vendredi 9 décembre 2011

Blut Aus Nord - 777 / The Desanctification



On avait découvert le nouveau visage de Blut Aud Nord en avril dernier, avec l'entame d'une nouvelle trilogie ambitieuse qui pousserait plus loin encore le travail de décortication du black metal initié par Vindsval depuis plus de 15 ans. Le premier opus, 777 Sect(s), était celui de l'exploration franche et violente, de la synthèse rêche des multiples formes qu'avait pu prendre l'entité BAN depuis 1995, déclamée sous la forme d'un black metal industriel implacable qui laissait apercevoir cependant la possibilité d'une autre approche, plus atmosphérique et électronique. 

The Desanctification s'inscrit en effet dans un tout autre registre. Les fulgurances belliqueuses laissent placent à des pistes plus courtes d'où disparaissent les attaques frontales du prédécesseur. Les guitares, socle imposant de Sect(s), sont encore une fois magistrales, d'autant qu'elles peuvent ici s'exprimer au premier plan, surnageant dans un engourdissement indus paradoxalement dansant. La faute sûrement à cette batterie de chirurgien fou, derniers restes d'un passé black metal. Moins violent cet opus central, mais loin d'être plus apaisé. La nausée se transmet ici comme une pâte acide refluant doucement des entrailles d'un monde rocailleux, strate après strate, jusqu'à se vautrer au ralenti dans un trip-hop réanimé d'entre les morts, dont les tentatives mélodiques et aériennes ne sont que passagères, ou trop lancinantes pour être honnêtes. On aperçoit au loin les spectres évanescents de Deathspell Omega et Virus mais lentement, très lentement remaniés dans un doom dissonant au decorum mystique para-religieux. La conclusion de cette sordide histoire arrive en mars 2012 mais ce serait un tort de rater les deux premiers chapitres.



mercredi 7 décembre 2011

Serpent Venom - Carnal Altar



Le disque type qui me donne envie de vous prendre tous un par un et de vous le mettre dans la tête à coup de burin. De vous regarder, mes yeux injectés de sang dans vos yeux injectés de sang et de vous baver à la tête "TU ENTENDS TU ENTENDS" puis de partir en bondissant, uniquement vêtu de ma longue barbe et de ma dague, pour sacrifier une jeune vierge blonde et anesthésiée à l'encens au bois de vétiver et aux bougies de cire noires. Plus occulte que le financement de la campagne de Balladur, Carnal Altar est un manifeste de doom psychédélique et un des albums les plus massifs et les plus bandants de l'année. 


Ulcerate - The Destroyer of All



On avait commencé l'année avec un virus, le death metal parasité de Mitochondrion. C'était il y a presque un an et je commençais à comprendre vraiment ce que pouvait véhiculer le death. Je commençais à voir le potentiel d'évocation et de puissance qui pouvait émaner de cette musique, jusqu'à lors trop souvent dissimulée à mes yeux par la technicité exacerbée et clinique, trop anguleuse. Le manque de carne, de masse, c'est justement ce qu'annihilent Mitochodrion, Diocletian, Impetuous Ritual, Portal, et donc Ulcerate. Tous ces groupes ont su trouver leur propre voie, pour porter le death dans des zones interlopes et inquiétantes en parvenant à allier technique et atmosphère sans qu'aucune des deux n'en pâtisse. 

The Destroyer of All, en bonne place sur l'autel du Grand Bilan 2011, n'est que la confirmation du précédent opus des Néo-Zélandais. Derrière la tourbe sonore, on retrouve toute la richesse qui faisait de Everything is Fire un bon album, avec cette fois encore la volonté d'utiliser la violence et la dextérité des musiciens comme un but et non comme une fin. On ne remarque plus les structures complexes, les dissonances, les syncopes, tout s'efface derrière des strates de sons et de formes. L'agression n'est donc pas mécanique mais réfléchie, et Ulcerate dévoile une palette encore plus étendue qu'il y a 3 ans. Les évocations un peu clichées de paysages dévastés et de scènes apocalyptiques prennent tout leur sens, comme une visite guidée dans le cimetière des éléphants cosmiques, avec le sentiment flou d'assister à la fin de quelque chose d'immense, à la lutte à mort de géants nébuleux sur une planète de cendre. À la fois brutal, par la force des choses, mais étonnamment serein et beau. 



lundi 21 novembre 2011

FoetusFoetus Guest Mixtape #2

Après une première Guest Mixtape au bon goût d'humus et de rougeoiement d'automne, fœtusfœtus accueille cette fois Mondkopf qui a décidé de nous emmener un peu plus loin dans les ténèbres. Cris et Chuchotements, est un bricolage non exhaustif mais fort bien agencé de la carrière d'une figure de la scène black metal (et bien plus) américaine, Jef Whitehead a.k.a Wrest. 

Avant tout connu pour son travail avec Leviathan, il est aussi à l'origine de l'excellent Lurker of Challice [black metal x shoegaze x génie], et participe à des projets tels que Twilight ou Nachtmystium. Il a par ailleurs fricoté -comme pas mal de monde- avec les chevelus de Sunn O))). Moins loin de ses terres électroniques qu'on ne pourrait le penser, Mondkopf nous offre 50 minutes d'apnée dans les circonvolutions glacées du cerveau un peu malade de Wrest, enjoy : 




foetusfoetus mixtape : guest #2 from thelightcarrier on Vimeo.



01 - Leviathan - Merging With Sword, Onto Them

02 - Leviathan - The Remotest Cipher (Beside the Last Breath Vanished)

03 - Leviathan - The Bitter Emblem Of Dissolve

04 - Leviathan - It Comes In Whispers Part : 2

05 - Leviathan - Blood Red And True Part : 3 (Plummeting Obscurity)

06 - Leviathan - Stripped (Depeche Mode Cover)

07 - Lurker of Chalice - Vortex Chalice

08 - Sunn O))) - It Took The Night To Believe

dimanche 20 novembre 2011

Soviet Soviet - Summer Jesus



Après un excellent EP sorti en 2009 qui venait claquer la bise aux grands noms du post-punk en 5 petits titres, les italiens de Soviet Soviet reviennent avec un nouvel EP, Summer Jesus. Comme sur le précédent, on est immédiatement ébloui par la facilité et la précision du groupe et son don de créer des hymnes de post-punk n'ayant de goth que la froideur des instrumentations. Au mécanisme robotique de la musique se greffe l'imperfection d'un chant ardent et humain, pas vraiment joyeux, même plutôt désabusé, mais ayant le mérite d'apporter chair et sang aux humeurs glacées et aux angles des guitares. La basse se taille un chemin vers ta mémoire à coup de faux et les mélodies se propagent plus vite que la fièvre Ébola. J'ai si froid. C'est si bon.



Avichi - The Devil's Fractal




Pénible, cet album d'Avichi. Et long. (Booba dirait "Comme une queue de négro", pas que je ne franchirai pas, je respecte bien trop mes jeunes lecteurs). Pénible et lancinant donc, au long de 7 titres occultes imprégnés jusqu'à l'os par notre ami Satan. On sent bien que ça le tracasse le petit américain derrière ce projet. Le Malin est partout. De l'artwork aux paroles ainsi que dans... les détails. Car si on peut croire après la première écoute, que l'on a à faire à une somme black metal indigeste et fastidieuse, la persévérance effeuille pour nous les multiples couches de chaos sonore et l'on apprend à s'y retrouver dans les structures labyrinthiques des fractales du Diable. La rugosité et les irrégularités qui forment le noyau de l'album sont exactement ce que visait Andrew Markuszewski, programme énoncé dès le titre de l'album. On insiste, on accepte de se faire malmener, et au cœur de la bête on trébuche sur un hymne pervers et exalté à la gloire de la Bête. (Kaivalya Of The Black Magician, tu te souviens, c'était sur la mixtape 2). Exigeant mais pas inécoutable, The Devil's Fractal irradie du souffle ésotérique que portaient en eux les défricheurs du black metal comme Venom et Celtic Frost, tout entier tournés vers le porteur de Lumière, et confirme s'il en était encore nécessaire, que les États-Unis n'ont plus rien à envier à l'Europe en terme de schwarz metal.


