vendredi 18 février 2011

Virus - The Agent that Shapes the Desert


Music in a silent universe

Il y a cette basse potelée, plastique, qui coule et rebondit. C'est elle qui décide. Derrière elle se débattent dans la rouille et l'acide, des guitares d'acier, sûrement pas désaccordées, mais dissonantes. Elles s'enroulent autour de la Basse originelle, l'enserrent, la cisaillent, et répètent à l'infini leurs riffs alien, pour lui voler le premier rôle, s'imposer comme le squelette de ce baladin des enfers.
Il y a cet étrange désert rouge, martien, veiné de torrents de poix noire, fleuves léthargiques, coulants telle une lave fatiguée. Cette musique est née dans le soufre et le feu, hasardeuse et pourtant implacable. Au milieu des étendues stériles chante l'histrion, lyrique, enflammé, fou. Il chante seul, prêcheur abandonné de tous, et raconte les villes en ruines, le soleil cuisant, les reflets mouillés sur le sol desséché.
Ça y est, tu le tiens le véritable jazz noir, la soul empoisonnée.



mardi 15 février 2011

De Magia Veterum - The Divine Antithesis


 J'ai lu chez des confrères fort peu recommandables que The Divine Antithesis était un album de black metal insecte. Et je pense qu'ils ont tout à fait raison.







Si par insecte, ils entendent se faire violer les oreilles par des vers de farine de 43cm de long, alors oui, c'est vraiment pertinent, black metal insecte.


lundi 14 février 2011

Earth - Angels of Darkness, Demons of Light 1


 
Si son titre semble marquer le début d'un nouveau cycle et d'une série de concept-album, musicalement Earth continue en 2011 son cheminement tranquille initié par Hex... il y a déjà 6 ans. Ce premier album du Earth nouveau était un manifeste aux Grandes Plaines de l'Ouest américain, la terminologie désertique ayant été usée jusqu'à la corde pour décrire le rock progressif engourdi de Carlson. Plus lumineux, l'album suivant, Bees..., venait couronner de virevoltant la nouvelle identité d'Earth, avec des compositions plus denses et mélodiques, qui peaufinait avec génie cette technique de composition et de variations autour d'un riff roi. Bees était la suite logique de la lente traversée du continent américain, cette fois plus versée sur le côté psychédélique de l'expérience.



Étrangement Angels of Darkness... donne dès les premières écoutes un sentiment de régression. Moins accrocheur et "facile" d'accès que Bees, il est plus sombre (il suffit de lire les titres des chansons) et ne livre à l'auditeur que peu d'aspérités auxquelles se raccrocher. On s'éloigne de cet aspect cinématique grandiose, psyché et tellurique pour quelque chose de plus abstrait, presque atonal (la longue pièce clôturant l'album) assumant pleinement une volonté expérimentale, jusqu'à lors dissimulée derrière un decorum country désertique. Toujours aussi lents, les morceaux poussent dans leurs derniers retranchements le riff roi et les variations sur un thème : Après plusieurs écoutes, je continuais ma quête de sens, à essayer de distinguer quel paysage Carlson et sa clique essayait de peindre devant mes yeux. Sans trop de succès.


 
Angels of Darkness... ne serait qu'un exercice théorique et obscur, une sorte de dépouillement de la musique pour en atteindre le core, le noyau, la version la plus brute et sincère de ce que sculptait Earth depuis 2 albums? Pourtant il se révèle plus riche qu'on ne pourrait le penser, et on y revient, toujours, sans vraiment savoir pourquoi. S'il est plus sombre, Angels... est certainement plus serein, la tension qui semblait, auparavant, pouvoir surgir à n'importe quel moment, n'est ici plus qu'un souvenir. Et c'est là que se trouve la réponse à toutes mes questions, ce dernier album de Earth est cosmique, universel. Loin des menaces terrestres et temporelles, il marque bien le début d'un nouveau cycle pour Carlson, celui d'une élévation, d'une ascension qui devrait pouvoir pleinement s'exprimer dans la suite de cette série de concept albums.


Laissez une chance à cet album, c'est un grower, et il deviendra vite à vos yeux aussi essentiel que les deux précédents.

lundi 7 février 2011

Dernière Volonté - Immortel



La frontière entre génie et bouffonnerie est ténue, tout comme l'est celle séparant la coquetterie de la classe, ou la candeur de la niaiserie. Combien d'entre vous se sont parfois réveillés en pleine écoute d'un album de Vive la Fête en se demandant s'ils ne venaient pas de passer du côté obscur de la pop? Dernière Volonté joue dans la même catégorie que le duo belge, en flirtant constamment avec les sirènes du kitsch, les sonorités les plus cheap, les mélodies tellement pop qu'elles en deviennent évidentes. La démarche est cependant bien différente et c'est là que s'arrêtent la comparaison. Fondamentalement DV s'ancre dans une esthétique intellectuelle et littéraire, romantique même, et le travail sur les textes est incomparable avec les platitudes lascives (et géniales) de Vive la Fête.

