jeudi 27 mai 2010

These New Puritans - Hidden


Je me souviens d'un mec qui avait qualifié les puritains de "redoutablement inoffensifs". Il faut dire que Beat Pyramid, leur premier effort n'arrive pas à la cheville de l'album chroniqué ici. Toujours est-il que votre serviteur avait su y déceler un potentiel monstrueux, déroulé ici avec brio.

Hidden c'est quelques centaines de personnes, entre 20 et 30 ans. Ils sont de taille moyenne, tous cintrés dans leurs uniformes gris. Pâles, inexpressifs, ils se tiennent en ligne, droits et fiers, mais de cette fierté éteinte, presque passée. Dans cette grande pièce sombre, ils vont essayer de danser, dance-floor fasciste, engoncés, gênés par leurs bras maigres et leurs bottes cirées trop étroites. Sur quoi peuvent-ils danser? Sur quoi peuvent-ils danser? Sur quoi peuvent-il danser? Sur un squelette de musique, un rock orchestral famélique et militaire raclant les débris industriels pour assembler d'éphémères structures dubstep auxquelles on ne croit pas. Comme des machines essayant d'imiter des humains, des rouages imitant de la chair.  Ils sont portés vers un déhanchement mécanique, robotique et froid qui transpire une sueur glacée et amère. Des auréoles se forment sous leurs bras et leurs mèches blondes brunissent en balayant leur front, alors que des chœurs hantés essayent de nous faire croire à un semblant d'âme. Les dagues sont dégainées dans cette transe morbide, lacèrent les étoffes rugueuses, et du sang jailli soudain, noir, épais. En sombrant dans ses harmonies classiques, aux sons doux des hautbois, ces pantins souillés de sueur, de salive et de sang glacé font jaillir une chaleur presque animale, et parviennent, au prix d'un effort laborieux, à atteindre un semblant de grâce.

mercredi 19 mai 2010

Keep of Kalessin - Reptilian


Après un Armada épique réussi et un hypnagogique Kolossus, les norvégiens reviennent cette fois avec Reptilian. Premier constat -et il eût-été difficile d'en être autrement- cette dernière livraison est meilleure que la précédente. La magie qui opérait sur Armada revit ici, même si le souffle de ce dernier est à jamais disparu : envolées lyriques, violence ultraclean, riffs heavy, lignes de chant clair inspirées pour les refrains, tout est là. Les passages acoustiques hipanisants ont disparus ce qui n'empêche pas les mecs de balancer des phases WTF, pompeuses et grandiloquentes (notamment via des arrangements symphoniques baroques et lourdaux). Le registre reste ampoulé et cliché (à base de sauriens moyenâgeux cracheurs de feux , de chevauchées guerrières dans la plaine, bref, vous saisissez le propos), la cerise sur le gâteau étant ce magique et ridicule DragonTower (the poweeeeeeeeer of the dragon tower), composé pour l'Eurovision 2010 (sic) et où l'on imagine très bien les gaziers courant dans les forêts du grand Nord, nus sous leur pagne en peau de loup, le poing en l'air et le sourire jusque là.

Cet album aurait pu être bon, au pire divertissant, mais les trop nombreuses fautes de goût viennent noyer les bonnes idées dans un dégueuli power-metal affligeant (qui plaira sans doute aux plus virils des fans de Manowar) .

Conclusion, si tu veux vraiment partir à la guerre sur ton fier destrier, savater du dragon et défoncer du gueux en pillant des villages, écoutes Armada et oublie le black metal en plastique et en pantalon de cuir (moulant) de Reptilian.


(du coup je vous cale un morceau d'Armada. Voilà)


samedi 15 mai 2010

Medications - Completely Removed



Beau petit objet que ce Completely Removed, qui vient donner une belle leçon de rock intelligent à toute une scène post-punk indie noyée dans les gloubiboulga disco-africains ratés. Ici les influences africaines (Long Day) sont diluées dans un rock ensoleillé et mélodique très fins. Le chant rappel parfois Phoenix, et les expérimentations liées à leurs origines math-rock ne dissimulent que très peu les vélléités pop du trio. Ce qui est agréable avec Medications, c'est cette impression d'écouter de la pop sans avoir l'impression qu'on se fout de notre gueule. Le talent de songwriting certain nous incite dès la deuxième écoute à fredonner certains titres comme si on les écoutait depuis des années. Sûrement un signe.






mardi 11 mai 2010

Extra Life - Made Flesh



EXTRA LIFE = (Maynard.J.Keenan + the Shaggs) x (Chevreuil+Battles/Current 93)

Si ça vous donne pas envie...

