lundi 28 décembre 2009

TOP TEN ALBUMS 2K9 (+2)




Der Blutharsch - Flying High
Om - God is Good
Fuck Buttons - Tarot Sport
Burnt by the Sun - Heart of Darkness
Kylesa - Static Tensions
Funeral Mist - Maranatha
Etienne Jaumet - Night Music
Antigua y Barbuda - Try Future
-16-  - Bridges to Burn
Eagle Twin - The Unkindness of Crows
Current 93 - Aleph at Hallucinatory Moutain
Fever Ray - Fever Ray

No specific order.
Mes plus plates excuses à Sonic Youth, NONSTOP, Beth Ditto et KKK. Maybe next time.


Eh merde, en hors catégorie trônent les Dimanches à l'Elysée de sieur Alain. Loin loin loin au dessus.

vendredi 18 décembre 2009

Memories of Murder - Joon-ho Bong




A défaut de m'attarder sur la dernière livraison de Park Chan-Wook, intéressante mais quelque peu convenue et décevante, (Thirst, 2009), et à l'occasion de la sortie imminente de Mother (janvier 2010), j'ai ressorti de mon carton "Ciné sud-coréen" le second film de Joon-ho Bong, Memories of Murder (2003). Déjà bien connu après ce thriller rural, il avait franchi un cap (de popularité tout du moins) avec le génial The Host sur lequel je reviendrai peut-être. Il va falloir s'y habituer, je crois que je manie mieux l'art de la dithyrambe que du démontage en règle, excusez donc par avance les emportements dont votre serviteur risque d'être le sujet.

Thriller avant tout, MoM revient sur des évènements réels, à savoir les meurtres du premier tueur en série à avoir sévi en Corée du sud. Plongés dans la vie d'un petit commissariat de campagne à la fin des années 80, nous suivons pas à pas la pénible enquête d'un "duo" hétérogène. D'un côté deux flics véreux, de l'autre un jeune loup citadin parachuté pour les besoins de l'enquête dans ce trou perdu. Un tueur en série, un duo de flics que tout oppose, une enquête. Difficile aujourd'hui d'être surpris par un scénario aussi classique. Et pourtant MoM marque par sa faculté à éviter le cliché et les écueils du genre tout en en respectant les codes. Tout en subtilité, Joon-ho Bong mène de bout en bout un thriller sombre et prenant, drôle sans être lourd, violent sans être gratuit (peut être le défaut principal de son collègue sus-nommé?) et, c'est là son atout majeur, extraordinairement beau. Des champs de blé ensoleillés ouvrant et clôturant le film à l'irréelle féérie nocturne de la carrière, on se prend à contempler les paysages comme s'il s'agissait de peintures, belles et inquiétantes. L'esthétisme discret de certaines scènes se marie à l'intensité et à la fluidité de la réalisation, nous offrant parfois de véritables moments de grâce. (Paroxysme atteint selon moi lors d'une scène de traque au milieu de marais, lorsque la jeune proie est lentement encerclée par un chasseur invisible, apparaissant furtivement en arrière-plan, sous une pluie diluvienne).

Sans jamais se départir d'un certain classicisme dans la mise en scène (le film se déroule avec une fluidité et une simplicité déconcertante), Joon-ho Bong parvient à maintenir l'attention du spectateur en éveil par de brusques percées frôlant le burlesque et la comédie potache (le coup de pied aérien d'un des flics est tout bonnement le gimmick ultime) . On est loin de Rush Hour, mais cette dose d'humour rafraîchissante met d'autant plus en relief le tragique de l'ensemble.
Tout s'apprécie dans MoM. Tout s'apprécie car Joon-ho Bong prend son temps. Je vois déjà dans vos yeux une peur soudaine et la sueur perlant sur votre front : "Oh mon Dieu, un film asiatique contemplatif, fuyons!" Soyez rassurés, s'il sait distiller l'action sur plus de deux heures, le réalisateur s'impose aussi comme un maître du suspens et de la tension sous-jacente.
Subtile aussi (même si elle aurait gagné à l'être un peu plus), l'évolution des personnages, qui au fil des échecs et des désillusions se perdent dans leurs principes, doutent et murissent. On s'attache réellement à ses protagonistes qui se construisent petit à petit devant nos yeux, portés par une interprétation juste et souvent touchante. (le premier suspect un peu simplet notamment). Autour de nos trois flics gravitent d'ailleurs toute une myriade d'hommes et de femmes qui présentent une peinture par le détail de la société coréenne toute entière.
Au risque de rompre la fluidité de sa narration, Bong parsème son film de "clins d'oeil" très bref (couvre-feu, manifestations en arrière-plan etc.) rappelant ainsi le contexte politique de la Corée. Je laisse à d'autres le soin d'y voir une critique du régime en place et m'en tiens à la beauté sauvage d'un polar lugubre, dont le réalisateur est souvent comparé à un Fincher, la sensibilité asiatique en sus.

jeudi 17 décembre 2009

Nick Oliveri - Death Acoustic




Nick il est tout seul. Il est assis par terre, au milieu de son salon cradingue. Il est en slibard depuis 4 jours, il écrase ses mégots sur un tapis miteux, renverse sur son bouc de rouquin le fond de son Jim Beam Black, 8 ans d'âge. Nick c'est un putain d'apache avec une gueule d'ange qui trouvait que les Queens of the Stone Age sentaient trop le petit marseillais. Maintenant il est tout seul avec sa guitare et il tape un petit buff avant d'aller s'évanouir sur le canapé défoncé. Il reprend du Raw Power, matraque un Misfits, encrasse un peu du QotSA et se fini sur un GG Allin moisi. Nick il t'emmerde, il bave sur son micro, retourne la cassette, rallume un cul de joint et se casse.

Nick il vient de t'envoyer un Scud acoustique.

mercredi 16 décembre 2009

Piano Magic - Ovations




Cold Wave rétro : Check
Post-Punk énervé : Check
Electro synthillante : Check
Pop invertébrée : Check
Orientalisme épais : Check

Pourquoi ça ne marche pas? Pourquoi revient-on toujours vers Ovations, irrésistiblement attiré, pour à chaque fois en sortir frustré, déçu? Parfois il faut se rendre à l'évidence, les patchwork, c'est moche. Là où Siouxsie parvient à assurer une cohérence en douceur et subtilité, l'effort des Piano Magic à multiplier les influences tout en uniformisant le tout tombe à plat. Par le biais d'arrangements souvent simplistes (des lignes de synthétiseur frustes et faiblardes), les Londoniens tendent à écrêter le peu d'aspérités hérissant leurs compositions déjà originairement fluides et éthérées. Une triste manie puisqu' Ovations recèle de petites perles aux mélodies résolument sombres et mélancoliques. L'influence de Brendan Perry et Peter Ullrich de Dead Can Dance -participant tous deux à l'album- est flagrante, tout comme l'est celle qu'à pu avoir Joy Division sur le groupe (The Faint Horizon comme hommage à peine dissimulé?). Il n'y a pas de doute, le propos est maîtrisé, le talent indéniable, mais certaines fautes de goût et une tendance à la facilité kitsch des arrangements viennent entacher un album qui aurait pu se révéler être un véritable chef d'œuvre.