Sarabante - Remnants



On se demande où s'arrêtera l'appétit de Southern Lord pour les formations crust-hardcore. Tant qu'ils trouveront des groupes du niveau de Sarabante, sans doute. La recette est toujours la même, hardcore pas content, crust à la glaviouse bien acide, tout ça plongé dans la tourbe. Les athéniens se forgent leurs armes et se démarquent par leur sens de la mélodie sépulcrale et mélancolique ainsi qu'avec un chant hurlé brûlant qui trouve à peine le temps de s'écorcher les cordes vocales sur les courtes décharges brutales que sont les 11 morceaux de Remnants. Plus propres que leurs aïeux de Tragedy, les Grecs parsèment leurs attaques de guitares lead et de phases instrumentales qui sapent un peu l'intensité de Remnants mais permettant de varier un peu les déplaisirs.

Όλα χαλάζι Ελλάδα







À partir de maintenant, vous trouverez un lien bien pratique dans les commentaires. De rien les lapins.

Black September - The Forbidden Gates Beyond



Paradoxalement, foetusfoetus est resté bien muet en novembre, alors que derrière grouille un amas d'immondices qui n'attendent qu'une chose : se déverser en ces pages. Trop occupé à rattraper mon retard avant que ne soit venue l'heure des impossibles bilans, j'en ai oublié le principal : LE PARTAGE. La première offrande qui étrenne ses pages de novembre sera donc the Forbidden Gates Beyond, des américains de Black September.

Tout droit venu de Chicago sur son destrier fou, Black September crache en 36 minutes une belle petite horreur, furieuse et bien fuselée. Les deathsters vernisse leur death suédois d'un feeling necro relativement clean (on est loin des prod USBM) en maniant avec un panache un poil insolent l'art du riff qui fait mouche. Épique comme une course de lévriers enragés, TFGB tatane avec intelligence en évitant les surenchères de blast-beat et l'étourdissement de violence pour privilégier mélodie et efficacité. La basse en fer forgé et le chant féminin surnagent dans cette mélasse noire et marquent un peu plus l'identité de ce jeune groupe qui nous pond ici un effort un peu court mais indéniablement réussi.




vendredi 21 octobre 2011

Death Grips - Exmilitary




I AM THE BEAST I WORSHIP


Bricolage hip-hop assemblé au scotch noir dans le mini-van d'un rôdeur des bas-côtés, la musique de Death Grips s'auto-mutile en serrant les dents, amaigrie par les privations, par la colère et la fièvre. L'avant -garde en treillis fracasse la FM en hurlant dans une boîte de conserve rouillée, appelle à la guerilla sale et pénible. Pensez à M.I.A régurgitée par un Saul Williams des township, ou peut-être à l'oncle pervers noir sous les ongles de Tyler, the Creator. Ça brait, chien, ça se parfume avec l'essence du punk et ça craque une allumette. Haine des flics, rituels antédiluviens, réflexions métaphysiques, tout se brasse et se recrache avec la même férocité. Hardcore insurmontable. 


I AM THE BEAST I WORSHIP


 En téléchargement ici.

L'écoute en streaming est dispo ici : 
Death Grips - Exmilitary by deathgrips



mercredi 19 octobre 2011

FoetusFoetus Guest Mixtape #1

Salut la meute, on est de retour avec une mixtape particulière signée @tenderxbranson , petit être hurleur officiant au sein des très demandés Donkey Punch. De Programme à Interpol en passant par Taake, il nous a préparé une heure de son pour célébrer comme il se doit l'arrivée de la meilleure des saisons, l'automne.




Guest Mixtape #1 from foetusfoetus.blogspot.com

01. Programme - La salle de jeux et la peur

02. Pantha du prince - The splendour

03. Para one & Tacteel - A1

04. Wolves like us - Deathless

05. Dax Riggs - I hear Satan

06. Diapsiquir - Peste

07. Wolvhammer - Snaketongues

08. Taake - Myr

09. Elitist - Ivory shavings of the tools unknown

10. Harm's way - Isolation

11. Trainwreck - Crooked Room

12. Cepia - Untitled III

13. Youth Lagoon - Cannons

14. Friendly Fires - Pala

15. Radius System - Feed Feed Connect

16. Interpol - NYC


(bientôt disponible en téléchargement direct pour pouvoir vous endormir avec)

mercredi 12 octobre 2011

Gallows - Grey Britain

 
Je laisse de côté la petite histoire (premier album - succès - signature sur une major) pour en venir aux faits : Grey Britain est un album de punk-hardcore gominé au rock'n'roll, qui relève le défi d'une œuvre easy-listenning mais ambitieuse. Sing-along, refrains entêtants, et fil conducteur intéressant (la décrépitude de la société anglaise) en font un album riche, maladroit, humain. Grey Britain est un bon album. Tout simplement. Il est pompeux, il est racoleur, et je l'aime exactement pour ça.


Kamni - A.T.O.M.

La conquête de l'espace par l'U.R.S.S ne s'est peut-être pas déroulée comme prévue mais si en 2011 tu veux faire une virée en zero-g, c'est bien chez les russes de Kamni qu'il faut aller voir.
A.T.O.M. s'ouvre en effet sur un des morceaux les plus moelleux jamais composé depuis le Thebes de Om sur God is Good. Comme pour ce dernier, une introduction mystique joue sur les instru indiennes avant d'ouvrir le circuit fermé d'un stoner chill-out plus proche de Sleep que de High on Fire. Ce long instrumental mène vers un morceau de stoner-doom plus classique, Lysergic General, qui semble tout droit sorti du cerveau embrumé de Jus Osborn. Le rappel à Electric Wizard est presque trop évident mais se démarque par des lead un peu plus inspirés et virtuoses que ceux des Anglais. Sur Collapse, le stoner-doom se fait plus flottant encore avec ses lead fuzzés et son mono-riff bien senti qui s'étoffent jusqu'à noyer le chant hurlé dans des frimas opiacés. Un morceau trop court qui chute brutalement sur un instrumental de 15 minutes clôturant l'album comme il l'avait ouvert, avec des mantras chantés s'effaçant derrière le drone d'un tampura et la mélodie lumineuse de cette flûte Bansurî.
Un peu trop court pour se faire un avis définitif sur Kamni, A.T.O.M. est néanmoins assez riche pour nous montrer l'étendue du talent des russes qui, espérons-le, parviendront à trouver leur voie dans cet amalgame d'influences diverses.



mardi 11 octobre 2011

Wolves in the Throne Room - Celestial Lineage



 Je n'ai pas le choix, je dois m'en libérer maintenant pour que vous sachiez dans quoi vous vous lancez : cet album est forestier, organique et éthéré. Voilà. C'est fait, les gros mots sont lâchés, vous ne m'y reprendrez plus. Ce n'est pas la première fois que je vous feinte avec mes disques des bois, mais ici impossible de passer à côté, la démarche musicale des frères Weaver étant étroitement liée à la mystique de leur mode de vie. Loin d'être des écologistes fanatiques, ils s'ancrent dans un retour à la nature, à une liberté primaire et sauvage. Celestial Lineage est donc une promenade nocturne étonnamment sereine dans la forêt la plus épaisse et la plus inquiétante qui soit. Une force fauve s'anime, l'humus grouille, agite les fougères, fait frémir les longs sapins et s'élever la sève vers les cimes, puis plus haut encore. Entre sous-bois menaçants et canopée sereine agitant les étoiles, ce quatrième album de WitTR intensifie l'expérience des précédents opus en jouant à la fois sur le tranchant du black metal ainsi sur un drone aérien, selon eux fortement inspirée par Popol Vuh. (Difficile cependant de retrouver une empreinte musicale franche du groupe allemand, mais plutôt une posture similaire dans l'appréhension des passages les plus cosmiques et célestes de l'album.)


