vendredi 8 juillet 2011

Black Anvil - Triumvirate



Celui-ci s'accroche depuis des semaines et ne semble pas décidé à partir. Moderne, le metal des New-Yorkais de Black Anvil n'en oublie pas pour autant ses aïeux et balance l'air de rien un amalgame de grosses mandales et de high kick très variés qui parvient à renvoyer les pauvres petits pipous que nous sommes dans les cordes, tant par sa vélocité que par sa lenteur et ses ambiances.
 Les pères fondateurs sont présents (les mecs connaissent Celtic Frost, c'est flagrant) ce qui ne case pas pour autant  Triumvirate dans la famille grandissante du revival OSDM. Le riffing supra-efficace et lent de Celtic vient s'échouer sur des accélérations qui laissent parfois apercevoir le passif hardcore du trio. Jusqu'à ce que Black Anvil s'essaye au black metal, qu'il dope grâce à une basse ronflante et un don pour les ambiances étouffantes. Bien foutu du début à la fin, Triumvirate c'est le genre de disque qui redonne la foi bordel de cul.



Acephalix - Interminable Night



Je vous présente Acephalix, une grosse fratrie de charognards se repaissant sur les corps encore chauds d'Entombed et de Napalm Death. Acephalix, un monstre sorti tout droit d'un roman de Mary Shelley, assemblage nécrosé de membres crasseux dont la voix d'outre-tombe est le truc le plus flippant que j'ai entendu depuis un bout de temps. Acephalix, tu ne peux qu'aimer. Foncièrement punk, intrinsèquement death, évidemment crust, qui fleure bon la Suède des 90's sans tomber dans le plagiat, qui suinte le d-beat west coast par tous les pores de sa peau verdâtre, le monstre de Frankenstein du metal, la poupée gonflable du metalhead, la lobotomie de fin de journée. Et c'est chez Southern Lord, encore.



jeudi 7 juillet 2011

Book of Black Earth - The Cold Testament



Encore un album qui fait ressortir chez moi cette petite schizophrénie qui démange. Encore un album qui va venir fissurer mon âme déjà malmenée, pour me faire dire tout et son contraire en moins de temps qu'il n'en faut pour écouter ce Cold Testament. (soit 36 minutes)

Le death metal mélodique a cette fâcheuse tendance à décevoir. Depuis que les mecs d'In Flames et de Darkest Hour se sont égarés on ne sait trop où, depuis qu' Amon Amarth est coincé sur son Drakkar, bref depuis un bout de temps. Ici le death mélodique, ce petit frère fragile et un peu précieux, est encastré dans une grosse armure de brutalité, cuirasse black, heaume en metal et bannière hardcore, autant dire qu'il est bien équipé. Oh, l'exécution est parfaite, la production à la fois raw et propre, comme on l'aime, et on se prend à secouer la tête plus que de raisons à chaque morceau, torse nu, le poing brandi, les flammes de l'enfer léchant nos jambes musclées mais gracieuses. Le metal n'est qu'amour. Au milieu de toute cette violence, des riffs mélodiques donc, et c'est là que ça part en noisettes.
 On ne peut s'empêcher, à un moment ou l'autre, de se dire que certains riffs sont quand même foutrement simplets. Que ça sent fort le gros barbu bas du front qui essaye de faire un "passage mélodique", efficace, toujours, mais tellement basique que mon groupe au lycée faisait déjà bien mieux. (On s'appelait Buried Alive, je jouais de la basse, tu nous aurais kiffé).
C'est forcément dommage de se faire chopper en plein vol, alors qu'on y croit, qu'on air-blast comme un goret, et qu'un sous-riff vient nous cueillir comme ça, sans prévenir.
Je sais bien que ce n'est pas Dream Theater (DIE DIE DIE YOU FAGGET) et qu'il ne faut pas s'attendre à des sommets de subtilité avec un groupe de blackened-death, mais tout porte à croire que ces mecs au potentiel monstrueux sont un peu paresseux, et on espère que le prochain sera un peu plus ambitieux.

Ma schizophrénie me force à rajouter que si tu as une voiture, ou si tu prends le métro, ou si comme moi, tu en veux à la Terre entière et à toutes les larves qui la recouvrent, cet album est parfait.

Maintenant chausse ton dentier et prends ça :



Der Blutharsch - Flying High (2009)



Suite et fin de la rétrospective Der Blutharsch avec le dernier album en date, Flying High qui, une fois n'est pas coutume, rompt considérablement avec son prédécesseur.

