mercredi 18 mai 2011

Aosoth - III



Gloire au Porteur de Lumière mes amis, il leur a montré le chemin, il a creusé pour eux l'Infâme, il les a traînés vers les profondeurs, et il a vu que c'était extraordinairement bon. Oui mes chers petits, encore du black metal, et encore un groupe français. Oui mes chères boules de vice, c'est d'Aosoth dont je vous parle.

On les connaît déjà, oui, on s'est déjà fait malmener sévèrement par les 2 précédents albums, ces murs de bruit noir ultraviolents. Comme moi, mes ouailles inverties, vous n'avez peut-être pas vraiment accroché, à cause d'un manque d'originalité, d'une brutalité vaine, d'un decorum caricatural? C'est possible, tout cela est possible. Ou plutôt était possible. Il faut dire qu'on avait la tête ailleurs, entre Blut Aus Nord et Deathspell Omega... Aosoth ne m'avait jamais paru digne de venir se tenir dans la cour des grands. Et puis III est arrivé. Comme une vilaine bête galeuse, III mord, et ne relâche jamais son emprise. Rien d'excitant, rien d'entraînant, pas de soupirs, pas de dandinement. III est monotone, lent, asphyxié. L'image de la catabase n'a jamais été aussi juste : on creuse perpétuellement, dans une terre noire avec un certain abandon mais sans jamais trouver de poche d'air, de sursis. On croit être arrivé au bout du voyage, mais on se trompe, rien n'est fait, rien n'est joué et les guitares lacèrent un peu plus ce qu'il te reste d'ouïe.

Oui, Gloire au Porteur de Lumière, il leur a montré le chemin, et Aosoth s'est défait de ses gonds, emmenant dans sa fuite le meilleur de ces illustres confrères.



Krallice - Diotima



Symphonie pour géants ombrageux, chaos inextricable, le nouveau Krallice est un chef d'œuvre. Vous trouverez de nombreuses chroniques fouillées, de Pitchfork à je ne sais quel blog obscur, mais je pense que toute cette mascarade est inutile tant Diotima est une évidence. Tant le black metal des origines est ici réinvesti et porté à un tout autre niveau. Tant cet album est immense, effréné, sibyllin.
Peut-être y reviendrai-je un jour en détail, en attendant il n'y a grand chose d'autre à faire que d'écouter cet album en boucle, en espérant ne jamais s'en lasser.



Peste Noire - Ballade cuntre lo Anemi francor



Pour patienter avant un nouvel album à l'artwork ( http://bit.ly/iE3ZDO ) prometteur, revenons un peu sur le dernier effort en date de Peste Noire (ou Kommando Peste Noire), Ballade cuntre lo Anemi francor, sorti en 2009. Peste Noire est avant tout le projet d'un homme, La sale Famine de Valfunde. Pas mal de noms intéressants sont passés par là comme Neige (Amesoeurs, Alcest) ou Sainte Audrey-Yolande de la Molteverge (Amesoeurs) mais Famine reste seul maître à bord de cette triste galère.

Ballade... est l'album le plus à vif de K.P.N, et le plus riche. Certes La Sanie des siècles - Panégyrique de la dégénérescence, le premier album, était un excellent album de black metal français, mais ici on vient se vautrer dans une toute autre fange. La production s'en ressent d'ailleurs puisqu'on est face à l'album le plus crassouille des trois. Crassouille te dis-je.

AU SUBLIME PAR LE PUTRIDE, AU SPIRITUEL PAR L’IMMONDICE

Telle est la devise du groupe, un horizon d'attente que leur musique comble parfaitement. Amalgamant ce qu'il y a de plus laid et de plus bas chez l'homme, Famine fait émerger une étrange beauté. Pourtant il est puant cet album, à la fois médiéval et urbain, paramilitaire et poétique, avec sa musique brunâtre détournant les chants nationalistes ou royalistes dans une sorte de grande farce masquée de la France d'Oïl. Un black metal rance habité par une folie punk bien sale sous les ongles, mais fier et fort malgré la fièvre. Le malin est ici laissé en arrière-plan, en creux, en cœur, au profit d'un nationalisme oldschool (mais alors vraiment oldschool). Peste Noire n'est pas un groupe NS, loin de là, mais un groupe extrême considérant le retour à la terre, l'intégrisme et les préceptes nationalistes comme continuité logique du black metal français. Ce délire malade s'enroule dans un folk cru et érudit.
Ballade est encore une fois un album très littéraire, reprenant un poème de François Villon ou un texte de Verlaine magistralement mis en musique.

L'identité de Peste Noire n'est plus à trouver, Famine a parfaitement su restituer tous les démons qui l'habitent, toutes ses peurs, ses convictions, sa hargne, en en gardant un peu on l'espère, pour l'album à venir.



jeudi 5 mai 2011

Negură Bunget - Poartã De Dincolo



J'ai pas vraiment l'habitude de chroniquer des EP ici mais ça faisait un bail que je cherchais le bon moment pour vous parler de Negură Bunget.  J'ai bien failli ne jamais le faire puisque que le groupe a splitté il y a peu de temps, mais il semblerait qu'ils soient revenus du Cimetière des Groupes Morts et qu'on s'y fasse un peu chier. Un line-up tout neuf donc, qu'on a pu voir à l’œuvre sur Vîrstele Pămîntului (2010), un bon album de black metal de roumain (et ce n'est pas péjoratif) tout païen, tout propre, pas aussi saisissant que le chef d'oeuvre OM mais franchement plaisant. L'EP, bien que proche du dernier album en date, intensifie un peu le propos (sûrement est-ce dû au format court) et on se croirait presque parfois revenu à l'époque bénie du line-up premier. Moi le pagan black, ou le folk metal, je vous l'ai sûrement déjà dit mais c'est pas trop mon truc, je suis pas très flûte et tambourin. Mais chez NB, on touche à quelque chose d'autre, à une Transylvanie nouvelle, loin des clichés du genre, une Roumanie astrale (ouais, Roumanie astrale mec), sublimée. Cet EP ne change rien, il confirme. Il confirme que l'époque de OM est désormais finie, mais que le groupe n'a pas dit son dernier mot.


Deafheaven - Roads to Judah



Après leur très remarquée et commentée première démo, les San Franciscains de Deafheaven nous livrent leur premier véritable album, Roads to Judah. Ces jeunes gens forts bien habillés sont là pour convaincre votre famille que le black metal n'est pas uniquement l'affaire de norvégiens déguisés en sorcières. Enfin, black metal. Je me gausse. C'est vrai qu'il y a ce petit chant de corbeau (tmts), ces riffs polaires et ces blast chéris (un jour je réaliserai un porno uniquement à base de blast <3 ). Mais quand le chanteur, échappé d'un élevage de hipsters du Lower East Side, se met à hurler sur des arpèges volés à Envy, noyés dans des effets à vous en faire regarder vos chaussures, on se rend compte que DFHVN tient plus de l'aurore boréale que de la forêt de conifères. (c'est la plus belle image de la chronique, et je la trouve vraiment juste, d'ailleurs je vais la mettre en gras.)

Ne vous méprenez pas, les broderies emo/screamo sont parfaitement adaptées à la densité de la musique du groupe, on serre le poing et les dents, on mort sa ceinture, on désosse des ours, mais toujours avec grâce et finesse, ce qui est plus qu'appréciable dans ce milieu de gros cons trépanés qu'est le metal. (Je plaisante, je vous aime tous, moi aussi j'ai eu des spike en pâte FIMO sur les bretelles de mon eastpack).

Concrètement, cet album est excellent, vous devez l'écouter.