Mayyors - Marines dot com/Morgan's LOLZ/Dead

 Pas grand chose à se mettre sous la dent avec Mayyors. Alors on se passe en boucle le peu qu'on a, et on danse. Oui. Mayyors c'est un groupe fait pour danser, pour swinguer en piétinant son voisin, pour s'arracher le tympan avec une cuillère et le catapulter droit dans l'espace. Tourbillon de fuzz souillé par la vermine, skull music ivre de merde et de licornes, on pourrait presque patauger dans le grain de guitare, dans la tourbe de la basse, et hurler n'importe quoi en bavant, comme le chanteur enfermé dans sa boîte de conserve rouillée. Musique d'apache, undo it yourself, oublie le lo-fi, ici c'est no-fi, rien, alors crame en silence.

Deftones - Diamond Eyes


Je vous avoue qu'il m'a fait un peur ce nouveau Deftones. J'ai bien cru que pour la deuxième fois je serais déçu. Si l'éponyme m'avait surpris, il s'était très vite montré à la hauteur de ses prédécesseurs, ce qui n'est pas le cas pour Saturday Night Wrist qui, malgré de très bon morceaux, ne parvenait pas à trouver cette cohérence propres aux autres albums. Diamond Eyes a failli me décevoir mais il n'en est rien. On parle partout de "retour en arrière", et ce n'est pas faux, les premières écoutes sont sabordées par la production monstrueuse mettant en avant des riffs simples, ultra-plombés, mais rappelant plus la violence teenage basique de Bored ou 7 Words que la finesse des derniers albums. Après deux écoutes j'ai d'ailleurs reposé Diamond Eyes, avec la sensation de tenir entre les mains un disque bâclé (la faute ou pas aux difficultés rencontrées par le groupe sans son bassiste de toujours etc.)
Et puis je l'ai repris ce disque, quelques semaines plus tard, pour constater que derrière ses guitares de bûcherons se cachaient des arrangements ciselés et, surtout, un retour en force de Moreno et de ses lignes de chant poignantes. On ne peut pas nier un certain ralentissement dans l'évolution de Deftones, Diamond Eyes se démarquant des derniers albums par un éclat brut, direct et hargneux. Ce que j'avais pris comme un défaut lors des premières écoutes n'en est pas un. Deftones retrouve ici une cohérence que n'avait pas Saturday Night Wrist. On sent l'album habité par une présence, une aura, beaucoup plus franche que sur son prédécesseur, lui un peu trop éparpillé pour être honnête.

Coucou
Coucou
Coucou hibou coucou, vivement la suite.

Si tu ne l'as toujours pas écouté (MER IL ET FOU) voilà un petit aperçu :



mardi 4 mai 2010

Dérouillons-nous gaiement

Après un mois d'avril relativement muet et avant une nouvelle bordées de minichroniques, je me retrouve en ces lieux avec plein de choses très intéressantes à vous raconter.




En avril j'ai fait la connaissance de Membrane. C'est accompagné de Frangie et de mon anarchiste préféré que je rentre pour la première fois (*émotion*) au Glaz'art, qui sous ses airs de bunker paumé dans les friches de Pristina, se révèlent être une chouette salle. Les pauvres garçons ouvraient pour les soporifiques Mouth of the Architect, qui, déjà loin d'être passionnants sur galette, ne s'en sortent pas mieux en live. Ce qui m'a donné l'occasion de découvrir le Glaz'art et son arrière-cour/terrasse pleine de rats gros comme l'organe de Peter Steele. Membrane donc, un power-trio from Vesoul qui se démène dans un magma heavy carré et efficace très inspiré d'Unsane. Le batteur est fou et tente d'hypnotiser le public, et je crois que ça a un peu fonctionné. Après avoir fuit Mouth of the Architect je me rapplique vers le merch pour deviser comme il se doit avec les haut-saônois. Une discussion rapidement interrompue par le staff du Glaz'art. Tout le monde dehors. Il est 22h30, faut pas déconner. La soirée se termine dans un bar non loin du Glazart, tenu par le sosie de Keith Richards. Le bar s'appelle Les Pierres qui Roulent. Le groupe à l'intérieur joue des reprises des Rolling Stones.