Concluant une trilogie entamée en 2007 avec Two Hunters, CL exprime au mieux cette spiritualité nouvelle que cherchent à atteindre (ou dépeindre) les frères Weaver dans leur musique. Du black metal, WitTR conserve une mélancolie préhistorique ainsi qu'un certain nihilisme : la ville n'existe plus, la société s'effondre, rongée par la mousse. Passéistes, les frères Weaver ? Peut-être, mais s'ils se détournent de la société et de la culture moderne, ce n'est pas pour tomber dans les affres d'un conservatisme nostalgique cherchant refuge dans la religion ou dans les extrêmes destructeurs. Non, s'ils se détournent de la voie bitumée que trace l'humanité contemporaine, c'est pour mieux trouver un sentier autre, loin du consumérisme qu'ils honnissent, une spiritualité ancestrale et primaire qui se roule dans la glaise et les feuilles pour mieux toucher au céleste.


vendredi 7 octobre 2011

Ghost Brigade - Until Fear No Longer Defines Us




Le dark metal dépressif est à la Finlande ce que le black metal est à la Norvège. Doom, death, prog-rock sont secoués Helsinki-steez pour faire advenir un metal bien foutu mais trop souvent paresseux, aboulique et dénué de tout intérêt. Le troisième album de Ghost Brigade, fier héraut du genre, parvient à s'extirper des bourbiers neurasthéniques de ses compères, partiellement certes, mais suffisamment pour que vous preniez le temps de vous y attarder.

Until Fear No Longer Defines Us synthétise et élève toutes les qualités présentes sur les deux premiers albums, qui entraient eux sans aucun doute dans la catégorie laborieuse évoquée plus haut. (Isolation Songs, s'il rivalisait avec les grands noms du genre tels Swallow the Sun ou Before the Dark, était loin du niveau d'accomplissement d' UFNLDU.) Ghost Brigade se livre à un exercice mélodique subtil, assez proche des suédois de Katatonia, en agençant intelligemment rock progressif, death metal et doom. On est tout à fait dans le registre sombre et tragique finlandais structuré autour d'un concept météorologique cher aux post-coreux à savoir calme/tempête/calme/tempête. Les compo sont riches, et c'est sans doute le point fort de cet album qui parvient enchaîner des tubes outrageusement faciles. L'alternance entre passes acoustiques et bourrinage trapu fonctionne pendant 2 bon tiers de l'album mais très vite les limites du groupe ressurgissent : la faiblesse du chant, les grosses ficelles d'un metal jeté en pâture aux complaintes d'un rock-prog FM, bref, tout ce qui faisait des deux premiers albums des disques sans intérêt.

Par chance, Ghost Brigade parvient pour la première fois à faire pencher la balance du bon côté, avec des morceaux imposants émotionnellement, des riffs taillés pour le headbang, et un talent évident pour instaurer des ambiances funestes sans tomber dans les lamentations courantes chez les groupes de doom-death.



vendredi 30 septembre 2011

Youth Avoiders - Demo (2010)



C'est fini. Tu n'es plus un enfant. Maintenant tu cherches du taff, tu t'inscris à la CPAM, la baguette augmente et les clopes aussi. Ta première meuf est enceinte et bientôt mariée à un Kévin juste gentil, pompier volontaire, gros con de père en fils. #seriousbusiness comme disent certains américains moyens. Maintenant et jusqu'à ce que, sur les rotules, tu décides de partir en retraite anticipée, tu vas te lever, aller bosser, boire une bière avec des gens gentils mais que tu ne connais pas vraiment, et puis tu vas rentrer chez toi, acheter un chat et mourir. Je crois que le plan se résume à ça.
Et pour supporter ce long trajet tu as la démo de Youth Avoiders. Tout simplement. D'après les experts on serait face à un garage punk revisitant avec brio le hardcore des années 80, pour ma part j'y entends une bonne alternative au déferlement de hardcore de routier à grosses bouliches trustant mes charts last.fm ces derniers mois. Dépouillée, la musique des Parisiens s'appuie sur un chant crié sans artifice et sur des guitares claires qui alignent de très bons riffs mélodiques. L'absence de toute distorsion n'est en rien une lacune et éclaire tout ce bordel d'une pureté accrocheuse qui te permettra de passer ça en soirée sans te faire insulter. De la musique d'ado pour petits adultes, de la musique d'adultes pour grands enfants, bref, si Fonzy se faisait un tatouage sur le torse, ce serait sûrement "Youth Avoiders". Tu l'as ?

Avant d'écouter les 2 tueries, juste en dessous, sache que les YA sortiront en novembre un EP sur Build Me A Bomb records et Destructure records.



Youth Avoiders by thelightcarrier

vendredi 9 septembre 2011

Youth Lagoon - The Year Of Hibernation

 

Avec Youth Lagoon on risque d'en prendre pour un sacré bout de temps, jusqu'à l'écœurement, alors autant en profiter maintenant, quand le charme désuet de ces petites chansons flotte encore dans une dimension étrange, insaisissable. C'est presque inévitable, on s'en doute tous plus ou moins, la pop lo-fi du jeune homme de Boise est vouée à s'étendre, à grandir. Elle tient en elle cet étrange paradoxe, relevant à la fois d'un amateurisme et d'une innocence confinés à la chambre d'un enfant blafard, tout en se déployant sur de longues nappes dont l'immensité n'a d'égal que la grâce hantée. YL rappelle en cela certains aspects du Cerulean de Baths, micro et macro, ainsi que dans l'omniprésence d'un feeling organique (ça faisait longtemps) qui sent bon l'humus et les haut-plateaux. Les petites structures décharnées et froides s'étoffent, mutent vers le shoegaze, vers une dream-pop soutenue par la voix sous reverb d'un jeune type de 22 ans qui pourrait en avoir 16. La beauté de The Year of Hibernation est d'une telle évidence et d'une telle pureté que je vois mal comment vous pourriez vous permettre de passer à côté. Must-hear.





mardi 6 septembre 2011

New Lows - Harvest of the Carcass



Même ma grand-mère est au courant : le hardcore sombre et très énervé est à la mode. Vous avez pu le lire ici comme partout ailleurs, Southern Lord en a fait son nouveau destrier de bataille, et chaque jour apporte son lot de mecs tatoués braillards, pas vraiment tough guy mais puisant dans le metal (death ou black ou autres) des atmosphères et une inspiration enfiellée. Ce que ne sait pas ma grand-mère, c'est que la plupart du temps, cet engouement est vite démenti par la qualité des-dits groupes. All Pigs Must Die (tout frais signé sur le label de Greg Anderson), malgré un emballage de premier choix, sonne creux et déçoit. Oathbreaker a beau se débattre avec un certain panache, on s'emmerde sec passées 3 écoutes. Et puis il y a New Lows, une tribu de bostoniens qui a décidé de faire cruiser son hardcore, prenant à contre-pied les délires de vieux grind dont souffrent leurs compères de Nails. C'est la même musique qu'ils jouent tous les deux, mais quand l'un opte pour le chaos et la vitesse, l'autre va s'ingénier à tirer les rênes pour mieux baver des breakdown burnés que je ne vous ferai pas l'affront de nommer pachydermiques car ce mot est interdit. Pensez Trap Them et Nails donc, puis oubliez tout et pensez Bolt Thrower, et Discharge. Tout l'album est une punition, une lapidation en règle avec en lieu et place de gros galets des riffs aux dents longues, qui littéralement ne volent pas haut. Le Saint Groove sort de terre, noueux plus que de raison, et je vois dans mon jeu de tarot que tu vas bouger la tête en remerciant tes parents de t'avoir doté d'oreilles.



jeudi 1 septembre 2011

FoetusFoetus Mixtape : Embryon #2

Salut les vauriens,

La trêve estivale touche à sa fin, encore quelques petites notes de bas de pages à ajouter au doux mémoire qui a occupé ce mois d'août passionnant et on se remet au travail. Des milliers de chroniques pertinentes, un peu de sang frais, beaucoup d'amour et peut-être une rénovation de la façade, voilà le programme de cette saison 2011-2012. Et peut-être aussi des stickers pour mettre sur tes buttcheeks, il semblerait que ce soit ça aujourd'hui l'Internet du #partage.