Ah puis tiens, je lui met une note à celui là : 6/10, et je suis sévère.

lundi 14 décembre 2009

Siouxsie - Mantaray




Siouxsie Sioux revient seule. Fini les Creatures, la diva post-punk aux grands yeux auréolés de noir nous livre (enfin) après plus de 30 ans de carrière, son premier album solo. Un premier album sous forme de somme hybride, à la fois nostalgique, assumant les racines gothiques punk des Banshees, mais aussi et surtout tourné fièrement vers l'avenir. Foncièrement rock, avec un retour aux guitares comme on ne les entendait plus, Mantaray nous happe grâce aux multiples influences qui le colorent. Tout comme sa voix aux milles nuances, l'intime Siouxsie se livre plus protéiforme que jamais. On passe sans transition d'un glam clinquant et peinturluré à une bossa électrique, d'une folk électro à un cabaret brassy envoutant. Elle sait se faire douce et provocatrice, puissante aussi, comme au bon vieux temps. Plus pop que jamais, elle ne se départit pas d'une aura soul poignante, rauque et mélancolique, même dans les morceaux les plus enjoués. Jamais scolaire ni prévisible, et pourtant tubesque même dans les morceaux les plus expérimentaux, Siouxsie Sioux nous donne une belle leçon de pop music.

samedi 12 décembre 2009

Shining - V - Halmstad / VI - Klagopsalmer






















J'évoquais il y a peu mes difficultés à assimiler le dernier album en date des suédois de Shining. Trop de branlouille de manche heavy trilililili pour être honnêtement noir. J'avais ressorti son prédécesseur, Halmstad, pour me rendre compte que la formule n'avait en fait pas évoluée tant que ça. Un black metal franchement porté sur les guitares, inventif, mutant, heavy bien sûr mais toujours frappé du sceau de la noirceur et de la mélancolie qu'on lui connaissait depuis ses débuts.. Alors quoi? Les mêmes ingrédients, le même résultat non? Que nenni. Là où Halmstad s'imposait de par sa polymorphie et sa faculté à superposer (et non alterner) deux facettes à priori antagonistes (noirceur/ groove heavy), Klagopsalmer perd en subtilité, rompant par des soli tonitruants toutes les ambiances construites avec brio dans les morceaux. L'affaire était entendue mes braves, mais c'était sans compter un passage au Trabendo et l'immense bonté de mon patron.
Un passage au Trabendo, parce que voir la bande de Suédois m'a, comme souvent après un concert, permis de percevoir et d'appréhender leur son d'une manière différente.
La bonté de mon patron, qui tolère Klagopsalmer en boucle au bureau. Ce qui n'est pas donné à tout le monde.
Et de me dire qu'il serait dommage de passer à côté d'un tel chef d'œuvre pour quelques trifouillages de manche de mauvais goût. Car l'album en lui-même, même s'il reprend exactement les composantes de son prédécesseur, n'en reste pas moins une putain de compil' de glaviots hargneux, auréolés d'une luminosité acoustique et d'un chant clair pétrifiant, un chant puissant, ample, rappelant parfois les divagations d'un Kvohst. Un cran en dessous de son prédécesseur, Klagopsalmer semble confirmer définitivement la voie préssentie sur The Eerie Cold, et clairement empruntée sur Halmstad : celle d'une musique hybride sans aucune censure, flirtant avec une folk décharnée, un jazz malingre et froid des origines, un heavy infusé de blues mélancolique.

dimanche 6 décembre 2009

Satyricon & Shining @ le Trabendo, 4/12/09



Vendredi soir, 18h au Trabendo. Les conditions météorologiques sont propices à un concert de norvégiens. Les premiers grognements de gargouilles déjà bien imbibées au malt et au houblon se font entendre. Un ours barbu peu rassurant se voit transformer en agneau aux yeux pétillants lorsque passe devant lui un Frost petit mais costaud, crinière au vent. Ce soir 4 groupes sont à l'honneur : Posthum, Dark Fortress, Shining et Satyricon.

Posthum : Les norvégiens commencent leur set devant un public clairsemé (certains chevelus travaillant assez tard, le trajet la Défense/Porte de Pantin n'étant pas des plus simples, le Trabendo ne se bonde que vers 20h). Point de grimages ni de clous pour ces adeptes d'un black metal du grand nord tout ce qu'il y a de plus conventionnel, perdu dans les vastes forêts glacées de leur contrée natale. Leur set, plutôt mal engagé par un premier tour de chauffe lancinant mais peu inspiré, se révèle d'assez bonne facture : les mecs ont clairement le sens du riff qui fait mouche. Variations on a theme, ou comment décliner Transilvanian Hunger sur différents tempos. Des relents de depressive b-m à la Abyssic Hate viennent enrichir leurs compositions sombres et primitives. Un set trop court et quelques faiblesses d'amplification vocale nous laisse un peu dans l'expectative. (Je me sens obligé de préciser que certain(e)s sentent chez Posthum de forts remugles Hate Forestien. Rappelons que ces mêmes personnes adulent Mlle Spears.)

Dark Fortress : Une pause-clope sur les terrasses extérieures du Trabendo et un re-fill plus tard, les allemands de Dark Fortress débarquent.  N'ayant pas écouté leur dernier méfait (Eidolon, 2008), c'est sur scène que je découvre le nouveau chanteur du groupe de black metal symphonique qui, s'ils trimballent leurs synthé depuis 1994, ne s'étaient apparemment jamais produits en France. Cette fois on a droit au corpsepaint et tout le toutim. Bon, moi le black sympho, à part Emperor et Obtained Enslavement, ça me parle pas des masses. Hormis quelques écoutes de leur Stab Wounds (2004) au lycée, les mecs me sont inconnus. Je suis donc agréablement surpris par la puissance et la brutalité des premiers titres, ainsi que par le charisme de Morean, le nouveau hurleur (qui, soit dit en passant, ne se démarque pas que dans le metal extrême.). Les teutons en profitent pour jouer un extrait de leur album à venir (Ylem) et là, ô joie, le rythme ralenti, un guitariste entame des incantations, les yeux révulsés, les larsens emplissent la  salle, et l'on se plonge dans 10 minutes d'un blackened doom glaçant parcouru de frissons d'arpèges clairs, rappelant dans une moindre mesure les dernières salves de Celtic Frost. Un morceau à peine entaché par un solo heavy qui fait mal aux oreilles. (Oui, les soli heavy j'aime bien, mais pas partout).

Shining : Une pause-clope sur les terrasses extérieures du Trabendo, un débat Klezmer et un re-fill plus tard et nous voilà prêts à accueillir la Bête. Je me demande si on aura droit à une mascarade spéciale de la part de Kvarforth ce soir mais il reste, dans l'ensemble, plutôt sage. Pas de lames de rasoirs, pas de mutilations sévères (quelques mégots écrasés sur le torse de temps à autres, rien de bien fou). Soyons honnêtes, contrairement à la groupie totale m'accompagnant ce soir, je n'ai pas aimé le dernier album de Shining. (VI-Klagopsalmer, 2009) Je ne l'ai écouté que deux fois en fait. Pourtant je n'ai rien contre les transgressions, contre l'évolution, la recherche, la prise de risque, mais il me faudra du temps pour assimiler que ce chant clair et ce feeling hard-rock sur-solloté proviennent des mecs qui ont pondu Angst. La désagréable sensation que Jeff Hanneman vient se toucher la nouille comme un cheveux (long) sur la soupe a du mal à passer. Cette petite parenthèse refermée, il faut avouer que les morceaux POWER du dernier album se retrouvent décuplés en puissance sur scène. On sent les mecs bien rodés, parfois un poil (long) blasés, mais qui livrent un véritable show, boursouflé de vice, de roulages de pelles inter-barbus, de crachats de JD. Est-ce utile de préciser que Shining sur scène sans Kvarforth aurait l'aura d'un pigeon (mort) et que ce mec tient tout un set sur ses épaules?


Satyricon : Une pause-clope sur les terrasses extérieures du Trabendo, un cours de two-step et un re-fill plus tard et nous voilà prêts pour la Grand Messe. La salle est bondée, on entend déjà quelques brutes dégénérées réclamer Mother North comme si leur vie en dépendait (tu le sais pas encore qu'ils la jouent en fin de set, radasse?). Le drum-set diabolique de Frost est en place, le pied de micro très vilain de Satyr aussi. Que dire sinon que Satyr est beau gosse dans son petit gilet sans manche, que le son est énorme, ample et aiguisé comme sur les derniers albums des norvégiens, que la set-list, axée principalement sur les trois dernières sorties, enchaîne tube sur tube?
Repined Bastard Nation, The Wolfpack, Now Diabolical, Forhekset (!!!), Black Crow on a Tombstone , Commando, Die By My Hand, The Pentagram Burns, K.I.N.G ... Les amateurs de Frost dans les champs de coquelicots apprécieront la présence de Havoc Vultures (pour fêter, selon Satyr, les 10 ans de la tournée Rebel Extravaganza). J'attendais Black Lava, j'attendais To the Mountains, j'attendais en fait un long morceau à trompette clôturant les albums depuis Volcano. C'est en fait un Den Siste lancinant, dévastateur de cervicales que Satyr introduit en expliquant qu'ils n'avaient pas osé le jouer lors de leur dernière tournée, de peur que nous, petits français, nous ne l'ayons pas bien compris. Mais aujourd'hui nous somme prêts, et ça fait très mal.
Satyr, en véritable showman, harangue la foule, fait chanter le chevelu, sillonne la scène, son pied de micro cornu brandi tel un sceptre. Le rappel furieux voit se déchainer la fosse en un mosh-pit possédé (Satyr fait même un appel discret  au circle pit, sans grand effet). Il faut dire que le très punk Fuel for Hatred est propice au défoulement. La foule entame alors les premières notes de Mother North. Ne pouvant plus y couper, les mecs s'exécutent en un final jouissif et transpirant.

