mercredi 7 novembre 2012

Glaciation - 1994





On s’est bien marré ces dernières années à se toucher la teub tranquillou entre d4rkos sur ce qu’était le black, trve du kvlt insaisissable, pendant que les t-shirts Burzum se baladaient au milieu des chattes sur Instagram et que Pitchfork empilait les chroniques de shoeblack et de blackgaze noyé dans les samples de corbeau made in Bontempi. On faisait des phrases longues à la con sur des blogs semi-obscurs pour faire semblant d’avoir un avis, à la fin on confondait Enslaved, Deafheaven et Bathory quand on était morts saouls, et on se foutait de la gueule de ceux qui se donnaient moins la peine que nous de croire que les discussions sur le sujet avaient un sens.

Ça a fini par en énerver quelques-uns.

Une poignée de mélomanes anonymes ("no contact, no flyer, no address no answer"), quoique rapidement et partiellement démasqués par les fins limiers du netos participatif (heureusement noyés dans les témoignages du type « ouais je les ai vus répéter à la MJC de Garges-lès-Gonesse, y’a un mec d’Enhancer je crois »), s’est donc lancée dans un petit trip campagne pour enregistrer un disque 100% OTANTIK sentant bon son métal noir des familles, histoire de lâcher quelques pied-bouche pour la route. On s’est quand même fait plaisir chez Glaciation, entre le trailer (!) énigmatique et l’artwork ambiance boucherie de Metastazis. Anonyme, ouais, amateur, non, on n’est pas chez Vargy et MicHell.

Autant dire que le retour aux racines prôné dès le titre de l’album ne se retrouve pas dans la production. Quitte à frapper fort, autant le faire sans se la jouer « too kvlt for school », même si le son de cet EP (long de 35 minutes pour 3 morceaux, tout de même) est parfaitement dosé avec les voix bien raw posées sur des riffs crades mais bien audibles. Et cette batterie, putain ! Le fils du forgeron s’est acheté du corpse paint pour Halloween, faut croire.

Après, on va pas se mentir : la putain de claque, c’est 1994, le morceau titre. Ça blast, ça change de rythme, ça te plonge la gueule dans l’étang qui vient de dégeler avant de latter tes côtes de connard rachitique à cheveux longs à grands coups de rangers coquées. Ça hurle comme à l’asile, EN FRANÇAIS, c’est Artaud qui a passé le week-end chez Fenriz avant de laisser la parole à Céline, qui débarque l’air de rien au début du 2ème morceau, Glaciation. D’ailleurs il claque bien ce nom, c’est ce qu’il fallait, c’est ce que ça sent, ce que ça sonne, ce que ça provoque. Crois-moi bébé, je bande, c’est juste qu’elle est froide.

On parlera pas du 3ème morceau, qui malgré son petit côté salutaire « t’es en sueur, va te coucher ducon » n’a pas grand intérêt et rappelle un peu les tracks inutiles du dernier Wolves In The Throne Room. C’est un peu la mode, l’ambient, alors on va leur passer, mais du coup ça fait un peu tâche. En fait on en voudrait 20 des morceaux comme les deux premiers, parce que ça coûte moins cher qu’un Picon-Flashball et ça donne envie de se tirer dans les couilles pareil. C’est pas complètement trve, mais on s’en fout, parce que ça renifle l’amour du métal noir comme certains aiment le bouquet de la merde, et qu’il y a des jours où on ne peut écouter que ça. Honnêtement, ce disque me file des crises de tachycardie autant qu’il me fait oublier que j’ai pas de carte Vitale, et ça ne m’était pas arrivé depuis la Compil’ Pog de mes 7 ans. Chopez-moi ça tout de suite, déconnez pas.

Dispo chez Season of Mist


vendredi 2 novembre 2012

Title Fight - Floral Green




Bonne nouvelle emo-punk de l'année, le Floral Green de Title Fight n'est cependant pas totalement une surprise, Shed nous ayant bien prévenu l'année dernière qu'il y avait plus chez les Américains qu'un simple bouillon de hardcore mélodique.

Plus riche et patient que son prédécesseur, Floral Green se disperse aussi un peu plus, ce qui, à l'échelle de l'album relativement court (32 mn) ne pose pas trop de problèmes mais qui pourrait décourager les plus sueurs et belliqueux d'entre vous.

D'emo-punk il est toujours question ici, celui doux et nostalgique des années 90, franc comme il ne le sera plus jamais, auquel Title Fight injecte un shoegaze et une pop solaire qui rappellent parfois l'héliotropisme sautillant de Torche ou des derniers Baroness. (En mieux.)

Le premier quart d'heure est le plus réussi et justifie à lui seul l'écoute de l'album, tandis que la seconde moitié de Floral Green s'appesantit dans des mid-tempo et des ballades réussies certes mais bien moins indispensables.

Résultat, un album sur lequel on revient très souvent mais qu'on termine rarement. Rendez-vous service et écoutez Floral Green sur le bandcamp des jeunots.