The Philosopher Stone était une pierre de plus à l'édifice que tente de construire le nouveau Der Blutharsch, il confirmait la direction choisie par le groupe depuis plusieurs années en renforçant le "son" DB, et en en posant certaines balises. Sur FH, Julius continue à explorer cette nouvelle facette psychédélique en inspectant cette fois un aspect plus mystique de son rock halluciné. La musique se ralentit, et les guitares, bien que toujours présentes, jouent plus la carte de la subtilité ou de l'ascension post-rock sinueuse que celle du mur du son. FH est une étrange expérience, un opaque nuage opiacé qui défait les structures pop pour livrer des morceaux planants, piochant dans le garage 60's, le trip cosmique du Krautrock et la sensibilité folk. La musique de Der Blutharsch a la particularité de véhiculer à la fois tout le passif tourmenté du groupe, des textes souvent sombres, des atmosphères inquiétantes, et de les assembler, de les greffer à une nonchalance épicurienne solaire, un feeling stoner tellement perché qu'il en devient insaisissable. Julius est parti très très loin et ça va être bien difficile de le rattraper.

Notez le tag "Rétro Der Blutharsch" qui vous permettra de trouver d'un clic d'un seul tous les articles. 

(Là je te poste le meilleur morceau de l'album, c'est notre petit secret)


Der Blutharsch - V by thelightcarrier

mercredi 6 juillet 2011

Der Blutharsch - The Philosopher Stone (2007)



En septembre 2009, je m'étais lancé dans une rétrospective Der Blutharsch que je n'avais jamais pris le temps de finir. Motivé par l'arrivée imminente d'un nouvel opus du groupe autrichien, je me suis dit qu'il était temps de reprendre cette tentative un peu vaine de définition de l'entité Der Blutharsch là où je l'avais laissée, à savoir en pleine mutation.

Aucun des albums de Der Blutharsch ne ressemble au précédent, et ce depuis les tous premiers enregistrements du groupes, mais, malgré ses différences, The Philosopher Stone s'inscrit parfaitement dans la continuité de When Did Wonderland End?.  C'était déjà clair sur ce dernier, Julius et sa bande étaient parvenus à transvaser toute leur personnalité, leur aura, de l'indus vers le rock'n'roll.  
TPS continue donc à sculpter le nouveau son Der Blutharsch, tout en nuances, amalgame brumeux de rock noir psychédélique et de folk-pop plantureuse. Les chansons sont courtes, répétitives (sans doute un reste de la période martiale de DB) et pourtant très riches. Sur une boucle rythmique et une basse charnues se développent des lead de guitares fuzz, d'orgues 60's, enluminés d'arrangements folk (flûte, violons, tambourin...) et soutenues par un chant que se partagent les différents membres du groupe : complaintes lascives, psalmodies quasi-méditatives, chœurs etc. Apparaissent aussi des touches électroniques discrètes, quelques beat indolents qui se mêlent parfaitement à l'ambiance générale du disque.
Julius a peut-être réellement trouvé sa Pierre Philosophale, celle qui transforme tout en or, celle qui permet à un mec de faire du rock'n'roll sans tomber dans l'illusoire et la futilité, celle qui lui permet aussi de revenir tous les 2 ans avec un grand album.


Der Blutharsch - II by thelightcarrier

vendredi 1 juillet 2011

Planks - The Darkest of Grays/Solicit to Fall


Je crois qu'on la tient la hype des bas-fonds de 2011. Déjà bien frémissante l'année dernière, la bête se dévoile dans la niche graisseuse d'un hardcore/sludge chaotique, empruntant au black metal une imagerie, des ambiances, parfois même un peu plus. Un post-metal noir et varié bâtisseur d'édifices massifs moins monolithique qu'il n'y paraît. Tombs, Alpinist, Baptists, ils sont nombreux à marcher sous la même bannière mais tous pourtant parviennent à sortir du lot. Tous non, il est vrai qu'avant de tomber sur ce Planks, j'ai dû bouffer pas mal de groupes mineurs, sous-Neurosis faussement tumultueux et plus chiants les uns que les autres. Il faut cependant reconnaître que le genre nous fournit depuis quelques mois de nombreuses (et bonnes) surprises. Encore une fois c'est chez Southern Lord qu'il faudra aller voir pour trouver l'album sorti en 2010 ainsi que l'EP sorti cette année regroupés sur un même CD.

Planks donc, est différent. Déjà ils sont allemands, ça compte. Ensuite, si l'influence des désormais momifiés Isis, Neurosis etc. se fait sentir, c'est pour mieux servir l'émotion qu'ils injectent à leurs phases purement hardcore, ce qui est loin d'être le cas pour d'autres groupes actuels qui semblent décidément ne pas se remettre de la déferlante postcore. La musique de Planks est ample et profonde mais toujours sensée, et le riffing alterne grosses bourrinettes et mélodies plus complexes sans faillir. Si l'album s'impose par sa lourdeur, l'EP met lui à l'honneur des titres plus véloces tout aussi réussis. Le chant quant à lui est -comme souvent- un growl classique, typique des groupes de postcore, ce qui pèche un peu sur la longueur mais qui reste tout à fait supportable.

The Darkest of Grays/Solicit to Fall s'impose comme la facette la plus postcore de cette vague de post-metal contemporaine, en apportant aux bases de ces aïeux une noirceur et une rage nouvelle.