, faut se l'imaginer comme un adolescent blondinet. Sa tignasse blonde au vent, il dévale en tricycle une pente ensoleillée du Valhalla, en hurlant  (un truc du style "wouhou" ou "yeehaa"). Baroness, dans sa tête, il est une Triumph ronflante, comme celle de son grand frère barbu, Mastodon. Mais bon, Baroness il se prend moins la tête, c'est les vacances et il s'en fout. Arrivé en bas, il se met à danser et sautille comme son cousin Torche. "Ils ont toujours eu le sens du groove ces deux là" nous confiaient leurs pères respectifs, Zozobra et Big Business. Comme tout bon adolescent qui se cherche, Baroness ne sait pas trop ce qu'il veut devenir. Heavy-fm ou sludge couillu, il sait pas. Surtout, ne vous fiez pas à ses phrases pompeuses, ni à ses vêtements criards, au fond, Baroness, c'est juste un ado un peu plus intelligent que la moyenne, qui prend son pied avec entrain, pied au plancher, et le sourire jusque là.

Space Puking / Cosmic Dancing / Disco Bleeding











jeudi 21 janvier 2010

A Place to Bury Strangers - Exploding Head




Voilà typiquement le genre de groupe que j'aime. Des mecs qui se jouent des contraintes pour explorer de nouveaux interstices. Ici, cintrés dans un carcan pop au format FM plus que convenu, APTBS concentre un bouquet d'étiquettes et de références. Définitivement dansant, inévitablement bruyant, on oscille entre post-punk New Orderien énervé, shoegaze abrasif et cold-wave hantée. Un des larrons étant spécialisé dans la fabrication de pédales d'effets, il n'est pas surprenant de voir à quel point les textures et les distorsions de guitares sont travaillées: on entre dans une sorte de voie interstellaire crasseuse et noisy où chaque aspérité devient une montagne, chaque note une comète. La bonne surprise se trouve par ailleurs dans ces résurgences sixties fiévreuses (le titre final en est un parfait exemple) où la basse - comment on dit déjà, ah oui - pachydermique vrille les tympans sans retenue aucune. Très vite on se retrouve à faire la danse de la mouche en saignant des oreilles. Le pied.

dimanche 10 janvier 2010

the Kilimanjaro Darkjazz Ensemble - Here be Dragons




Continuons avec les albums de 2009 qui aurait mérité leur place dans le top 12, avec the Kilimanjaro Darkjazz Ensemble, un collectif formé autour de Jason Kohnen (qu'on connaît mieux pour ses martèlements avec Bong-Ra).On va le balancer tout de suite, ce sera fait : impossible de ne pas penser à Bohren & der Club of Gore. Normal me direz-vous puisque tKDE évolue dans les contrées peu rassurantes d'un darkjazz lancinant aux atmosphères plombées. Une fois ce rapprochement fait, intéressons nous à ce qui construit l'identité propre du groupe, et en premier lieu aux multiples influences qui font qu'on se retrouve face à une entité oscillant entre trip-hop (l'inévitable renvoi à Portishead et au chant de Beth Gibbons sur Embers notamment), electronica soyeuse et post-rock éthéré (The Mac Guffin). tKDE se démarque aussi de par une faculté sans pareil à dresser devant nos yeux des paysages brumeux étrangement lumineux. Rien de joyeux ici, mais des violons mélancoliques, des saxophones étouffés et retors desquels émergent de scintillantes mélodies.
Dépêches toi vite : c'est ici.

samedi 9 janvier 2010

Altar of Plagues - White Tomb






POSTROCK


Non je rigole, revenez revenez. C'est l'heure de la dithyrambe hebdomadaire. Aujourd'hui White Tomb, d'Altar of Plagues. Qui devrait figurer dans tout bon top 10 (12) 2009. Oui, j'ai oublié de le mettre... Minichronique à l'infinitif :


Réussir à trouver le dosage exact entre l'amplitude émotionnelle du postrock/core et les déchirements de violence propres au black metal n'est pas chose aisée. Parvenir à en faire quelque chose d'hybride, à la croisée de Wolves in the Throne Room et de Callisto ne l'est pas non plus. S'en sortir avec des phases de black doom bruitistes et torturées (Khanate?) autant qu'avec des samples atmosphériques qui sentent bon l'acier et la rouille, pas facile facile. Garder tout au long de 4 titres une intensité et une cohésion sauvage sans jamais ennuyer ni trébucher. Être scintillant sans être lumineux. Être postrock sans être chiant. Être organique et minéral. Être vivement recommandé.

vendredi 8 janvier 2010

Dinosaur Jr - Farm




Tout le monde est d'accord. Pas un bémol, pas un connard prétentieux pour venir casser les noix : le dernier Dinosaur Jr est une tuerie. Il faut dire que Beyond était déjà un impressionnant condensé de talent d'écriture, de hargne adolescente et de maturité sereine. Dans la famille des groupes qui réchauffent je demande les 3 tontons (à défaut de grands-pères). Le trio revient enfoncer le clou déjà bien planté il y a 3 ans, et ce sans se départir d'un flegme et d'une facilité déconcertante. Ce putain de je m'en foutisme exacerbé de mecs qui semblent nous dire, l'oeil dans le vague loin derrière nous, et le sourire narquois : "Eh ouais bonhomme, on fait ça comme toi tu t'en grilles une, les mains dans les poches, en pensant un peu à ça, un peu à autre chose, en fait, on s'en fout." C'est de cette facilité que découle le génie des sauriens qui sont passés maître dans l'art qui est le leur, à savoir écrire des chansons. Tout simplement écrire des chansons, faire du rock. Du rock à guitare bruyant et mélodique mariant Eddie Veder (pour le chant, frappant par instants) aux morceaux les plus pop et ensoleillés des Lemonheads. Étonnant d'ailleurs de voir comme ces deux groupes n'ont jamais autant sonné 90's que dans leurs sorties les plus récentes. Farm (et son artwork Entien de toute beauté) coule tout seul. Méchamment paisible (l'inverse marche aussi), parfois ralentissant, il révèle le détail de ses compositions ciselées, avant de repartir avec fougue, toujours arnaché de soli trililili chers à Jay Mascis.

Ces mecs sont en avance, c'est sûrement pour ça qu'ils semblent constamment prendre leur temps.