Vous l'attendiez depuis mars, les demandes incessantes sur la page facebook et les appels anonymes s'étant multipliés ces derniers mois, j'ai cédé. Posez vos cartables trop lourds, oubliez qu'Ariane Massenet existe encore, la mixtape #2 est là pour vous serrer très fort dans ses petits bras. 45 minutes de crasse et de grâce, "Au sublime par le putride, au spirituel par l'immondice" comme le dit si bien La Sale Famine de Valfunde.



Partage, retours, critiques sont les bienvenus.

All Hail Mitol  

Et pour emmener le fœtus avec toi partout, clique ici et télécharge en toute légalité. Merci Paulo.






01. ††† - †

02. Warmarch - Warmarch

03. Grazes - Drown In The River Styx

04. Todtgelichter - Café Of Lost Dreams

05. Sarabante - Rain Of Shame

06. Avichi - Kaivalya Of The Black Magician

07. Graf Orlock - Franky; Buying Dog Food

08. New Lows - Stagnant Strides

09. Antares - ...But I'm not sure about singularity

10. De Magia Veterum - Torn Between Ruins, Faith And The Divine

11. Okkultokrati - Walking Sleep, Sleeping Eye

12. Petrychor - Seared, Sundered

13. Youth Lagoon - July

vendredi 8 juillet 2011

Black Anvil - Triumvirate



Celui-ci s'accroche depuis des semaines et ne semble pas décidé à partir. Moderne, le metal des New-Yorkais de Black Anvil n'en oublie pas pour autant ses aïeux et balance l'air de rien un amalgame de grosses mandales et de high kick très variés qui parvient à renvoyer les pauvres petits pipous que nous sommes dans les cordes, tant par sa vélocité que par sa lenteur et ses ambiances.
 Les pères fondateurs sont présents (les mecs connaissent Celtic Frost, c'est flagrant) ce qui ne case pas pour autant  Triumvirate dans la famille grandissante du revival OSDM. Le riffing supra-efficace et lent de Celtic vient s'échouer sur des accélérations qui laissent parfois apercevoir le passif hardcore du trio. Jusqu'à ce que Black Anvil s'essaye au black metal, qu'il dope grâce à une basse ronflante et un don pour les ambiances étouffantes. Bien foutu du début à la fin, Triumvirate c'est le genre de disque qui redonne la foi bordel de cul.



Acephalix - Interminable Night



Je vous présente Acephalix, une grosse fratrie de charognards se repaissant sur les corps encore chauds d'Entombed et de Napalm Death. Acephalix, un monstre sorti tout droit d'un roman de Mary Shelley, assemblage nécrosé de membres crasseux dont la voix d'outre-tombe est le truc le plus flippant que j'ai entendu depuis un bout de temps. Acephalix, tu ne peux qu'aimer. Foncièrement punk, intrinsèquement death, évidemment crust, qui fleure bon la Suède des 90's sans tomber dans le plagiat, qui suinte le d-beat west coast par tous les pores de sa peau verdâtre, le monstre de Frankenstein du metal, la poupée gonflable du metalhead, la lobotomie de fin de journée. Et c'est chez Southern Lord, encore.



jeudi 7 juillet 2011

Book of Black Earth - The Cold Testament



Encore un album qui fait ressortir chez moi cette petite schizophrénie qui démange. Encore un album qui va venir fissurer mon âme déjà malmenée, pour me faire dire tout et son contraire en moins de temps qu'il n'en faut pour écouter ce Cold Testament. (soit 36 minutes)

Le death metal mélodique a cette fâcheuse tendance à décevoir. Depuis que les mecs d'In Flames et de Darkest Hour se sont égarés on ne sait trop où, depuis qu' Amon Amarth est coincé sur son Drakkar, bref depuis un bout de temps. Ici le death mélodique, ce petit frère fragile et un peu précieux, est encastré dans une grosse armure de brutalité, cuirasse black, heaume en metal et bannière hardcore, autant dire qu'il est bien équipé. Oh, l'exécution est parfaite, la production à la fois raw et propre, comme on l'aime, et on se prend à secouer la tête plus que de raisons à chaque morceau, torse nu, le poing brandi, les flammes de l'enfer léchant nos jambes musclées mais gracieuses. Le metal n'est qu'amour. Au milieu de toute cette violence, des riffs mélodiques donc, et c'est là que ça part en noisettes.
 On ne peut s'empêcher, à un moment ou l'autre, de se dire que certains riffs sont quand même foutrement simplets. Que ça sent fort le gros barbu bas du front qui essaye de faire un "passage mélodique", efficace, toujours, mais tellement basique que mon groupe au lycée faisait déjà bien mieux. (On s'appelait Buried Alive, je jouais de la basse, tu nous aurais kiffé).
C'est forcément dommage de se faire chopper en plein vol, alors qu'on y croit, qu'on air-blast comme un goret, et qu'un sous-riff vient nous cueillir comme ça, sans prévenir.
Je sais bien que ce n'est pas Dream Theater (DIE DIE DIE YOU FAGGET) et qu'il ne faut pas s'attendre à des sommets de subtilité avec un groupe de blackened-death, mais tout porte à croire que ces mecs au potentiel monstrueux sont un peu paresseux, et on espère que le prochain sera un peu plus ambitieux.

Ma schizophrénie me force à rajouter que si tu as une voiture, ou si tu prends le métro, ou si comme moi, tu en veux à la Terre entière et à toutes les larves qui la recouvrent, cet album est parfait.

Maintenant chausse ton dentier et prends ça :



Der Blutharsch - Flying High (2009)



Suite et fin de la rétrospective Der Blutharsch avec le dernier album en date, Flying High qui, une fois n'est pas coutume, rompt considérablement avec son prédécesseur.

The Philosopher Stone était une pierre de plus à l'édifice que tente de construire le nouveau Der Blutharsch, il confirmait la direction choisie par le groupe depuis plusieurs années en renforçant le "son" DB, et en en posant certaines balises. Sur FH, Julius continue à explorer cette nouvelle facette psychédélique en inspectant cette fois un aspect plus mystique de son rock halluciné. La musique se ralentit, et les guitares, bien que toujours présentes, jouent plus la carte de la subtilité ou de l'ascension post-rock sinueuse que celle du mur du son. FH est une étrange expérience, un opaque nuage opiacé qui défait les structures pop pour livrer des morceaux planants, piochant dans le garage 60's, le trip cosmique du Krautrock et la sensibilité folk. La musique de Der Blutharsch a la particularité de véhiculer à la fois tout le passif tourmenté du groupe, des textes souvent sombres, des atmosphères inquiétantes, et de les assembler, de les greffer à une nonchalance épicurienne solaire, un feeling stoner tellement perché qu'il en devient insaisissable. Julius est parti très très loin et ça va être bien difficile de le rattraper.

Notez le tag "Rétro Der Blutharsch" qui vous permettra de trouver d'un clic d'un seul tous les articles. 

