vendredi 9 décembre 2011

Blut Aus Nord - 777 / The Desanctification



On avait découvert le nouveau visage de Blut Aud Nord en avril dernier, avec l'entame d'une nouvelle trilogie ambitieuse qui pousserait plus loin encore le travail de décortication du black metal initié par Vindsval depuis plus de 15 ans. Le premier opus, 777 Sect(s), était celui de l'exploration franche et violente, de la synthèse rêche des multiples formes qu'avait pu prendre l'entité BAN depuis 1995, déclamée sous la forme d'un black metal industriel implacable qui laissait apercevoir cependant la possibilité d'une autre approche, plus atmosphérique et électronique. 

The Desanctification s'inscrit en effet dans un tout autre registre. Les fulgurances belliqueuses laissent placent à des pistes plus courtes d'où disparaissent les attaques frontales du prédécesseur. Les guitares, socle imposant de Sect(s), sont encore une fois magistrales, d'autant qu'elles peuvent ici s'exprimer au premier plan, surnageant dans un engourdissement indus paradoxalement dansant. La faute sûrement à cette batterie de chirurgien fou, derniers restes d'un passé black metal. Moins violent cet opus central, mais loin d'être plus apaisé. La nausée se transmet ici comme une pâte acide refluant doucement des entrailles d'un monde rocailleux, strate après strate, jusqu'à se vautrer au ralenti dans un trip-hop réanimé d'entre les morts, dont les tentatives mélodiques et aériennes ne sont que passagères, ou trop lancinantes pour être honnêtes. On aperçoit au loin les spectres évanescents de Deathspell Omega et Virus mais lentement, très lentement remaniés dans un doom dissonant au decorum mystique para-religieux. La conclusion de cette sordide histoire arrive en mars 2012 mais ce serait un tort de rater les deux premiers chapitres.



mercredi 7 décembre 2011

Serpent Venom - Carnal Altar



Le disque type qui me donne envie de vous prendre tous un par un et de vous le mettre dans la tête à coup de burin. De vous regarder, mes yeux injectés de sang dans vos yeux injectés de sang et de vous baver à la tête "TU ENTENDS TU ENTENDS" puis de partir en bondissant, uniquement vêtu de ma longue barbe et de ma dague, pour sacrifier une jeune vierge blonde et anesthésiée à l'encens au bois de vétiver et aux bougies de cire noires. Plus occulte que le financement de la campagne de Balladur, Carnal Altar est un manifeste de doom psychédélique et un des albums les plus massifs et les plus bandants de l'année. 


Ulcerate - The Destroyer of All



On avait commencé l'année avec un virus, le death metal parasité de Mitochondrion. C'était il y a presque un an et je commençais à comprendre vraiment ce que pouvait véhiculer le death. Je commençais à voir le potentiel d'évocation et de puissance qui pouvait émaner de cette musique, jusqu'à lors trop souvent dissimulée à mes yeux par la technicité exacerbée et clinique, trop anguleuse. Le manque de carne, de masse, c'est justement ce qu'annihilent Mitochodrion, Diocletian, Impetuous Ritual, Portal, et donc Ulcerate. Tous ces groupes ont su trouver leur propre voie, pour porter le death dans des zones interlopes et inquiétantes en parvenant à allier technique et atmosphère sans qu'aucune des deux n'en pâtisse. 

The Destroyer of All, en bonne place sur l'autel du Grand Bilan 2011, n'est que la confirmation du précédent opus des Néo-Zélandais. Derrière la tourbe sonore, on retrouve toute la richesse qui faisait de Everything is Fire un bon album, avec cette fois encore la volonté d'utiliser la violence et la dextérité des musiciens comme un but et non comme une fin. On ne remarque plus les structures complexes, les dissonances, les syncopes, tout s'efface derrière des strates de sons et de formes. L'agression n'est donc pas mécanique mais réfléchie, et Ulcerate dévoile une palette encore plus étendue qu'il y a 3 ans. Les évocations un peu clichées de paysages dévastés et de scènes apocalyptiques prennent tout leur sens, comme une visite guidée dans le cimetière des éléphants cosmiques, avec le sentiment flou d'assister à la fin de quelque chose d'immense, à la lutte à mort de géants nébuleux sur une planète de cendre. À la fois brutal, par la force des choses, mais étonnamment serein et beau.