Les norvégiens s'apprêteraient selon Satyr, à prendre de longues vacances, et que si nous ne risquons pas de les revoir de si tôt, ils reviendront "louder and heavier than ever." Ok, on attendra.






Sometimes in the dead of night I mesmerize my soul, sights and visions, prophecies and horrors, they all come in one.

mercredi 2 décembre 2009

Groundhogs - Thank Christ for the Bomb




Eh toi, ouais toi, la relève (in)rock 2010, le buzz (paf) à venir... Tu veux savoir ce que c'est que faire du rock? Attention mon loulou, il suffit pas d'avoir les cheveux frisés, un perfecto et une gueule d'ange, non non, moi je te parle des racines, des mecs venus du blues, des monstres chevelus au plectre aiguisé, de Ten Years After, de Fleetwood Mac, de Canned Heat. Des mecs sans qui les Black Keys ou les frangins/amants White n'existeraient pas. Les Groundhogs comme beaucoup de leurs confrères d'outre-manche/atlantique, s'ancrent dans cette tradition blues sèche et revêche auquel s'ajouteront progressivement une violence et une noirceur rock.Thank Christ for the Bomb, malgré ses parures hippies et son déni des ténèbres (Darkness is no friend) nous balance d'entrée un Strange Town à la guitare cinglante. Hop stop stop stop. Guitare. Oui parce qu'en fait, Thank Christ for the Bomb, c'est une ode à la guitare, un monument à la gloire de Tony McPhee. Même en son clair, le chanteur-guitariste parvient à faire sourdre une tension, une nervosité, décuplée lors de ses soli électrifiés possédés par le malin. Le mec est une usine à riff , calibre distortion & wahwah , ce qui rattrape un chant parfois un peu juste. Et puis comme beaucoup de chanteur-guitariste, il lui arrive de chanter en chœur avec ses riff, et ça c'est bien m'voyez? Nous voilà en présence d'un drôle de machin, un heavy blues burné à papa, qui accuse le coup de ses 39 années mais qui reste au sommet : Rock History 101.

samedi 7 novembre 2009

Fuck Buttons - Tarot Sport



Vous vous souvenez sûrement du brulôt bruitiste et outrageusement jouissif  qu'était Street Horrrsing?  Ses longues plages brumeuses déployant en circuit fermé toute une gamme de références digérées, assimilées, englouties jusqu'à plus soif. Un long voyage tribal et irisé aux boucles vaporeuses, ponctué de hurlements en overdrive, qui avait marqué 2008 du sceau de son shoegaze bourdonnant. Moins d'un an après, les deux compères de Bristol reviennent avec un Tarot Sport baroque et encore plus ambitieux.

Ouverture magistrale, Surf Solar développe du haut de ses 10 minutes une fresque épique et bourgeonnante, marquant d'entrée une des principales évolutions de FB. Les mecs ont décidé d'assumer jusqu'au bout leur filiation électronique dansante. La B.A.R martèle nerveusement et autant vous dire qu'on est pas au Back Up ni au Duplex, mais plutôt en train de danser à poil avec des papous sur les anneaux de Saturne, en se ramassant éruption solaire sur éruption solaire en pleine mouille. Comme à leur habitude, les FB construisent avec acharnement de longues pistes, allant crescendo dans l'intensité, dans la superposition de boucles. On reste scotché par cette capacité à faire émerger de ce chaos sonore de véritables mélodies (on pense souvent d'ailleurs, dans les textures comme dans les mélodies, aux plus belles pièces de Dan Deacon, mais toujours plus épiques, plus sauvages). 

On peut regretter l'absence des hurlements saturés qui apportait beaucoup à la folie des morceaux de Street Horrrsing. C'est d'ailleurs là le point faible de Tarot Sport. S'il est plus ambitieux, plus grandiloquent que son prédécesseur, on semble perdre ce petit plus barbare qui faisait de Fuck Buttons une véritable entité, alien et organique. Plus sage donc, plus facile d'accès, TS n'en reste pas moins une grande space-fresque psychédélique, fauve et cosmique.



Witch Hunt - Burning Bridges to Nowhere




touka tougouda touka tougouda touka tougouda

*chant masculin*

touka tougouda touka tougouda touka tougouda

*chant féminin*

*refrain chant clair*

touka tougouda touka tougouda touka tougouda

*chant masculin*

*choeur de tough guy*

toukatoukatoukatoukatouka

*pont à la Disrupt*

*solo de basse graisseuse*

touka tougouda touka tougouda touka tougouda

*riff street punk à roulette*



Et le pire c'est que ça marche.

Mugwart - Discography














Ok?     






vendredi 6 novembre 2009

Coffinworm - Great Bringer Of Night




Leurs amis myspace s'appellent Darkthrone, Gates of Slumber, Yob, Unearthly Trance et Wolves in the Throne Room.

Coffinworm c'est un peu tout ça à la fois. C'est lent, la plupart du temps, ça t'assène de ses basses faisandées, te martèle de ses guitares viciées, racle et re-racle ta petite gueule. C'est noir, ça ronge dans les arpèges gâtés, corrode dans les accélérations. Un cloaque fangeux s'étendant à perte de vue sur des terres désolées. Ca s'écoute très fort aussi, pour être sûr de pas rater un petit bout de cervelle. Parce que oui, ça existe déjà des groupes de blackned-doom-sludge, mais sortir autant de riffs d'enragés en seulement 3 titres, ça vaut le coup d'être relevé.

La démo (&more) disponible ici.

dimanche 1 novembre 2009

Sombre - Philippe Grandrieux




Je n'ai pas aimé Sombre. Comment quiconque pourrait aimer cette longue plage d'engourdissement sèche et brutale? Or, il ne nous est pas demandé d'aimer quoi que ce soit chez Grandrieux, il ne nous est même rien demandé du tout. Tout nous est imposé, qu'on le veuille ou non, par une force d'évocation, une incarnation de l'image qui nous place à la merci de... de qui? du réalisateur, ou de Jean, marionnettiste itinérant qui ferait de nous de simples pantins... De simples enfants apeurés et ravis comme dans cette scène troublante au début du film. Dans quel but alors? Servir le propos, imposer le fond par la forme. C'est que l'histoire peut paraître simple, basique même : A défaut de pouvoir aimer, Jean tue. Il étouffe, il étrangle. Jusqu'à ce qu'il rencontre Claire, qui elle n'a jamais aimé, et qui irrémédiablement se retrouve attirée par Jean. Sombre ou comment revisiter tragiquement le conte de la Belle et la Bête...

De cette incarnation de l'image naît une fascination, liée à la forme, avant tout. Par ses clairs obscurs vitreux, par ses flous granuleux, Sombre fascine, nous happe dans son sillage. Le travail sur la lumière nous plonge dans une contemplation ébahie, choquée même, enivrée par la densité de chaque image. Perpétuellement en mouvement, éthylique et désordonné, il s'impose au spectateur tel un orage grondant, couvant sans jamais vraiment exploser. De fait, les meurtres ne sont jamais explicites. On a beau chercher l'étouffement, attendre une décharge de brutalité soudaine, l'étreinte sexuelle se mêle au crime en lui même, toujours dans cette continuité, cet ample mouvement. Les pulsions de Jean se manifestent avec lourdeur, par une violence sourde et difficile, pénible, pour la victime comme pour lui. Tout repose dans cette lutte, dans cette étreinte impossible et frustrée.
A chaque scène se renforce l'aura de Bête de Jean. Opaque, inhumain, il est dans l'incapacité de communiquer. Il aboie, ordonne, râle et crache, jusqu'à ce que la violence devienne la nécessité, la valve de secours. Il rôde, les épaules basses, tel un prédateur, un loup solitaire. Une Bête qui, si elle ne parvient pas à vivre en société, entretient une relation particulière et privilégiée avec la Nature, un élément crucial chez Grandrieux. Jean s'isole à chaque fois un peu plus dans la forêt, dans les champs, dans les lacs. La fin du film le montre guettant à travers les branches, en sécurité, le visage terreux mais serein, comme jamais on ne l'avait vu jusqu'à lors.