(Là je te poste le meilleur morceau de l'album, c'est notre petit secret)


Der Blutharsch - V by thelightcarrier

mercredi 6 juillet 2011

Der Blutharsch - The Philosopher Stone (2007)



En septembre 2009, je m'étais lancé dans une rétrospective Der Blutharsch que je n'avais jamais pris le temps de finir. Motivé par l'arrivée imminente d'un nouvel opus du groupe autrichien, je me suis dit qu'il était temps de reprendre cette tentative un peu vaine de définition de l'entité Der Blutharsch là où je l'avais laissée, à savoir en pleine mutation.

Aucun des albums de Der Blutharsch ne ressemble au précédent, et ce depuis les tous premiers enregistrements du groupes, mais, malgré ses différences, The Philosopher Stone s'inscrit parfaitement dans la continuité de When Did Wonderland End?.  C'était déjà clair sur ce dernier, Julius et sa bande étaient parvenus à transvaser toute leur personnalité, leur aura, de l'indus vers le rock'n'roll.  
TPS continue donc à sculpter le nouveau son Der Blutharsch, tout en nuances, amalgame brumeux de rock noir psychédélique et de folk-pop plantureuse. Les chansons sont courtes, répétitives (sans doute un reste de la période martiale de DB) et pourtant très riches. Sur une boucle rythmique et une basse charnues se développent des lead de guitares fuzz, d'orgues 60's, enluminés d'arrangements folk (flûte, violons, tambourin...) et soutenues par un chant que se partagent les différents membres du groupe : complaintes lascives, psalmodies quasi-méditatives, chœurs etc. Apparaissent aussi des touches électroniques discrètes, quelques beat indolents qui se mêlent parfaitement à l'ambiance générale du disque.
Julius a peut-être réellement trouvé sa Pierre Philosophale, celle qui transforme tout en or, celle qui permet à un mec de faire du rock'n'roll sans tomber dans l'illusoire et la futilité, celle qui lui permet aussi de revenir tous les 2 ans avec un grand album.


Der Blutharsch - II by thelightcarrier

vendredi 1 juillet 2011

Planks - The Darkest of Grays/Solicit to Fall


Je crois qu'on la tient la hype des bas-fonds de 2011. Déjà bien frémissante l'année dernière, la bête se dévoile dans la niche graisseuse d'un hardcore/sludge chaotique, empruntant au black metal une imagerie, des ambiances, parfois même un peu plus. Un post-metal noir et varié bâtisseur d'édifices massifs moins monolithique qu'il n'y paraît. Tombs, Alpinist, Baptists, ils sont nombreux à marcher sous la même bannière mais tous pourtant parviennent à sortir du lot. Tous non, il est vrai qu'avant de tomber sur ce Planks, j'ai dû bouffer pas mal de groupes mineurs, sous-Neurosis faussement tumultueux et plus chiants les uns que les autres. Il faut cependant reconnaître que le genre nous fournit depuis quelques mois de nombreuses (et bonnes) surprises. Encore une fois c'est chez Southern Lord qu'il faudra aller voir pour trouver l'album sorti en 2010 ainsi que l'EP sorti cette année regroupés sur un même CD.

Planks donc, est différent. Déjà ils sont allemands, ça compte. Ensuite, si l'influence des désormais momifiés Isis, Neurosis etc. se fait sentir, c'est pour mieux servir l'émotion qu'ils injectent à leurs phases purement hardcore, ce qui est loin d'être le cas pour d'autres groupes actuels qui semblent décidément ne pas se remettre de la déferlante postcore. La musique de Planks est ample et profonde mais toujours sensée, et le riffing alterne grosses bourrinettes et mélodies plus complexes sans faillir. Si l'album s'impose par sa lourdeur, l'EP met lui à l'honneur des titres plus véloces tout aussi réussis. Le chant quant à lui est -comme souvent- un growl classique, typique des groupes de postcore, ce qui pèche un peu sur la longueur mais qui reste tout à fait supportable.

The Darkest of Grays/Solicit to Fall s'impose comme la facette la plus postcore de cette vague de post-metal contemporaine, en apportant aux bases de ces aïeux une noirceur et une rage nouvelle.


jeudi 30 juin 2011

Touché Amoré - Parting the Sea Between Brightness and Me



C'est en rôdant à visage masqué dans des recoins peu glorieux de tumblr (à savoir la zone contrôlée par des hordes à frange d'emo-teen US) que je suis tombé sur des extraits du nouveau Touché Amoré. Il semblerait que le lyrisme teinté de désespoir du groupe de hardcore/screamo touche particulièrement les adolescentes habituellement occupées à poster leurs seins via Instagram.

20 minutes et 13 titres qui m'ont très vite réconcilié avec le screamo. (Oui vous savez, on était un peu fâchés lui et moi depuis qu'Envy joue du Joe Dassin) Très court donc, PtSBBaM se doit de compenser en intensité, ce qu'il fait sans mal, grâce à une production très propre, des titres hardcore mélodiques ardents et surtout ce chant (parfois un peu monotone) qui mène la barque Touché Amoré avec emphase et une certaine affliction assez poignante.

On retrouve en fait deux recettes ici : le passage en force d'une part (chaotique mais pas dénué d'émotions pour autant) et des titres plus calmes de l'autre, où le tempo ralenti permet de faire entrer en scène un piano, des arpèges plus fins et de peaufiner le feeling très sombre de l'album. C'est en cela que Touché Amoré est un groupe sortant du lot des coreux tristes, en parvenant à caser des dizaines d'idées et d'émotions dans des morceaux ne dépassant que rarement les 2 minutes sans que cela soit étouffant ou bancal. Une réussite sans aucun doute.


lundi 20 juin 2011

Peste Noire - L'Ordure à l'état pur



Ça y est il est revenu l'infâme. La Sale Famine est de retour avec le meilleur album français de l'année. Rien que ça. On l'avait laissé à ses délires médiévaux de royco à crête, en se demandant si la Famine en avait encore sous le coude. Pas de suspens, le Peste Noire nouveau est dégueulasse comme un gros beaujolais qui tâche mais continue à cultiver ses paradoxes, en chiant des étrons ignobles dissimulant un talent d'écriture et de composition indéniables. Plus raciste et vulgaire que jamais, toujours plus punk, toujours plus dérangeant, toujours plus drôle aussi.

Peste Noire aujourd'hui c'est un black metal intelligent et complètement flingué, souillé d'indus luxuriant, de passages de bravoure jubilatoires, de musette morte-née. Peste Noire aujourd'hui c'est à la fois la détresse urbaine et la chiasse des grandes villes, l'envie d'un ailleurs forestier et sauvage, et la revendication d'un terroir et d'un nationalo-royalisme fantasmé. Imaginez Les Garçons Bouchers, le punk foireux et franchouillard, qui rassemble les ratés, les maboules, les moches et les chauves, mais cette fois de l'autre côté du spectre, souillé par la sale vermine. Imaginez la précision d'un black metal, les mélodies folk et vous commencerez un peu à cerner la Bête. Impossible de pleinement apprécier l'Ordure à l'état pure sans lire les paroles de Famine, horreurs entêtantes qui parachèvent cet excellent album.



dimanche 19 juin 2011

Tombs - Path of Totality



Troisième album en 3 ans pour Tombs, le trio de vauriens sorti des entrailles de Brooklyn (comme Liturgy et Krallice d'ailleurs) qui continue à batailler au milieu d'un fatras de metal noir et boueux de très très bonne facture, cousin bûcheron de Dragged Into Sunlight, cousin méphistophélique de Zozobra. Si je bossais sur France Inter je dirais que c'est le "coup de cœur du moment". (Si je bossais aux Inrocks je dirais que "le metal sudatoire et la haine glaciale, les petits tubes en fer forgé et les basses en pneumatique jouisseur des 3 américains sont comme des soleils noirs, trop froids et intemporels pour vieillir.")

