dimanche 31 octobre 2010

Baths - Cerulean / 2010



Baths, j'aurais presque envie de ne pas vous en parler, de jalouser cette perle, de ne pas ternir l'éclat de Mon Précieux en le gardant, rien que pour moi. Baths, il s'est doucement infiltré, depuis plusieurs semaines, et il ne part pas, il prend racine. Au début, il s'agissait d'un coup de cœur, d'un clip magistral, forestier, organique, passant en boucle à toute heure du jour et (surtout) de la nuit. Et puis l'album s'est mis lui aussi en mode repeat, d'abord electronica confortable, bidouilles acoustiques samplées, craquements, tic, glitch, il s'épanouit dans le balancement d'un ambient hip-hop attentionné, dans des opaques nuits shoegaze, dans les branchages d'une pop rêveuse. Cerulean se fait cocon, exploitant des loops mélodiques évidentes et les submergeant de rythmiques complexes et pourtant elles aussi foncièrement naturelles. Les strates, les couches, comme un humus de particules, fondent en une heure le cosmique, l'aquatique et le terrestre, ce qui n'est aucunement troublé par les lignes de chants, parfois enfantines, souvent trafiquées, qui au contraire, étant utilisées comme des loops elles-aussi, renforcent la complexité des morceaux.

Assez parlé, on se tait et on regarde :


samedi 30 octobre 2010

Electric Wizard & Moss @ le Nouveau Casino - 29-10-2010




Voilà, le 100ème post de ce blog est là. Diable, que ça ne passe pas vite. Pour l'occasion revenons sur le passage remarqué à Paris (Nouveau Casino complet) d'Electric Wizard. Mini-évènement en soi puisque ces potheadz se font rare dans notre beau pays.


Le ticket disait 18:30. Heureusement que les pintes à 3,50 (la vie est belle parfois, sisi) nous permettent de tenir jusqu'à 20h, et de chercher dans la longue queue des têtes connues. 20h donc, heure à laquelle commencent de jouer Moss, un trio sludge/doom/drone capable, en studio, du meilleur comme du pire. À savoir se complaire sur un seul riff pendant 10 minutes et emmerder tout le monde, et ensuite se complaire sur un riff pendant 10 minutes en étant accrocheurs et efficaces. Le premier morceau joué hier rentre dans la première catégorie, trop linéaire, lourd comme il faut, lent comme il faut, mais mortellement barbifiant. Le chant hurlé est bon mais c'est au chant clair, sur le second morceau qu'il se révèle plus efficace. Moss nous livre aussi un morceau du LP (EP?) à venir, pas déplaisant.


 

Après une courte pause apparaissent sur l'écran derrière la scène les images d'un film 70's franco-belge dans laquelle une mignonnette brune, nue et apeurée, sanglée à une croix en bois, se fait gentillemment fouetter par une Domina blonde, nue et bien gaulée. Le public apprécie. J'oublie de préciser que tout ça se passe dans une cave. Ensuite, un rituel banal, une décapitation de colombe, Blonde fait boire le sang à Brune, Brune devient elle aussi une sorcière, et pendant tout le concert Brune tente de se taper tout ce qui bouge (j'ai essayé de comprendre, mais avec le groupe devant c'était un petit peu incommode). 
Après la décapitation de colombe (qui plaît encore plus au public) le Sorcier rentre en scène et nous livre un set court et efficace. Witchcult Today, dernier album en date (d'ailleurs, point de Black Masses en vente au merch, certains se rabattront de dépit sur les t-shirt Electric Wizard rose fluo), Witchcult Today donc, est bien représenté, avec le titre éponyme ou Satanic Rites of Drugula. Le son est massif mais raisonnablement fort et on apprécie (sans trop de mal) les soli psyché de Jus Oborn.
En milieu de set, le (très bon) nouveau titre Black Masses ainsi que l'inévitable Funeralopolis, réveillent un peu un public peu motivé, ou peut-être haut comme un cerf-volant. 
Le set très court se termine brutalement et le rappel n'aura pas lieu. Le public ne semble pas plus chaud que ça. Sauf un type derrière moi qui hurle SATURNINE mais je crois qu'il était un peu fou. 
Ce brusque retour à la réalité laisse un goût amer à un concert bon mais pas exceptionnel. Forcément, la joie de pouvoir headbanguer en live sur des titres qui nous bercent depuis un bout de temps est agréable, et la clique british assure, mais le tout manque un peu de matière, de carne... Ni totalement défoncé, ni totalement pachydermique, on aurait aimé plus, plus fort et plus longtemps.

Une bonne idée cependant, a germée dans nos têtes bouillonnantes : bientôt sur le marché, un t-shirt rose fluo avec le logo de Darkthrone dessus. Ouais Guillaume, ça va marcher, c'est SÛR.



mardi 26 octobre 2010

The Third Eye Foundation - The Dark / 2010



S'il était un song-writer à retenir de ses dernières années, ce serait conteste Matt Elliott, qui a su, en l'espace d'une trilogie (Drinking Songs, Failing Songs et Howling Songs) redéfinir la folk en s'ancrant profondément dans les musiques traditionnelles européennes, italienne, grecque ou slave. Expérimentateur de génie, Matt Elliott est cependant avant tout l'homme d'un projet électronique, the Third Eye Foundation, plus ou moins léthargique depuis 10 ans et son génial Little Lost Soul. Aujourd'hui, tTEF revient avec The Dark, un album plus mélodique que les précédents, et fortement influencé par la folk hantée du Bristolien. Encore une fois, il a fait appel à Uncle Vania pour un artwork splendide qui assure une cohérence et une continuité avec l'esprit des ses travaux folk.



The Dark se construit autour de 5 mouvements (entre 4 et 12 minutes) aux atmosphères très denses, presque chargées, encombrées de boucles spectrales, de chœurs des cavernes, de cordes des catacombes, triturées, résonnantes. Elliott égratigne le drum'n'bass en le noyant, maniant avec toujours autant de talent la sculpture du bruit audible, de l'harmonie dans le chaos. L'identité et le style particulier de tTEF sont toujours là, avec ces mélodies classiques relativement lentes et ce goût pour les ascensions sonores, en palimpseste, jusqu'à l'implosion, mais Elliott fait mûrir son projet, forcément plus sombre, définitivement hanté (bis) et intemporel.
Tout l'intérêt de cette musique est ici, dans cette bipolarité, entre les beat nerveux et dansants et l'ampleur symphonique des strates de boucles.


Malgré tout cela, on ne peut s'empêcher de rechercher en vain la sensibilité, la puissance d'évocation des différents Songs préférant à la tempête électronique, l'intimité acoustique et les arrangements éthyliques d'Elliott et de ses albums folk.

Sortie le 8 novembre, dispo en pré-commande ici : http://www.icidailleurs.com/