Ainsi la Nature devient un personnage à part entière, se manifestant et par l'image et par le son. Elle crisse et souffle, devient le refuge comme le piège. L'érotisme de Grandrieux prend d'ailleurs sa source dans cette Nature-même. Un érotisme cru et rocailleux effleurant chaque fois la mort la plus sèche et la plus sauvage. Si elle est le théâtre des méfaits de Jean, c'est aussi là que Claire s'offre à lui pour la première fois. Pas sur le bitume, ni dans la voiture, mais dans ce fossé, à l'orée de ce champ obscur. Si la Nature occupe une telle place c'est que Grandrieux revient ici aux sources des pulsions humaines les plus primaires. Le jeu de chasse, d'attraction/répulsion entre Jean et Claire se noue dans ce que l'homme a de plus viscéral. La réflexion, le sens, la raison n'ont pas droit de cité ici. Tout n'est que pulsion, impulsion, déraison. Claire se sait menacée mais retourne vers Jean, inévitablement. Peut être décèle t-elle comme nous ce soupçon d'humanité qui s'exprime malgré sa maladresse et sa brutalité. Lui, il la regarde comme une mère, il tombe à ses genoux, il la suit tout en gardant ses distances. Il se sait dangereux, et semble se détester à chaque moment un peu plus. Jean respire la haine de soi, le désamour total, négligeant son corps comme son âme, il se saoule et oublie. Quand il se réveille, qu'il ose agir, c'est pour défendre Claire, mais il le fait presque trop tardivement, quand la situation est devenue critique, comme s'il cherchait délibérément à souffrir.

Grandrieux, sans tomber dans la démonstration décousue, organise sa trame par un patchwork de scènes rauques dressant, plutôt qu'un récit, une peinture fiévreuse et elliptique, laissant au spectateur le soin de combler les interstices. La scène d'amour magistrale de Claire et Jean condense tout ce que ce film diffuse : l'étreinte tellurienne en sourdine, frustrante et avortée, la violence bourdonnante et omniprésente, toute la tension du personnage face à son incapacité à aimer, jusqu'à ce final ambigu... Trop bestial pour tolérer la présence de l'autre, Jean est néanmoins assez humain pour s'en rendre compte, pour chasser Claire, et l'éloigner de force. Afin de lui éviter le pire, il se fait violence, (une violence cette fois franche et foudroyante, entière) prouvant par là même sa faculté à ressentir.

Alors, non je n'ai pas aimé Sombre, même s'il est un des meilleurs films qu'il m'ait été donné à voir depuis un bon bout de temps. Je ne l'ai pas aimé, je l'ai subi, les yeux écarquillés... Knock-out.


p.s : Il ne faudrait pas occulter une bande originale magistrale, dirigée par Sir Alan Vega en personne, mais nous y reviendront...

jeudi 29 octobre 2009

The Black Dahlia Murder - Deflorate



Dans le métro généralement j'écoute Dew Scented. Ca couvre un peu le vacarme de la 10, la chaleur moite et étouffante de la 4, les aisselles du voisins contre ton bras sur la 13. Dew Scented ou The Black Dahlia Murder. J'ai beau faire tourner la playlist de mon ipod nano protection cuir de vache, il reste toujours Dew Scented et The Black Dahlia Murder. Leur premier effort fait partie de ces claques reçues dans ma face pas si boutonneuse que ça d'adolescent en baggies. Rien de bien chamboulant mais un don pour conjuguer mélodie et ultraviolence qui en faisait quelquechose de plutôt original à l'époque.
14 ans et bam, Unhallowed qui débarque. Si vous voulez tout savoir, ce fut même ma première chronique. J'en chialerai presque.

Ensuite il y eu Miasma. Pour fêter mon bac. On prend les mêmes et on recommence. Deathcore qu'ils disaient. Mouais, pas mal.
Après ça s'est sérieusement gâté. On est en 2007, j'ai coupé mes lox, remisé mes baggies et compris Neurosis. Alors Nocturnal, il passe à la trappe. Je m'en tamponne royalement la nouille, d'autant que rater un album de tBDM, c'est finalement pas si grave. Le suivant sera pareil.

Donc nous voilà, 2009, comme une horloge (et chaque fois avec un artwork de plus en plus hideux), les dahlia nous reviennent avec 10 titres. Les mecs n'ont pas évolués d'un pouce. Rien, on peut chippoter sur une production plus ciselée, des soli plus nombreux, un chant plus criard : au final, on écoute le même album depuis 6 ans. Et c'est un peu comme retomber en enfance à chaque fois. Moi dans le métro avec mon Black Dahlia, j'ai les poils du bouc qui repoussent, mon pantalon devient de plus en plus large, je tortille mes locks et air-blast involontairement le bras du voisin tout en secouant frénétiquement la tête. Deflorate en 2009, c'est comme se retrouver derrière la salle d'étude pour fumer un joint, c'est comme sécher les cours d'éducation physique pour aller capser près du lac. C'est frais, un peu débile, mais ça fait du bien.




 

vendredi 23 octobre 2009

Gorgoroth Vs Funeral Mist : 2009



Quantos Possunt Ad Satanitatem Trahunt           Vs.               Maranatha.

Dans l'arène, deux gros durs. Deux vétérans grimmés et cramés, présents depuis les origines. Infernus d'une part, redevenu le seul et unique maître de sa chose, Gorgoroth. En face de lui, Arioch, seul rescapé du Funeral Mist des débuts, qui, bien que moins prolifique que son adversaire, revient méchamment (l'artwork vous donne une petite idée). Deux monstres donc, et pas des moindres, qui reviennent dans des circonstances particulières : Infernus sans Gaalh ni King ov Hell, Arioch après 6 ans d'absence : autant dire que les 2 albums étaient attendus de pied ferme par bon nombre d'amateurs de schwarz metal.

Arioch attaque fort, d'entrée. Boum boum, deux taquets dans les burnasses qu'il se prend le Gorgo. Acide comme une baignade dans le Dniepr près de Tcherno, il surprend par la folie ethyllique et désordonnée de son chant, par les ruptures, les revirements et les changements de garde. Infernus, mal en point, se réveille tout de même pendant le combat (rebirth of gorrrrgoroooooth) pour assener quelques vilains coups. Si son riffing n'est que peu inspiré, voire même simpliste et téléphoné, il sait se faire accrocheur et Gorgo reprend du poil de la Bête (ahah). On le voit même tenter certains petits coups de putes, qui auraient pu fonctionner. Du style, je te ressors un riff sautillant made in UtSoH(qui donnerait même plus envie d'envahir la Pologne mais plutôt de chausser le sac à couilles en fourrure et de se pougner avec l'épée en plastique dirait le Juge.) Malheureusement ça ne fonctionne pas des masses et Funeral Mist enchaîne uppercut sur uppercut sans vraiment se sentir menacé. Faut dire qu'il a de la ressource le salaud : inventif et pas chiant pour un sesterce sur les passages lents et mid-tempo, barbare dinguo et carnassiers sur les blasts... Il s'essoufle à peine sur la fin du combat. Infernus, s'il s'est bien défendu, ne peut pas vraiment rivaliser (on va te dévaliser) avec un Arioch au sommet, complètement libre qui se permet d'achever Infernou en inconvoquant Bregovic et ses choeurs des Balkans.
Pas grand chose à faire donc, pour un Gorgo tâtonnant et un peu perdu, pas mauvais, mais seulement un peu faiblard qui s'écroule sanguinolent sur le sable souillé de l'arène.

Si le combat ne vous a pas suffit, Arioch propose une after virile, pour les testostéroneux qui en voudraient plus. Oui, Arioch enfile son masque de Mortuus et vous botte les fesses avec le dernier Marduk. Boum boum. Ablation des roustons.

jeudi 22 octobre 2009

Elysian Fields - The Afterlife




Je pourrai m'en tenir à un simple nom. Jennifer Charles. Point. Pas de blabla, pas de fioritures emmerdantes. Juste cette chanteuse de velours, à la voix sensuelle et brûlante à rendre priapique un eunuque. Elle avait atteint des sommets sur le Lovage de Dan the Automator (Catch a Thief restant le titre érotique suprême), elle confirme cette volupté féline sur The Afterlife. Moins corrosif que son déjà daté (mais toujours aussi bon) prédécesseur Bum raps, Love taps, le dernier effort du duo newyorkais dilue les guitares rock dans une bulle de dream-jazz langoureux, sans pour autant se priver de déchirements électriques emballés et de soli de sax ou de piano flirtant avec des syncopes rythmiques d'impro jazz. On retrouve encore ici ce talent de composition qui permet à cette drôle d'entité lounge de mélanger les couleurs. Rouge rassurant et cotonneux, Noir inquiétant et mélancolique.

