vendredi 28 septembre 2012

Nachtmystium - Silencing Machine





La voilà la petite surprise nasillarde qui fleure bon le coup de chance, l'inspiration soudaine, au bon moment au bon endroit. Comme si d'une caisse de jaja bouchonné sortait à l'improviste un Château d'Yquem plus vieux que ta grand-mère. Comme si leur black metal cendreux et attendu, bon mais pas affolant, trop appliqué pour dépasser les 2 écoutes, comme si ce black metal auquel nous avaient habitués les Américains s'était soudain retrouvé dans un petit jeu d'inspiration, une faille suffisante pour qu'ils s'y glissent sans se trahir, et qu'ils se révèlent enfin comme dignes d'un intérêt total, et notre écoute attentive et presque tendre. (Encore que, leur 3ème album Instinct: Decay avait su s'exprimer d'assez belle manière il y a jadis, en 2006, mais en demeurant loin de la réussite de l'album nous préoccupant aujourd'hui.)

Silencing Machine est un vieux roller-coaster bien rôdé qui grince entre les abysses de noirceur et d'oppression puis s'élance vers des grâces nébuleuses. C'est une machine ancienne qui semble (re)trouver une fraîcheur magique, laissant jaillir le rock et la new-wave fantomatique du black metal des origines, tout ça fourmillant de références et de poncifs rénovés.

Tendez un peu l'oreille sur le drôle d'amas qu'est Borrowed Hopes and Broken Dreams ou sur Silencing Machine et vous comprendrez. Vous comprendrez qu'ils ont enfin su capter l'essence de ce que doit être une bonne chanson, dans ses structures, ses rafles, ses embonpoints et ses recoins.

La conclusion, la voilà : Nachtmystium vient de sortir son meilleur album.

En écoute ici et dispo chez Century Media records.

jeudi 13 septembre 2012

Vilipend - Inamorata




Sans doute les plus taquins d'entre-vous y verront une énième tentative de promotion d'un label qui semble recouvrir ces pages un peu plus chaque mois mais je peux vous assurer que je n'ai pas de billes dans A389 Recordings et que la tendance outrageante qu'a ce label à ne sortir que des bonnes choses m'insupporte moi aussi puisqu'il m'empêche de vous faire part des sorties d'autres labels presque aussi constants. Il aurait fallu pour ça que j'embauchasse un stagiaire à la rentrée, ce que je n'ai pas fait, trop occupé que j'étais à écouter les nouveaux King Dude et Cult of Youth, qui devraient être chroniqués ici relativement assez vite.

À part ça, les Vilipend viennent de Toronto et font du hardcore dissonant et metallique avec la hargne idoine, nous permettant de marmonner en baissant un peu les yeux qu'il s'agit bien ici de metalcore. Mais pas du metalcore à paillettes que tu as écouté comme tout le monde avant de te réveiller un jour hébété face à tant d'immondice musicale. Non. Là on parle du metalcore de grand frère des années 90, droit comme Turmoil, fier comme Disembodied. Le noeud de l'affaire se joue dans l'épaisse couche de sludge qui recouvre Inamorata, ainsi que dans l'influence très claire des premiers Dillinger Espace Plan. La comparaison avec Converge est aussi pertinente mais il faut alors admettre qu'elle l'est pour tous les groupes de hardcore fondés après 2002, et donc peu utile.

Premier album ambitieux qui ravira les petits comme les grands, Inamorata s'écoute en intégralité ici.




lundi 10 septembre 2012

Hexvessel - No Holier Temple






J'aurais pu l'année dernière chroniquer le premier album de Hexvessel, Dawnbearer. Aveuglé par le Malin, j'avais préféré garder pour moi cet album qui était malheureusement passé à la trappe. Un tort que je vais tenter de rattraper ici avec No Holier Temple, nouvel album du groupe finlandais tout aussi réussi que son prédécesseur. 

Hexvessel est un projet de neofolk psychédélique mené par le plus finlandais des britons, Mathew "Kvohst" McNerney, qu'on connait mieux pour le poste de chanteur qu'il occupe au sein du groupe de black metal avant-gardiste Dødheimsgard. La musique de son nouveau projet est à l'image de son line-up fourni (ils sont 8) et il est bien délicat de dessiner les contours d'Hexvessel d'une ligne claire. 