Dernière Volonté - Mon Orage by thelightcarrier

Pour vous le (re)situer un peu, Dernière Volonté est un projet de musique néoclassique indus en treillis, et la métamorphose progressive du groupe en une entité pop ne fut pas du goût de tous. Du passé martial, il ne reste ici que de pâles vestiges (encore moins présents que sur Devant le Miroir, 2006) notamment ces roulements de caisse claires et cette rigueur robotique. Aujourd'hui, DV fait de la new-wave froide et poétique, de la synth-pop corsetée dans ses origines eighties, la patte Geoffroy D. en plus, c'est à dire ce chant particulier (inévitable comparaison à Etienne Daho), cette utilisation des roulements de tambour et puis l'orgue, désincarné, très présent sur Immortel. On est loin de la meute actuelle de groupes en cartons grattant les carcasses déjà bien rongées des Cure et de Joy Division, ici l'héritage 80's se jouent dans ce que la décennie avait de plus mécanique et romantique, à la fois austère et enlevée.



Bien que certains tentent encore aujourd'hui, sûrement par nostalgie, de voir en DV un groupe de military-pop, il faut se rendre à l'évidence, la transformation est terminée, et Immortel, bien que combattif n'évoque plus vraiment les champs de bataille. Il subsiste néanmoins une plaisante ambiguïté, entre les textes romantiques et les orchestrations rigoureuses et puissantes.
Pour en revenir à cette frontière entre sensibilité et ridicule, beaucoup d'entre-vous seront rebutés par le chant français, par ce côté dansant malade à fleur de peau, mais je n'aurais alors qu'à citer un des groupes phares des années 80, et je vous dirais que Dernière Volonté est fait pour danser avec des larmes dans les yeux.

vendredi 4 février 2011

Burzum - Fallen



Varg Vikernes est déjà de retour, un an à peine après la sortie de l'excellent Belus, œuvre dépouillée d'un des groupes fondateurs du black metal. Pas de doute possible, c'est bien de Burzum dont il s'agit : simplicité des riffs, répétition, mid-tempo; Vikernes s'en tamponne pas mal d'être original. Renouveler le genre il laisse ça à d'autres, lui le genre, il l'a inventé. Ou presque.

Pourtant Burzum a changé. Prenez ce détail d'une peinture de William Bouguereau, on est loin des portes Noires du Mordor et des paysannes à trompette non? J'ai toujours prêté énormément (trop?) d'importance aux artwork, partie intégrante d'un album, permettant de préciser notre horizon d'attente, de définir un contexte, un état d'esprit, la volonté de l'artiste. Ici, sûrement le signe d'une étrange luminosité. Lentement sortie des bois oppressants de Belus  elle s'offre ici dans toute sa pureté, sans pour autant se départir de sa tristesse. On rôde d'ailleurs souvent aux abords d'un depressive-black metal intime, les paroles (c'est lui qui le dit) étant centrées sur les états d'âmes de Vikernes.

Un album plus personnel donc, plus sensible, et beaucoup plus clair.  La production très propre n'a plus rien à voir avec les grésillements des débuts, Vikernes affirmant avoir produit Fallen comme un album de musique classique, ce qui sert pleinement le potentiel mélodique des guitares et des refrains au chant clair.
J'y trouve personnellement tout ce que j'ai toujours aimé chez Burzum, à savoir ces arpèges saturés ultra-mélodiques répétés ad lib, cette poésie mystique qui sent bon la neige et le viking, cette facilité aussi, je dois le reconnaître, qui tient plus -comme je le disais déjà pour Belus- d'un art primitif que d'un manque de talent.



jeudi 3 février 2011

Mitochondrion - Parasignosis



Mitochondrion. Bouffer de la glaise. S'injecter de la boue charbonneuse par où tu veux. S'agenouiller à poil dans la terre, le nez en sang. Dommage que #sludge soit déjà pris, car Parasignosis est un bassin de merde, de fange, plongé dans l'obscurité la plus épaisse. Ce ne sont pas que des images, je n'essaye pas de te faire comprendre quoi que ce soit. Occulte Mitochondrion. Ils s'appellent MITOCHONDRION. Et tu voudrais que je décrivent leur musique? J'en suis incapable. Ah si, remarque, t'as déjà entendu la fin de tout? La plaie, les furoncles, la peste et tout ce qui suinte. De la musique malade, fondamentalement malsaine, ample et grasseyante. Ils s'appellent MITOCHONDRION bordel, ils osent te sortir du tapping sur-grave désarticulé, noyé dans un cloaque de scabiose. Ils sont venus te prévenir, te dire que la fin du monde c'est un peu plus tôt que prévu. Tu connais peut-être les autres messagers? Les 3 autres Cavaliers de l'Apocalypse, Diocletian, Portal et Weapon? Voilà le dernier.