JC, marry me.


mercredi 14 octobre 2009

Etienne Jaumet - Night Music



Apesanteur, ou bien toutes ces conneries de l'espace, bidulations gargouillantes d'un Korg Moog en rupture, walking dead en combi on the dance-floor, encore un peu de modulations et c'est le Master Control Program qui t'envoie paître avec son lazer retrofuturoluminescent. Le Surfer d'argent met knock out le saxophone, les cornemuses débarquent, Ulysse 31 tape un buff avec Galactus, et toi, tu ne peux rien faire d'autre que lever les yeux au ciel, comme pour retrouver un futur déjà bien loin derrière.

mercredi 30 septembre 2009

Der Blutharsch : When did Wonderland End? (2005)



Après la mue entamée sur l’album précédent, Der Blutharsch fait un immense saut en avant et revient plus différent que jamais. La première piste, reprenant encore une fois la mélodie de Lily Marleen, pouvait laisser supposer le contraire mais non, c’est à un autre groupe que nous avons à faire. Et ce n’est pas un mal. Der Blutharsch est mort, vive Der Blutharsch. Julius avait fait le tour du sujet indus martial et peut sans regret passer à l’étape suivante. Il rassemble autour de lui un véritable groupe, qui l’accompagne tant dans le processus de composition que lors des prestations live. Bain Wolfkind, Jörg B., Marthynna et Douglas P. sont, entre autre de la partie.
Il est très difficile de prime abord de déterminer à quoi nous confronte WdWE ?. Toujours très sombre, la musique évolue dans des contrées mystérieuses, d’un dark folk emballé à un rock sourd et étouffé. Les ballades sont transcendées par la basse ronde et les chœurs féminins et masculins, tant allemands qu’espagnols ou italien. Le plus surprenant est cette empreinte « Der Blutharsch » qui plane sur ses compositions aux structures pop, tout ce background martial et belliqueux mais transposé à une forme organique (il serait temps que je trouve un synonyme efficace), humaine, presque fauve. Des touches electro dark finissent de perdre l’auditeur, transporté par le chant évocateur de Marthynna et de Wolfkind et par la véhémence punk de certains morceaux. Toujours baignée dans une aura particulière, la musique de Julius parvient à générer de nouvelles images, encore plus troubles, entre la féérie morbide de Lewis Caroll et les luxuriances préraphaélites, entre la nature sauvage Mallarméenne et les excès de Des Esseintes, entre les cauchemars rigides des symbolistes et la profusion rebelle des romantiques.

mardi 29 septembre 2009

Der Blutharsch : Time is thee enemy! (2004)



 


Time is thee Enemy ou comment Julius révolutionne le son de Der Blutharsch pour en faire une entité hybride, s’éloignant clairement des velléités casquées pour tendre vers une musique folk apocalyptique hantée… La guerre est toujours le thème central de la musique de Julius et les dissonances lugubres des boucles indus sont toujours à l’honneur mais Julius n’hésite pas à y superposer un couplet chanté en français flirtant avec la pop-martiale de Dernière Volonté ou une batterie pop claquante. Les compositions continuent à s’incarner, à devenir de plus en plus charnelles, notamment grâce à l’utilisation répétée des guitares acoustiques. Cependant, il serait trop simple de réduire Time is thee Enemy ! à une simple dualité indus/folk. On pressent déjà ici les relents fiévreux du rock sulfureux à venir, l’odeur sucrée et écœurante de la chair : écoutez un peu cette version de Baltikum, imaginez une bande originale à Salò ou les 120 journées de Sodome se clôturant sur 5:00 de tirs d’armes automatiques…Anachronisme, mélange des genres et des ambiances, voilà ce que nous livre Julius ; un album épique, à la fois doux et violent, barbare et soyeux, symbole de la complexité et de la richesse de Der Blutharsch.

Der Blutharsch : When All Else Fails! (2002)





When All Else Fails reprend là où on avait laissé Der Blutharsch 2 ans avant, tiraillé entre la violence des compositions martiales et une facette folk, plus douce et mélancolique. Toujours guerrier, le propos se diversifie et Julius emprunte ses textes tant aux poèmes de Davenant qu’à des textes de Macaulay. C’est sur cet album que se dévoile le talent de l’austro-moustachu, qui parvient à marier d’une piste à l’autre des styles musicaux relativement éloignés sans jamais perdre en cohérence. Après une marche militaire et une ballade méditerranéenne, Marthynna, membre désormais à part entière de Der Blutharsch, entame un duet avec Geoffroy D. de Dernière Volonté dans une veine apo-folk de très bonne facture avant de céder la place à Lina Baby Doll, plus inquiétant que jamais, répétant inlassablement la même phrase. « I’ll drag you down, down, down… »


When All Else Fails est un album complet, recelant son lot de très bon titres, mais qui peine à atteindre les sommets atteints par ses prédécesseurs. Julius s’en rendra sûrement compte puisque l’album suivant sera un album charnière dans l’évolution de son groupe, chamboulant l'édifice indus jusqu'à lors établi.

lundi 28 septembre 2009

Der Blutharsch : The Pleasures received in Pain (2000)



Comme je le disais, Der Sieg est pour beaucoup le chef d’œuvre de Der Blutharsch. Pour moi, tout du moins en ce qui concerne la première période de DB, The Pleasures… reste l’album incontournable. Les racines sont les mêmes, marches militaires, samples symphoniques, boucles entêtantes et chant incantatoire. Cependant, Der Blutharsch a déjà entamé ici sa métamorphose. Les compositions sont de plus en plus organiques, notamment grâce à l’utilisation croissante de vrais instruments . Julius, même s’il affectionne toujours la répétition et les loop, semble aussi effectuer un travail plus poussé sur les mélodies. L’orgue prend peu à peu une place cruciale dans les compositions. Le résultat est donc beaucoup plus riche que sur les précédents albums. Les voix s’entremêlent, avec notamment l’apparition du chant féminin (qui deviendra la marque de fabrique de DB). Des influences slaves se font aussi sentir (en particulier grâce aux violons), conférant au son de DB une dimension nouvelle,  plus folk (apparition de guitares acoustiques) encore plus ancrée dans l’Histoire européenne. C’est cette étrange mélancolie slave qui fait de cet album un des plus beau manifeste d’Albin Julius, à la fois violent et martial, mais aussi plus humain.

Der Blutharsch : Gold gab ich für Eisen (1999)





Y’a-t’il un réel intérêt à écouter un live de Der Blutharsch? Il est vrai que Julius lui-même disait ne pas être particulièrement excité par ses premières prestations scéniques proches d’un karaoké glauque et impersonnel. L’intérêt d’un tel live n’est pas évident de prime abord, mais à y regarder de plus près, Gold Gab Ich Für Eisen n’est pas totalement superflu. Déjà parce que Der Blutharsch en live à cette époque, c’est Julius, seul au chant, mais aussi un vrai batteur, sur une vraie batterie. On se retrouve donc avec une approche totalement différente des albums studios : les percussions sont prédominantes et organiques alors que le chant, lui-aussi mis en avant, permet de mieux saisir les incantations de Julius. Le corps des morceaux, beaucoup plus simple qu’en studio, se concentre sur des loop fantômatiques lointains et sur des sample bruitistes. Pas de fioriture mais plutôt le squelette du son DB. L’atmosphère, déjà bien plombée sur les productions studio, est ici complètement morbide. Hormis la piste d’introduction reprenant la guillerette Lily Marleen, le reste de l’album est une promenade sur un champ de bataille, après la bataille s’entend. Les rythmes hypnotiques et les imprécations de Julius font de ce live une messe noire (impression renforcée par l’utilisation de chœurs masculins),une procession guerrière et inquiétante.

dimanche 27 septembre 2009

Der Blutharsch : The Moment of Truth (2004)





Sorti en 2004, cet album est une compilation regroupant d’une part le 10" sorti en 1998 (et intitulé The Moment of Truth), le mcd Der Gott der Eisen wachsen ließ (1999) ainsi qu’une piste issue du très rare Thank You! (2000), et d’autre part, 4 inédits ou versions alternatives. Malgré un manque de cohérence certain (le point fort des albums de DB), ce cd n’est pas sans intérêt. Il recèle de petites perles permettant de saisir un peu mieux les différentes facettes de l’entité Der Blutharsch, une entité qui se diversifie et se complexifie un peu plus à chaque nouvel album. Les relents médiévaux de Der Gott, l’imprégnation mystique quasi tribale de TMoT, autant de traits esquissant la richesse du projet d'Albin Julius.