Path of Totality c'est un amoncellement d'ambiances, d'entrepôts désaffectés, d'arrachage de langue, de sacrifice humain, occulte à la grande nuit, secret mais expansif. Ils ne sont que 3, mais génèrent un chaos digne du doppelganger d'un jeune Neurosis, non plus solaire mais lunaire, enfant terrible du métal noir, bourreau sanglant et incisif.
Malgré un album bien chargé (pratiquement une heure), on est maintenu aux abois par le jeu riche et hétérogène de la batterie, le feeling monolithique du riffing, le don des mecs pour construire chaque morceau comme une déclaration de principe, une déclaration de guerre. C'est l'intérêt principal de ce groupe, qui n'invente rien mais excelle dans l'art de doser, de répartir.



mercredi 18 mai 2011

Aosoth - III



Gloire au Porteur de Lumière mes amis, il leur a montré le chemin, il a creusé pour eux l'Infâme, il les a traînés vers les profondeurs, et il a vu que c'était extraordinairement bon. Oui mes chers petits, encore du black metal, et encore un groupe français. Oui mes chères boules de vice, c'est d'Aosoth dont je vous parle.

On les connaît déjà, oui, on s'est déjà fait malmener sévèrement par les 2 précédents albums, ces murs de bruit noir ultraviolents. Comme moi, mes ouailles inverties, vous n'avez peut-être pas vraiment accroché, à cause d'un manque d'originalité, d'une brutalité vaine, d'un decorum caricatural? C'est possible, tout cela est possible. Ou plutôt était possible. Il faut dire qu'on avait la tête ailleurs, entre Blut Aus Nord et Deathspell Omega... Aosoth ne m'avait jamais paru digne de venir se tenir dans la cour des grands. Et puis III est arrivé. Comme une vilaine bête galeuse, III mord, et ne relâche jamais son emprise. Rien d'excitant, rien d'entraînant, pas de soupirs, pas de dandinement. III est monotone, lent, asphyxié. L'image de la catabase n'a jamais été aussi juste : on creuse perpétuellement, dans une terre noire avec un certain abandon mais sans jamais trouver de poche d'air, de sursis. On croit être arrivé au bout du voyage, mais on se trompe, rien n'est fait, rien n'est joué et les guitares lacèrent un peu plus ce qu'il te reste d'ouïe.

Oui, Gloire au Porteur de Lumière, il leur a montré le chemin, et Aosoth s'est défait de ses gonds, emmenant dans sa fuite le meilleur de ces illustres confrères.



Krallice - Diotima



Symphonie pour géants ombrageux, chaos inextricable, le nouveau Krallice est un chef d'œuvre. Vous trouverez de nombreuses chroniques fouillées, de Pitchfork à je ne sais quel blog obscur, mais je pense que toute cette mascarade est inutile tant Diotima est une évidence. Tant le black metal des origines est ici réinvesti et porté à un tout autre niveau. Tant cet album est immense, effréné, sibyllin.
Peut-être y reviendrai-je un jour en détail, en attendant il n'y a grand chose d'autre à faire que d'écouter cet album en boucle, en espérant ne jamais s'en lasser.



Peste Noire - Ballade cuntre lo Anemi francor



Pour patienter avant un nouvel album à l'artwork ( http://bit.ly/iE3ZDO ) prometteur, revenons un peu sur le dernier effort en date de Peste Noire (ou Kommando Peste Noire), Ballade cuntre lo Anemi francor, sorti en 2009. Peste Noire est avant tout le projet d'un homme, La sale Famine de Valfunde. Pas mal de noms intéressants sont passés par là comme Neige (Amesoeurs, Alcest) ou Sainte Audrey-Yolande de la Molteverge (Amesoeurs) mais Famine reste seul maître à bord de cette triste galère.

Ballade... est l'album le plus à vif de K.P.N, et le plus riche. Certes La Sanie des siècles - Panégyrique de la dégénérescence, le premier album, était un excellent album de black metal français, mais ici on vient se vautrer dans une toute autre fange. La production s'en ressent d'ailleurs puisqu'on est face à l'album le plus crassouille des trois. Crassouille te dis-je.

AU SUBLIME PAR LE PUTRIDE, AU SPIRITUEL PAR L’IMMONDICE

Telle est la devise du groupe, un horizon d'attente que leur musique comble parfaitement. Amalgamant ce qu'il y a de plus laid et de plus bas chez l'homme, Famine fait émerger une étrange beauté. Pourtant il est puant cet album, à la fois médiéval et urbain, paramilitaire et poétique, avec sa musique brunâtre détournant les chants nationalistes ou royalistes dans une sorte de grande farce masquée de la France d'Oïl. Un black metal rance habité par une folie punk bien sale sous les ongles, mais fier et fort malgré la fièvre. Le malin est ici laissé en arrière-plan, en creux, en cœur, au profit d'un nationalisme oldschool (mais alors vraiment oldschool). Peste Noire n'est pas un groupe NS, loin de là, mais un groupe extrême considérant le retour à la terre, l'intégrisme et les préceptes nationalistes comme continuité logique du black metal français. Ce délire malade s'enroule dans un folk cru et érudit.
Ballade est encore une fois un album très littéraire, reprenant un poème de François Villon ou un texte de Verlaine magistralement mis en musique.

L'identité de Peste Noire n'est plus à trouver, Famine a parfaitement su restituer tous les démons qui l'habitent, toutes ses peurs, ses convictions, sa hargne, en en gardant un peu on l'espère, pour l'album à venir.



jeudi 5 mai 2011

Negură Bunget - Poartã De Dincolo



J'ai pas vraiment l'habitude de chroniquer des EP ici mais ça faisait un bail que je cherchais le bon moment pour vous parler de Negură Bunget.  J'ai bien failli ne jamais le faire puisque que le groupe a splitté il y a peu de temps, mais il semblerait qu'ils soient revenus du Cimetière des Groupes Morts et qu'on s'y fasse un peu chier. Un line-up tout neuf donc, qu'on a pu voir à l’œuvre sur Vîrstele Pămîntului (2010), un bon album de black metal de roumain (et ce n'est pas péjoratif) tout païen, tout propre, pas aussi saisissant que le chef d'oeuvre OM mais franchement plaisant. L'EP, bien que proche du dernier album en date, intensifie un peu le propos (sûrement est-ce dû au format court) et on se croirait presque parfois revenu à l'époque bénie du line-up premier. Moi le pagan black, ou le folk metal, je vous l'ai sûrement déjà dit mais c'est pas trop mon truc, je suis pas très flûte et tambourin. Mais chez NB, on touche à quelque chose d'autre, à une Transylvanie nouvelle, loin des clichés du genre, une Roumanie astrale (ouais, Roumanie astrale mec), sublimée. Cet EP ne change rien, il confirme. Il confirme que l'époque de OM est désormais finie, mais que le groupe n'a pas dit son dernier mot.


Deafheaven - Roads to Judah



Après leur très remarquée et commentée première démo, les San Franciscains de Deafheaven nous livrent leur premier véritable album, Roads to Judah. Ces jeunes gens forts bien habillés sont là pour convaincre votre famille que le black metal n'est pas uniquement l'affaire de norvégiens déguisés en sorcières. Enfin, black metal. Je me gausse. C'est vrai qu'il y a ce petit chant de corbeau (tmts), ces riffs polaires et ces blast chéris (un jour je réaliserai un porno uniquement à base de blast <3 ). Mais quand le chanteur, échappé d'un élevage de hipsters du Lower East Side, se met à hurler sur des arpèges volés à Envy, noyés dans des effets à vous en faire regarder vos chaussures, on se rend compte que DFHVN tient plus de l'aurore boréale que de la forêt de conifères. (c'est la plus belle image de la chronique, et je la trouve vraiment juste, d'ailleurs je vais la mettre en gras.)