 Trois jours après, toujours accompagné de Frangie et de l'Anar, je me rends à la Maroquinerie pour voir Shrinebuilder, Kylesa et Dark Castle. Pas de supergroupe du doom pour cause d'Eyjafjallajokul. Rien de très grave, au vu de l'album moisi de ces derniers. Je vous passe le sempiternel bière/clope/barbus pré-concert pour vous parler du premier groupe à se produire sur scène : le duo Dark Castle. J'étais persuadé de n'avoir jamais entendu le son de ce couple batterie/guitare mais je comprends vite que je les connais et qu'ils sont un peu chiants. Du sludge/doom sans grand intérêt. Bon, une fille qui éructe en jouant de la guitare reste une des plus belles choses qu'il m'ait été donnée à voir (ça et la vidéo des marmottes qui se tiennent la main), mais connaissant sa collègue de Kylesa, on ne peut trouver Dark Castle que passable.
Kylesa, que-j'avais-prévu-de-voir-cet-été-avec-Converge-mais-qu'en-fait-j'ai-gagné-une-place-donc-jsuis-venu, livrent un set intense faisant la part belle au dernier album. Le son est énorme, les guitares parviennent à rivaliser de bruit avec les deux batteurs parfaitement synchrones, le seul défaut restant les voix, trop en retrait. L'anar, plutôt habitué aux concerts de punk, et que j'emmenais à son premier concert de vrai metal burné, me tend très vite ses lunettes pour se jeter à corps perdu dans une fosse chahutante mais courtoise. Le set de 45 mn est trop court (l'annulation de Shrinebuilder laissait espérer une setlist un poil plus étoffée) mais l'énergie du combo de Savannah nous comble malgré tout et c'est en sifflotant les riffs épiques de Kylesa que nous avalons un excellent kebab de Gambetta.
  
Notons au passage les efforts de Kongfuzi qui se sont bien sortis les doigts pour maintenir le concert menacé par la cendre islandaise.



Enfin le #liveFAIL de la semaine c'est ce petit concert passé inaperçu. Je me démène pour arriver à temps à la Taverne de Dickens pour apprendre, qu'en plus du temps de merde, Quartier Rouge (le groupe qui m'avait motivé à traverser tout paname) a déjà joué. 4 morceaux. Stoppés car ils faisaient trop de bruit. Ahah. Devant ma mine déconfite de chiot orphelin, les mecs me proposent de venir les voir en répèt' le lendemain à Argenteuil. J'ai bien évidemment perdu l'adresse. (si vous passez par là les gaziers, il me manque le nom de la rue).
La Taverne de Dickens c'est donc un bar. Petit avec ça. Tenu par un gentil grand-père qui est soit sourd, soit un peu fou. Accueillir Quartier Rouge, tout le monde aurait pas les bollocks de le faire. En parlant de bollocks, je me retrouve donc devant les épileptiques et bien-nommés lyonnais de Burne, les seuls n'ayant pas encore joué. Nom au singulier pour un duo basse/batterie fan de néons. Après leur très court set, passablement sourd, j'avais en tête l'image d'un groupe fougueux et bruyant entre le martèlement de Duracell et la fougue de Lightning Bolt. Il s'avère qu'en studio, le bordel grésillant du live se transforme en math-rock noisy plus mélodique que je ne le pensais mais toujours aussi rageur. Une bonne découverte donc, malgré le ratage Quartier Rouge.


Au programme des chroniques à venir : du néo-metal qui n'en fut jamais, de la skull music qui sent la cave, des bordelais sans voix et du post-rock instrumental pas chiant



bOnUs InUtIle : Mon Iphone est devenu sourd.  Par Burne.