Der Blutharsch - Deutsch Nepal : Apocalyptic Climax II (1999)



Quand un maître de l’indus martial rencontre un génie de dark ambient, ils deviennent potes et ils font de la musique. Pour le coup, on est plus en présence ici d’un disque de Deutsch Nepal que de Der Blutharsch. Ne vous attendez pas aux fières trompettes de Julius, mais plutôt à un album étrangement calme, apprivoisant les silences et les détails. Un soin minutieux est apporté aux superpositions de loops et de nappes, les sample inquiétants de rires d’enfants sèment le trouble sur ces longues plages d'ambiances catatoniques. Seul le dernier morceau réveille ici le monstre industriel avec ses percussions primaires, ses explosions saturées et son chant typique d’un DB. 

Der Blutharsch : Der Sieg des Lichtes ist des lebens heil ! (1998)




Pièce maîtresse de Julius, considérée par beaucoup comme son chef d’œuvre, Der Sieg continue d’explorer les sombres sentiers d’un indus martial épique teinté de dark ambient. Ce nouvel effort de DB se démarque de son prédécesseur par un engagement beaucoup plus marqué de la musique. Plus diversifié, Der Sieg met l’accent sur des compositions volontaires et franches. Les percussions martiales prennent une place encore plus importante, conférant à l’album une dynamique bien plus tranchante, parfois emballée, restituant parfaitement une ambiance guerrière et mélancolique. Julius utilise toujours les sample de discours militaire, mais là encore, l’apparition de chants rituels quasi-mystiques permet à la musique de Der Blutharsch d’étendre son spectre et de véritablement se déployer.

L’artwork guerrier retranscrit parfaitement l’atmosphère de l’album qui, il me semble, s’ancre cependant plus dans le conflit de la 2nde Guerre Mondiale que dans les luttes antiques ou médiévales. Il suffit pour cela d’écouter la première piste de l’album, reprenant le morceau Lily Marleen, fort populaire auprès des troupes de la Wehrmacht et que le régime Nazi avait tenté d’interdire. Premier véritable album de Der Blutharsch (les morceaux de First ayant été composés, à l’origine pour The Moon Lay Hidden…), Der Sieg est un coup de maître, un album rempli jusqu’à la gueule, exigeant et passionnant.

Der Blutharsch : First (1996)





S’il s’agit ici des premières expérimentations en solitaire d’Albin Julius, First s’inscrit dans la droite lignée des précédents travaux de l’autrichien avec The Moon Lay Hidden Beneath a Cloud. A savoir un entremêlement sinueux de samples militaires, d’ambiances martiales et symphoniques morbides, tout du moins extrêmement sombres. Pas un titre ne surnage dans ces frimas de violons indus crépitant et de percussions guerrières et l’on s’abandonne dans les plages d’ambient rythmées par des discours de militaires enflammés. Le propos est maîtrisé et Julius torture l’auditeur avec précision et lenteur en misant sur la répétition de boucles lancinantes, cependant il manque encore une identité propre à ce side-project qui ne devait être qu’une expérience unique.

mardi 22 septembre 2009

Der Blutharsch, Deutsch Nepal, Bain Wolfkind @ Zèbre de Belleville, 21/09/09


                                                                                                               WKN

Les vilains nazis autrichiens n'ayant pas pu jouer au Glaz'art, c'est dans "le plus petit cabaret d'europe" qu'a lieu ce concert à l'affiche priapique. L'occasion de découvrir les nouvelles compo de Der Blutharsch et de savourer les bidouillages du Général Andersson.

Bain Wolfkind

On passe rapidement sur la prestation soporifique et graisseuse de BW qui se présente lui-même comme le "King of Karaoke Show". Le crooner poilu du torse râle son amour vicelard sur des instru de surf-rock bluesy ralenties. Derrière lui défilent sur un écran une ribambelle de bimbo Vixen, relativement divertissantes au début m'enfin on s'en lasse vite des gros seins.

Deutsch Nepal 

Encore un mec tout seul. Sauf que lui a du talent. Lina der Baby Doll construit en 45 minutes un set intense et bruitiste loin des prestations éthyliques sabordées dont il a apparemment l'habitude. N'étant pas docteur ès DN, je ne reconnais aucun titre mais me retrouve transporté par sa diction, les entremêlements de samples, les roulements de caisse claire martiaux. Jusqu'à un final grandiose où le général, véritable chef d'orchestre s'agitant sur son estrade, fini de nous assommer en laissant libre cour à sa voix, soutenue par des nappes répétitives et glauques à souhait.

Der Blutharsch

Comment vous expliquer clairement Der Blutharsch sans passer pour une groupie. (que je suis). Déjà en vous disant que Der Blutharsch est le rock'n'roll. Ce feeling nouveau que l'on ressent sur les albums s'incarne avec force sur scène. De quoi décevoir, il est vrai,  les fans hardline de l'indus d'un Der Sieg. Oui, Albin Julius fait du rock. Avec tout ce que ça implique. Des compositions simples, directes, mais sur lesquelles planent toujours ce spectre des origines, cette menace trouble qui fait tout le charisme et l'intérêt du groupe. Comment vous expliquer clairement Der Blutharsch en concert sans évoquer l'entremêlement des chants masculins et féminins, les incantations répétitives d'un Om, les riffs plombés au Sabbath mais noyés dans le brouillard fuzzy et le wah-wah, les percussions tribales neurosiennes... Julius semble cependant suivre deux chemins divergents, entre la scène et le studio. Si les derniers albums diluent un peu plus leur rock psychédélique dans des expérimentations électroniques moins directes, le live semble lui se consacrer uniquement à l'énergie rock quitte à délaisser (malheureusement) une approche martiale et folk, pourtant partie intégrante de l'identité du groupe. On peut donc légitimement être déçu par la facilité de la prestation, ou bien l'on peut se laisser aller dans cette masse enfumée et savourer une setlist judicieuse, accroché à son ballon de baudruche noir, en regardant, rêveur, Albin Julius distribuer des roses blanches aux damoiselles de l'assemblée.

Time is thee enemy

mercredi 16 septembre 2009

Surf Nazis Must Die - Anti Everything



Hey why don't you finally stop wasting your talent in our scene
when all you ever wanted was getting your ass signed to sony?
Your reasons to be in a band are bullshit,
punk will always stand against
EMO KIDS BLOWN TO SHIT!
Please rewrite your popsongs and stop your cry
'cause you will never be as good as lifetime
EMO KIDS BLOWN TO SHIT
We are anti-everything, we are anti-you!




vendredi 11 septembre 2009

Caldera - Mist Through Your Consciousness



Eh non amis gamerz, Caldera n'est pas qu'un village du nord de Balmora. C'est un groupe nancéen aussi. (C'est aussi un groupe de hardcore belge, mais osef). Ce ne sont pourtant pas les chroniques de ce Mist Through Your Consciousness qui manquent. Et les étiquettes. Chacun y va de son post-doom et de son proto-stoner. C'est qu'il n'est pas facile de les caser les barbus. Si les premières démos permettaient encore au groupe de s'inscrire dans une tradition stoner bluesy plutôt classique, MTYC complique la donne. Alors oui, le groove stoner est toujours là, on se mange encore des boucles de riffs plombés dans les dents, mais il y a ici bien plus. La base de Caldera, ce sont ces arpèges clairs qui s'entremêlent et se boursouflent, prennent du grain et tabassent. Ces riffs qui s'étendent, s'alourdissent et s'essoufflent, plaçant l'auditeur sur la brèche, toujours dans l'expectative. Les titres se déploient doucement et prennent de l'ampleur, tous portés par une capacité à susciter des images et un souffle épique forestier et sauvage. C'est sombre, c'est beau, ça sent l'humus et c'est surtout très bien produit. La batterie (avec derrière les fûts un ancien Aenima, vous vous souvenez, les Hippie Hunter) est bluffante avec un jeu tour à tour (brigand) ciselé et impétueux. Finalement, la musique de Caldera n'a rien de bien fou, juste une capacité à viser juste, dans l'émotion et dans la fougue. Il suffit de passer ce cap psychologique du "post-rock instru casse burne" et de se laisser happer.

http://www.myspace.com/caldera666 


Rectifificatif  : Les principaux intéressés nous font savoir que non, ce n'est pas le batteur d'Aenima sur ce dixe. My mistake.