Ne vous méprenez pas, les broderies emo/screamo sont parfaitement adaptées à la densité de la musique du groupe, on serre le poing et les dents, on mort sa ceinture, on désosse des ours, mais toujours avec grâce et finesse, ce qui est plus qu'appréciable dans ce milieu de gros cons trépanés qu'est le metal. (Je plaisante, je vous aime tous, moi aussi j'ai eu des spike en pâte FIMO sur les bretelles de mon eastpack).

Concrètement, cet album est excellent, vous devez l'écouter.


jeudi 21 avril 2011

Kvelertak - Kvelertak



Il est l'heure de reparler du phénomène. Si tu m'aimes beaucoup et que tu as décidé de relire tous les articles de ce blog depuis le commencement, tu te souviens sûrement d'un post sur Kvelertak, il y a un peu moins de 2 ans. À l'époque malheureusement, pas d'album à me mettre sous la dent, j'avais juste évoqué le "black metal- and thrash-inspired punk rock, with a pop-oriented approach" (c'est eux qui le disent) des norvégiens, en espérant avoir rapidement quelque chose de concret. C'est fait aujourd'hui, et bien fait. Pas de surprises, c'est bien le groupe qu'on avait laissé il y a 2 ans : fondations hardcore-punk, revêtement black metal et laque rock'n'roll. Le tout produit, une fois n'est pas coutume, par Kurt Ballou. 


On pouvait espérer une empreinte black metal plus marquée que ça, notamment à l'écoute des premières démos, mais on gagne ici en efficacité ce qu'on perd en violence. Kvelertak est un groupe solaire, à l'image de Baroness ou Torche, qui tabasse avec le sourire, bonne ambiance, tsé. On fait du metal entre potes, en famille. On retrouve d'ailleurs Hoest (Taake) et Ryan McKenney (Trap Them) derrière le micro.

On préféra mettre de côté l'étiquette de necro'n'roll pour leurs comparses de Lydia Laska (dont le premier album sorti l'année dernière chez Duplicate Records ne m'est toujours pas parvenu, mais qui fera à coup sûr l'objet d'une chronique) y préférant celle d'un blackened hardcore rutilant.


mardi 19 avril 2011

Young Widows - In And Out Of Youth and Lightness



Oh tu risques de le trouver long et apathique ce nouveau Young Widows, surtout si t'avais suivi les conseils du Foetus en écoutant le précédent. Pourtant, je t'assure qu'ils n'ont pas tant changé que ça. Ils ont juste décidé de continuer de creuser. Passés le noise aiguisé, la terre meuble et le sable, ça devient plus difficile d'avancer, plus laborieux. On ramène d'autres outils qu'une simple pelle, on arrange, on réfléchi. Vous suivez la métaphore de la mine? Non? Disons qu'après la plaine, voilà la montagne. On marche moins facilement, ça grimpe sec, mais au final, la vue est bien meilleure quand on est en haut.

Toujours pas? Bon.

In And Out Of Youth and Lightness est un album élégant mais las, colérique mais désespéré. Il faut avancer doucement dans ce dédale de ronces pour en découvrir la richesse, les arrangements, les nuances dans la voix, dans les gammes blues des guitares. Ce n'est pas facile, ce n'est pas agréable, et ce labyrinthe te révèlera autant de squelettes jaunis que d'explosions solaires.

Après t'avoir appris à faire du noise, les mecs te montrent comment le défaire. Avec brio.

The Gates of Slumber - The Wretch




Tu vois ce que je veux dire.



The Gates of Slumber - Bastards Born by thelightcarrier

Blut Aus Nord - 777 Sect(s)



Je vous laisse le soin de vous renseigner sur la genèse et le paratexte de cet album, sur la trilogie inaugurant un nouveau cycle après le chef d'oeuvre MoRT et le retour au source de Memoria Vetusta II... Le texte quant à lui est plutôt simple. 777 Sect(s) est l'album le plus facile de BAN car il fait office de synthèse générale, bien ficelée mais sans surprise. La folie de dissonances qu'était MoRT se retrouve sanglée à une ossature solide, celle des deux albums précédents (et à mes yeux les meilleurs du groupe) The Mystical Beast of Rebellion et The Work Which Transforms God. On a droit à tout ce qui fait de BAN un excellent groupe : marasme indus, décharges haineuses, ampleur cosmique dans les passages plus atmosphériques, et surtout ce malaise, omniprésent. La production est parfaite (on sent un énorme travail sur les voix), et le tout cohérent. Le feeling indus est prédominant, tant dans les leads que rythmiquement, évoquant souvent un Godflesh primaire, un Jesu rampant.  777 Sect(s) renoue avec le grand BAN, un peu éteint depuis MoRT, et annonce une suite plus electro des plus alléchante.


samedi 2 avril 2011

Mondkopf - Day of Anger




Si vous osez parfois ôter votre heaume de barbare métallique pour aller voir ce qui se passe ailleurs, vous avez sûrement déjà entendu parler de  Mondkopf. Vous connaissez alors Galaxy of Nowhere, le second album du glabre et talentueux Paul Régimbau, maniant une electro abstraite et intelligente avec délicatesse et un sens de l'esthétique très poussé. Comme moi, vous avez peut-être émis quelques réserves quant à l'aspect plus dansant de sa musique, y préférant de loin les plages sombres et introverties.

Mais c'était avant qu'il ne soit touché par le Malin. Oui, depuis quelques temps, Mondkopf se transforme. Il n'est pas rare de le croiser lors de cérémonies occultes, il rôde au merch des concerts du Wizard, vénère les Mountain Goats, se prend à rêver d'infrabasses. Il est devenu tout pâle, la tête de Lune, et j'ai entendu dire que les sacrifices humains n'étaient pas rares en backstage. La fin des temps est proche, et Mondkopf semble vouloir s'en faire le messager.

Avant la sortie de son nouvel album, Rising Doom, en mai prochain, il y a eu plusieurs signes annonciateurs de cette métamorphose. D'abord ce live massif à la Gaîté Lyrique, et puis cet EP, Day of Anger (sortie le 18/04). 4 titres menaçants, non plus sombres mais noirs, accompagnés d'un fanzine de 16 pages, The Excuse, regroupant textes et visuels autour du nouvel univers doomesque et torturé de Mondkopf. Peu de choses à se mettre sous la dent finalement, mais un EP encourageant dont vous pourrez célébrer la sortie le 15 avril prochain au Point Éphémère avec (entres autres) les excellents Oneohtrix Point Never. Suivez-le de près.

DOOM OR BE DOOMED

jeudi 31 mars 2011

FoetusFoetus Mixtape : Embryon #1

Salut la meute (ouais toi, et surtout toi, là, derrière)

Inspiré par l'infâme François et son blog déviant, je me suis décidé à vous concocter une mixtape FoetusFoetus. Un bon moyen pour partager ce que je ne trouve pas le temps de chroniquer, mais surtout, et c'est important, j'ai toujours rêvé d'être DJ. Trois bon quarts d'heure de cochoncetés d'hier et d'aujourd'hui rien que pour vous, voilà le programme. J'espère que l'Embryon #1 égaiera vos soirées et apaisera vos chats malicieux (tmts).
Viens donc t'ambiancer les oreilles, tu le sais, foetusfoetus est ton ami.