Le socle premier du groupe est taillé dans un folk primitif et ésotérique duquel poussent de longues excroissances psyche. Première constatation, ces excroissances ont bien poussées et l'orgue se joint aux guitares pour consolider la facette rock du groupe. D'ici, No Holier Temple erre vers le doom, la country, le blues, sans jamais se départir de sa grâce et de son homogénéité. 

La richesse et le foisonnement de l'album ne gâtent en rien sa subtilité. Une belle réussite tant les détails foisonnent, et tant cet album aurait pu s'apparenter à un amas étouffant et bordélique. À la manière de Matt Elliott, Hexvessel parvient à fondre dans sa cérémonie animiste les mélancolies slaves, italiennes et américaines, toutes tendant vers le folk électrifié des Finlandais. 

Les arrangements et les chœurs, extrêmement travaillés, restent naturels et évidents. On ne sort jamais de cette beauté de brindilles et de mousses, où la perfection et la maîtrise semblent bricolés. Un sentiment qui tient sûrement au fait que la prod organique fait écho aux prod rock 70's.

Autre point fort pour Hexvessel, la voix de Mc Nerney. C'est le dénominateur commun qui balise le sentier (un peu surprenant parfois) qu'est No Holier Temple et une belle démonstration du talent protéiforme de Kvohst.

Ce second album est une église à ciel ouvert, un temple vert dressé au cœur de la forêt, qui méritera sûrement plus qu'une écoute distraite pour livrer tous ses secrets.

Sortie prévue chez Svart Records le 14 septembre. En attendant, l'album s'écoute ici.


mercredi 5 septembre 2012

Like Rats - Like Rats






Darkthrone et Entombed sont sur un bateau. Et ils font du hardcore. Sur le bateau. La mer est d'huile et le son aussi : gras et limpide. Je vais encore filer un peu la métaphore de la navigation parce que j'aimerais caser "moussaillon" et "pirate".

Like Rats est avant tout un groupe à guitare. Les affreux moussaillons nous ont tricoté de bien jolis riff et l'algue poisseuse des guitares s'étale sur tout l'album, de telle sorte que nous, petits anchois tremblotants, tombons bien vite dans leurs filets. (Ça ne veut rien dire.)

Jamais hardcore métallique n'aura sonné autant comme du bon vieux death suédois roublard. Jamais hardcore métallique n'aura sonné autant comme du bon vieux death suédois roublard. (Je l'ai dit 2 fois.) Le chant quant à lui hisse haut le pavillon du metal noir des origines, vicieux et rêche comme une gorgée d'eau de mer.

La petite demie-heure file en quelques secondes ce qui vous permettra d'écouter plusieurs fois l'album d'affilé sans vous ennuyer un instant. Pratique.

Ça se trouve chez les filous d'A389 Recordings et ça s'écoute en entier sur Deezer.


mardi 4 septembre 2012

Gaza - No Absolutes In Human Suffering





Gaza fait partie de ces groupes que j'ai eu la chance de découvrir en concert. Les américains ouvraient au Glaz'art pour une soirée de douceur en compagnie de Trap Them et Rotten Sound. Un vrai plaisir. Après un set très prometteur j'étais un peu resté sur ma faim en découvrant le versant studio du groupe. Difficile d'y retrouver la hargne du live, d'autant que la seule force brute de leur musique ne dissimulait que très mal le manque d'inspiration et le bourinage facile.

No Absolutes In Human Suffering marque très clairement un cap à ce niveau là. Beaucoup plus accrocheur, le bruit généré par le quatuor émerge du bordel bête des premiers efforts et tend vers un chaos dompté, marqué par une personnalité du groupe mieux définie et plus clairement affirmée.

Plus dense, plus sombre, Gaza balance au passage deux ou trois morceaux de bravoure comme This We Celebrate ou Not With All The Hope In The World (qui dépasse les 6 minutes), prouvant au passage qu'ils se démerdent plutôt bien dans un registre beaucoup plus lent (registre qu'ils exploraient plus auparavant, mais avec moins de bonheur qu'ici.)



C'est précis, ça cogne sec, et c'est sorti fin juillet chez Blackmarket Activities.