Depressor - Book of the Dead






On continue avec le crust (c'est dingue comme on peut coller ça à tout et n'importe quoi). Après le blackened crust, l'anarcho-crust et le hardcore-punk crustisant, on passe au death-crust industriel. Faisons simple : Depressor est une petite mare putride de vase noire, qui sent la mort, paumée au milieu d'une friche industrielle amiantée. Un peu moins indus qu'auparavant (la batterie est bien plus organique que la BAR des débuts), les ricains nous servent des petits bijoux de crasse, maîtrisant leur propos tant dans les emballements d'un death old school efficace que dans des parties lentes plus recherchées. C'est dégueulasse et on en reprendra s'il vous plaît.

jeudi 10 septembre 2009

Counterblast - Balance of Pain


Il suffit de l'intro pour se faire prendre au piège. Trois accords simplistes, et des cris féminins à te foutre la chair de poule. C'est tout ce dont ce cd à besoin pour te chopper par les couilles et ne pas te lâcher. Ici, on a beau appartenir à la scène suédoise mid-90's (fourmillant de formations adeptes d'un crust-punk emballé) on ralenti sensiblement le rythme (bon, ça défouraille sec une bonne partie du temps mais c'est important de le noter). Avec une bonne assise hardcore-punk d'où jaillissent des samples indus glacés et des guitares métalliques heavy as fuck on touche du doigt le mélange parfait. Counterblast c'est aussi une dose de death bien vilain sans oublier les incursions instrumentales jazzy et pas mal de petites touches Neurosiennes ( pour les nostalgiques des grondements d'Edwardson, jettez une oreille au doux Disembodied, ça marche aussi pour ceux regrettant les samples tribaux de la bande à Von Till ou ceux se touchant sur les gros barbus).
Sweden owns yeh.

Dropdead - Discography


Gros cons de hippies enragés. 130 bpm. Hard/Grind/Trépané-core. Spazz en moins débile. Napalm Death en plus punk. Basse saturée. Crass en grand-frère attardé et anarchie pacifique. Esprit FLTM (fais-le toi même, parlons français bordel) et défense des petits chiens.

Brilliant noise.

mercredi 9 septembre 2009

Black Kronstadt - The Free Spirit





Au Canada ils ont Neil Young, du post-rock godspeed-you-mount-zion, et Terrence & Phillip.
Ils ont aussi une belle troupe d'anarcho-punk bien énervés contre tout un tas de choses (le gouvernement, l'armée, les fachos, le FMI...) et qui ont décidé de canaliser toute cette haine dans un hardcore-crust crasseux ultra-engagé. On fait ce qu'on veut du discours (souvent simpliste dans ce genre de groupe, même si les gaziers semblent ici plutôt bien documentés), il n'empêche que leur bordel grésillant alternant aboiements masculins et chant féminin hurlé est du meilleur effet. (De quoi vous faire ressortir un bon vieux Anomie, d'autant que la belle Danielle utilise souvent le spoken word). Si l'étiquette revendiquée de "blackened-crust" n'est pas forcément évidente (elle le sera beaucoup plus par la suite, avec le groupe Iskra) on perçoit dans le riffing, dans les blasts et dans la production stridente bien sale, une bonne dose d'inspiration black metal.
Pas assez long pour qu'on s'ennuie, assez intense pour qu'on y revienne. Go get some.

dimanche 30 août 2009

Kalas - Kalas



Une production dense et opaque, des riffs heavy as fuck, simples et efficaces : juste ce qu'il faut pour faire un bon disque de stoner. Pour que ce disque soit excellent, vous placez Matt Pike écorché vif ( et privé de guitare) derrière un micro, quelques arpèges clairs et instrumentaux hantés, un sens aigu de la mélodie et des harmonies épiques et un groove venu d'ailleurs. Vous obtenez un rock fiévreux et hautement émotionnel, quelque chose étrangement spatial et intemporel. Il flotte sur cette musique un petit truc indéfinissable, une âme, un souffle, appelez ça comme vous voulez; qui fait que ce disque s'impose sur la platine dès la première écoute et s'y incruste pour longtemps.


samedi 29 août 2009

Kickback - No Surrender



J'ai jamais trop fais gaffe à Kickback. Les 150 passions... , on me l'avait offert, je devais avoir 12/13 ans, je ne connaissais ni le hardcore, ni l'histoire des gaziers, mais le cd est revenu régulièrement lacérer ma platine depuis 10 ans, mine de rien. Alors les retrouver avec du son frais, c'est un peu comme retomber en enfance. Aujourd'hui comme il y à 10 ans, la réputation des mecs je m'en tape un peu. J'écoute bien des hippies, des satanistes et les Arctic Monkeys alors...

No surrender est massif. Massif de par sa haine, sa crasse, ses glaires, ses tripes. Massif parce qu'il grésille, qu'il larsen, qu'il assomme. Il se lance à corps perdu dans la violence sans se faire chier à respecter la moindre étiquette. Le riffing, mis en avant par une production d'enculé (écoutez-le, je ne pense pas trouver de terme plus juste), est réfléchi, toujours pertinent. Les compositions évoluent, se développent et s'étendent jusqu'à l'implosion. Rien n'est basique ou gratuit ici, et tant mélodiquement que dans sa structure, l'album est ciselé, abouti. On ressent la hargne primaire d'Arkangel, la fuite en avant de Converge, le grain de voix d'Integrity mais toujours dilué dans une masse compacte propre au groupe parisien.

En cela, cet album est bien plus que le simple glaviot de merdeux enragés. Il balafre méchamment le paysage musical actuel et marque l'année 2009 du sceau de sa haine.

I hate you motherfuckers.

vendredi 28 août 2009

Arctic Monkeys - Humbug



Le premier album des minets/lads from Sheffield était dansant. Point. Rien de bien folichon, de la fougue boutonneuse, quelques ballades neuneu, bref, pour l'originalité on repassera.
Leur second album m'avait un peu fait tendre l'oreille. Un peu, puisqu'à quelques détails prêt, la recette était la même. Nos pauvres britons du nord exploitaient à grand coup de brit-rock énervé-mais-gentil le filon (plus que rentable) qui les avait vu intronisés relève du rock'n'roll par une presse unanime et toute mouillée. Un peu comme les Strokes, sauf que leur premier album était bon (un détail qui compte).

Et puis il y a ce troisième album. Humbug. Et là, la donne n'est plus du tout la même. Fini la grisaille emmerdante de Sheffield, on embarque pour les Amériques et on va composer dans le désert chez notre pote/producteur/rouquin préféré : Josh Homme. On laisse pousser les cheveux et la barbe, on enfile notre plus beau t-shirt du Sabbath et surtout, on arrête les morceaux de retardés pour dance floor. Les Arctic Monkeys ne vous feront pas danser cette année et c'est tant mieux. La cadence se ralenti sérieusement, le chanteur, s'il conserve son accent poisseux, ne crie plus en permanence et se permet de judicieuses descentes dans les graves.


Derrière la console, Josh fait des miracles : il donne une épaisseur, une âme au son des singes. Les guitares fantomatiques habillent une base rythmique basique mais pertinente, les chœurs discrets (Homme pousse quelques gémissements de temps à autres) enrichissent des compositions plus alambiquées qu'avant (attention hein, ça reste pretty easy listenning, faut pas déconner) et les orgues hypnotiques finissent le boulot en nous emmenant décidément bien loin des briques rouges d'une suburb anglaise.
A l'exception d'un titre emballé digne des premiers albums (heureusement rattrapé par un pont instrumental d'une lourdeur jouissive) le reste de l'album tend vers un rock désertique aux relents de QotSA, de ballades hantées qui sentent le grenier et la poussière.