(Grâce au staff ultra-qualifié et performant de foetusfoetus, la mixtape est aussi dispo en téléchargement pour que tu puisses l'écouter à tout moment : http://bit.ly/i8Wle6  / Merci Paul)





Embryon #1 : 

01. Weapon - Bested In Surplice And Violet Stole
02. Black Anvil - What Is Life If Not Now!
03. The Secret - Bell Of Urgency
04. Zozobra - Emanate 
05. Necrite - Bathing Open Wounds With Shards Of Glass
06. Throats - Failgiver
07. Blasphemophagher - Altar Of Quantum Immortality
08. Ulcerate - Cold Becoming
09. Curse - The Mad Sheperd
10. Rasthof Dachau  - Lest We Remember The Truth 


jeudi 17 mars 2011

Woods of Desolation - Torn Beyond Reason



Du black metal atmosphérique, lent et répétitif, avec parfois des touches folk et un riffing tellement emo/épique qu'on croirait écouter le dernier Envy. C'est vrai, ça fait pas forcément rêver, d'autant que généralement, les mecs œuvrant dans ce style aime étendre leur chanson au-delà de 10 minutes. La neige, le froid, les lacs, le désespoir et les grands sapins noirs, tout ça on commence à connaître. Pourquoi donc écouter ce dernier Woods of Desolation? Déjà parce que le riffing sait faire la part des choses, et que les parties cheesy as fuck sont contrebalancées par des accélérations brutales qui viennent rompre le "rythme de croisière" mid-tempo. Les parties folk sont discrètes et on est loin du pagan black metal et de la ronde à poil autour d'un arbre. Enfin parce que les morceaux sont courts et donc que les excès du style sont nettement limités : à peine le temps de se sentir coupable d'apprécier quelquechose d'aussi niais, que ça blast à nouveau, et quand ça blast, ON AIME BIEN.
Torn Beyond Reason c'est les grandes chevauchées en poney, une peau de louveteau sur la tête, droit vers le soleil couchant, les larmes aux yeux, parce que c'est beau un coucher de soleil. Woods of Desolation, c'est ce petit plaisir honteux, celui d'un black metal dépressif mais easy-listenning, qui donne envie de se couper les veines en caressant des petits chatons.



Trap Them - Darker Handcraft



Vous vous souvenez de Black Breath, dont l'album Heavy Breathing a été salué unanimement l'année dernière, tant par de farouches metalheads, que par des webzine hipster pas mécontents de s'acoquiner un peu avec le Malin. Il y avait de quoi, car le crossover hardcore/thrash/death du groupe nous offrait un des albums les plus groovy de l'année. Certes, on aurait tout aussi bien pu se réécouter tout Entombed, mais la prod graisseuse de Kurt Ballou apportait le petit plus qui faisait sortir les américains du lot.

Trap Them fraye à peu de choses près dans les mêmes eaux sombres que Black Breath. D'ailleurs Kurt Ballou est encore aux manettes. Autre point commun, Southern Lord, qui semble bien décidé à mosher un peu. Au programme, un hardcore chaotique et schizophrène, à la fois proche de Converge (polyrythmie, syncopes) et d'Entombed (son de guitare, riff cendreux et chant) , emmêlé dans un D-beat instable et vengeur. Les mecs se sortent de ce foutoir grâce à leur attitude presque stoner, rock'n'roll, adolescente. Plus violent que Heavy Breathing, Darker Handcraft va même taquiner le grindcore avant de repartir dans un toukatougouda rassurant. Le batteur est monstrueux et la prod de Ballou est...la prod de Ballou. On peut ne pas apprécier ce côté très clean mais on doit lui reconnaître un don au moins : celui d'avoir une patte, et de la poser bien en évidence sur chaque disque qu'il produit.


mercredi 16 mars 2011

Radiohead - The King of Limbs



 Avant même sa sortie, avant même une première écoute, un frisson a fait tressaillir les réseaux sociaux et les autoroutes encombrées des internettes : le dernier Radiohead est mauvais. Depuis, les chroniques sauvages se multiplient, on parle de face-b, de chutes studio, d'album insignifiant, de retour raté (mais payant). Un acharnement presque violent qu'on peut comprendre : Radiohead est devenu incontournable et les bouffées asphyxiantes du buzz donnent la nausée.

Pourtant, du haut de mon donjon, assis dans mon fauteuil de cuir, caressant d'une main gantée un chat persan, je ris. Je ris et me moque, hilare, pensant à tous ceux qui ne comprendront jamais ce disque. Pensant à tous ceux qui ne parviendront pas à déceler le fourmillement de cette pop microbienne, bridée, ornée de toute part, du rococo en dedans, du baroque inverti. Tous ceux qui se demandent "quand est-ce que ça décolle?" Mais mec, pas besoin de décoller quand tu planes déjà. Tu me suis? La toile Radiohead est peinte depuis longtemps. Le gros œuvre, c'est fini, maintenant place au détail. C'est vrai que l'ampleur du geste s'en ressent,  mais c'est le prix à payer quand on cherche à atteindre l'épure, le sublime. D'ailleurs, épurer n'est pas appauvrir, loin de là. Deux touches d'afro-beat, une guitare sèche et des pulsations étouffées, un piano, 3 accords, quelques samples inversés, the King of Limbs regorge de variations, de tentatives, de chemins à suivre. Aujourd'hui, j'ai suivi le sentier tortueux de la basse, le squelette de cet album, magistrale de l'éclosion du rêve (Bloom) au réveil brutal (Separator). Demain je prendrai les pistes herbeuses et effrayantes des guitares... Radiohead s'apaise, mais n'en reste pas moins un groupe torturé, un groupe d'enfants rêvant de forêts infinies, un groupe de gosses  qui croit aux monstres.

Je ris, face à l'évidence de ce disque, face à la simplicité qui effraie, face à cette micro-pop boisée, qui dresse des créatures dans la mousse, nous conte des guerres, des civilisations entières, dans la transparence d'une boîte de Petri.




vendredi 11 mars 2011

Nidingr - Wolf Father



6 petits titres, 22 minutes, pour réaffirmer, comme ça, en passant, que la Norvège reste un gage de qualité en matière de black metal. Depuis bientôt 20 ans, de temps en temps, Nidingr revient pour se dégourdir un peu. C'est propre, bien foutu, assez varié pour qu'on ne s'ennuie pas. Cpt. Estrella Grasa tire son épingle du jeu avec un chant particulier, parfois parlé et très appréciable. Le riffing est intelligent, sachant faire la part belle aux dissonances tout en maintenant une grande part de riffs mélodiques. La prod est clean. Bref, un petit EP pas révolutionnaire, mais qui parvient à ranimer la flamme d'un black metal direct, sans fioritures, juste bon.



jeudi 10 mars 2011

Hakobune - Away From the Lunar Waters



Hakobune est l'œuvre d'un seul homme, le Kyotoïte d'adoption Takahiro Yorifuji. Enregistré en 5 jours, l'album se compose de 6 pistes, 6 errances paisibles dans un courant d'ambient drone improvisées à la guitare noyée d'effets. Parfois, certaines mélodies englouties refont surface, illuminent un temps le paysage, pour mieux replonger dans les strates oniriques dessinées sous nos yeux. La guitare disparaît derrière ce bourdonnement aérien et l'on se laisse facilement envelopper par les douces complaintes poétiques qui dévoilent au fil des écoutes une richesse insoupçonnée. Superbe.



Profanatica - Disgusting Blasphemies Against God



Black Cum
Pious Piece of Shit
Christ's Precious Blood Poisoned
Smashing Religious Fucking Statues
Fuck the Blood of the Lamb
Covered in Black Shit
No Trumpet Shall Sound
Crush All That Is Holy Defile
Excrement Sacrosanct
Angel With Cock

 Il faut bien lire la tracklist pour comprendre. Comprendre que c'est pas le disque de chevet de Ratzinger. Comprendre qu'à part patauger dans la fange, dans une merde noire en se branlant la basse comme jamais, il n'y a pas grand chose d'autre à espérer. Un black metal bas du front, la bave au lèvre, qui fonce dans le tas. Pas vraiment le même registre que Deathspell Omega on est d'accord. Mais cette basse. Cette basse elle rachète tout. Cette basse vient départager Disgusting Blasphemies du reste du troupeaux de brebis galeuses. Elle rampe sur ce disque et le contamine, on n'entend plus que ça, un poison pâteux, une purée qui tartine cette terre morte de gueuseries païennes. C'est bon à vomir.