Cet album est loin d'être une complète réussite. Il arrive qu'on s'ennuie, qu'on grimace (le chant est parfois imblairable, notamment sur DANGEROUS) mais Humbug recèle aussi plusieurs petites pépites qui se dévoileront progressivement et qui ont le mérite de mettre à jour un nouveau visage des Arctic Monkeys, un peu moins putassier, un peu moins facile, bien plus intéressant.


lundi 17 août 2009

Stand-By

Toute activité est interrompue jusqu'à nouvel ordre.
Le nouvel ordre en question étant la rédaction d'un mémoire de 80 pages.

Over.

lundi 3 août 2009

Clockcleaner - Babylon Rules



Clockcleaner, un beau ramassis de gros dégueulasses. Ces mecs sont pourtant présentables, faussement innocents, avec leur jolie bassiste à la gueule d'ange. Gueule d'ange? Écoute un peu le ronflement puant de sa basse et tu verras. Leur punk rampant et dissonant vrille la tête, le chant d'Elvis back from the dead est cru, ça résonne comme dans la cave d'Albert Fish. Punk? Noise? J'en sais foutrement rien. Tout ce que je sais c'est que ça grouille de crasse et de glaires et de plein d'autres fluides corporels plus ou moins frais. Je sais aussi que cet album, c'est un concentré du blues le plus cynique, misanthrope et pervers que tu puisses jamais écouter. Fucked Up.


"she never let me come inside her so I just leave it across her smile"


mardi 28 juillet 2009

Karl Runau - Beyond Frequencies


Karl Runau, de prime abord, c'est un peu le mec chiant de Galakthorrö, celui en chemise terne boutonnée jusqu'en haut, qui réajuste ses lunettes en trifouillant des machines tout seul dans son labo. Il parle à personne et il fait de la minimale. De prime abord seulement parce que le petit Karl (Kraftwerk's dejected half brother comme l'appellent ses potes de label) a de bonnes choses à t'offrir. Il œuvre dans une electro minimale faite de roucoulements analogiques et de synthés qui fleure bon l'indus old school tout en y ajoutant une ampleur organique assez intéressante. Les morceaux se construisent en enchevêtrements de boucles et de nappes, tout en retenue mais sans jamais se défaire d'une certaine tension, voire même d'une certaine fougue (Confused Electrons). Organique, le terme peut être trompeur : la musique de Karl Runau est mécanique et froide, mais il insuffle (notamment par le biais des rythmiques et des basses) une chaleur, un côté humain déstabilisant dans ce style particulièrement robotique. Interesting, Doctor Runau.

jeudi 23 juillet 2009

Ascend - Ample Fire Within



Imaginez une ascension implacable, mais partant de très, TRES bas. Imaginez un black One gravissant une par une les marches de son enfer pour essayer de rejoindre la surface. Il sait très bien qu'il est piégé, englué par ce drone vrombissant, mais il essaye tout de même de s'extirper de cette masse sombre et visqueuse. Pas à pas, gravissant des marches glissantes, d'abord à taton, éclairé faiblement par des lead guitar discrètes, puis plus fermement, violemment même, porté par des arpèges de plus en plus cristallins. La moindre note résonne, va se fracasser contre des parois spongieuses, la mousse recouvre la roche, alors il se met à chanter. Il bourdonne d'abord, tel un mantra d'outre tombe, puis il prend confiance, sa voix se déploie. On entend ses cordes vocales rongées par les algues et le varech se délivrer à chaque pas. Ses membres sont engourdis, souillés par la rouille et le lichen rampant, mais il avance. Plus il monte, plus il est pris d'une transe chamanique portée par des cuivres étouffés, des orgues lointains. Soudain, il lui semble entendre quelque chose, le souffle d'une cornemuse et le bruissement d'une forêt. Il comprend qu'il est proche de la fin, la nature dans toute sa puissance vient l'écraser, l'ascension continue. Il découvre alors, enfin, le monde tant espéré, ainsi que ses horreurs.


The sea is full of monsters
as are the mountains
The deserts are full of death
from canyon to steppe
The valley is full of skulls
picked clean by monsters
God only knows
how we made it this far
Everybody knows
we must be monsters too



Et puis vient l'omniscience, en un mouvement baudelairien, il comprend qu'il est voué à la chute, que l'ascension n'est qu'un leurre, qu'il va retomber dans ce marasme d'infrabasses, dans cette dark matter...

feeling the motion of the earth
the bright pearls of the comet exploding
her body pulled apart into
clusters of fire
drifting too near Jupiter
all this spun running nowhere
through the emptiness of space


always to rise, soar, falter, fall, disappear




www.myspace.com/ascendamountain

mardi 21 juillet 2009

Anaal Nathrakh - In the Constellation of the Black Widow



Aufan, mais qui sont ces mecs? Que leur a fait subir leur maman (ou leur tonton Gérard) pour qu'ils nous vomissent une telle haine? Leur dernier opus (Hell Is Empty And All the Devils Are Here) m'avait un peu laissé dubitatif : toujours extrêmement violents, les britons avaient néanmoins mis de l'ordre dans leur capharnaüm (structures couplet/refrain), aseptisé (tout est relatif) leur son et saupoudré leurs compos d'un riffing plus thrash et catchy un peu déconcertant. Il semble que ce travers soit aujourd'hui oublié :

Pour ce qui est du son clean et chirurgical, ItCotBW se pose là, enterrant définitivement les gargouillis de vieilles raclures de rouilles de The Codex Necro. La prod est encore plus propre que sur le précédent, mais elle est cette fois mise au service de compositions beaucoup plus brutales. Anaal Nathrakh est en roue libre, plus violent que jamais, et tabasse d'un bout à l'autre de ces (courtes) 35 minutes. La recette est la même que d'habitude : black, death, grind et tamère, blasts intersidéraux, chant varié (growl, hurlements saturés de maniaque totalement cramé) sur des titres cette fois assez courts.
On notera avec plaisir l'usage plus modéré du chant clair heavy et épique rappelant Ihsahn ou Thebon (Keep of Kalessin) ainsi que ce don (retrouvé) pour conjuguer ultraviolence et mélodies entêtantes. Ajoutez à cela un titre d'album avec "black" dedans, une pochette avec un corbeau, un squelette et une faux et on est en droit de se dire qu'on a là un putain de bon cd.


lundi 20 juillet 2009

Next Life - The Lost Age

Sur le papier, le trio norvégien a de quoi interpeller : "electronic progressive & superviolent", moi ça me fait frétiller. Et de fait la recette marche plutôt bien : guitares stridentes et saccadées, syncopes à la D.E.P, synthétiseurs ROLAND au bord de l'implosion (ils citent Jarre en influence), triturations analogiques, blasts, hurlements, bref les bases sont là. On pense à Converge, Battles, Genghis Tron et bien d'autres, mais putain que cet album est frustrant. 16 pistes ne dépassant que très rarement les 2:00, ça passerait si tous les morceaux étaient en effet "electronic progressive & superviolent" malheureusement on reste assez souvent sur sa faim. Des bonnes idées il y en a à foison, là n'est pas le problème, mais elles gagneraient à être développées, étirées, poussées à l'extrême. Ici tout reste toujours trop sage, on voudrait plus de hurlements, plus de blasts, plus de basses, plus de crissements qui font mal. Digimetal, noise electro ouais ouais, mais c'est bien trop gentil tout ça. Alors oui, parfois on dépasse les 2:00, et Next Life déploie réellement son potentiel mélodique, et un souffle épique assez bluffant (l'excellent Towards Divinity), mais ces sorties sont bien trop rares. B-, non mais.


dimanche 19 juillet 2009

Nekromantix - Brought Back To Life


Qui n'aime pas les zombies hein? Personne. Qui n'aime pas la gomina et le franc tremplin ébène? Personne. La contrebasse endiablée et les choeurs entraînants? No one. Les power trio danois sortis tout droit du cimetière? Personne bien entendu. Ca file, ça secoue, ça grimace et ça bave, toujours à 100 à l'heure dans une grosse Cadillac, entre rugosité punk et déhanchement rockabilly, on se prend presque à regretter d'être né si tard. Et puis franchement, un tel mélange d'eros mignonnet et de thanatos de série B, ça ne peut qu'être bon.