lundi 21 mai 2012

Occultation - Three & Seven




Witchcraft le chante depuis assez longtemps, plus récemment c'est Ghost ou Sabbath Assembly qui nous avait prévenus, la mode est au revival 70's. Black Sabbath en tête de cortège des influences, Occultation s'inscrit totalement dans cette mode poussée à l'extrême, ce mimétisme bardé d'encens et de mystique à capuche en balançant un retro-metal qui tape à la fois dans le doom à la papa, le gothic-rock #d4rk et le psychédélisme gavé de reverb.

La reverb omniprésente est sûrement ce qui va d'ailleurs décourager un grand nombre d'entre-vous. Ça et le fait que la production tente de reproduire un brillant effet de grotte immergée qui repousse les guitares vers des profondeurs abyssales, loin sous des couches d'ondulations qui amollissent l'ensemble et peuvent, au début en tout cas, laisser perplexe.

Three and Seven s'avère en fait être non pas aérien mais aquatique. La force des 2 chants féminins compense le manque de hargne et de lourdeur des cordes et si par malheur on se laisser ferrer par ce chant des sirènes, on peut très vite être entraîné vers des abîmes où il ne fait pas bien chaud. C'est tout le mal que je vous souhaite.



mardi 15 mai 2012

Crocus - Our Memories Dress Me In A Dead Lust





Crocus joue le screamo que joueraient aujourd'hui les anciens membres d'Orchid s'ils étaient liés de manière incestueuse et un peu sale avec The Fall of Troy et Beau Navire. Le talent des premiers pour agréger ultra-violence et mélodie aiguisée dans un seul riff, confronté aux arpèges jazz des espiègles seconds, sans jamais se départir du flegme délicat des derniers. 

J'avais longtemps cherché le frisson d'Orchid dans les nouveaux projets des anciens membres du groupe culte de la scène screamo, mais ni Ampere ni Panthers n'ont su retrouver ce que Crocus semble posséder sans effort, à savoir ce riffing aigu bien particulier et cette violence débridée qui entraîne chaque couplet dans une tempête de caisse claire.

Malgré les appels flagrants à Orchid ou Pg.99, les anglais savent marquer cet album d'une touche personnelle, et notamment par la richesse du jeu des guitares, la précision de la batterie malgré le chaos quasi-permanent, et un mix au poil qui laisse entrevoir la basse juste ce qu'il faut. Compact, maîtrisé, ça sort chez Holy Roar Records et ça s'écoute juste là : 




jeudi 10 mai 2012

1=0 - Forteresse EP





Forteresse fait suite à l'excellent Sec, premier album des parisiens de 1=0. Et comme son prédécesseur, l'EP s'engage dans la veine sèche et coupante du rock français intelligent. A priori je pourrais vous refaire sensiblement la même chronique que pour l'album précédent : compositions recherchées,  textes vifs et phrasé scandé, Diabologum et (Ex)périence en embuscade etc.

Quelques petites nuances cependant sont perceptibles sur les courtes 13 minutes de l'EP. Un chant clair plus classique fait son apparition sur Tue-le avec un morceau rock carré, moins fou que ce à quoi nous avait habitué 1=0 mais assez bien foutu pour mettre en avant la lourdeur et la puissance du groupe. Quatre morceaux qui jouent donc plus sur l'énergie et l'intensité rock que sur les expérimentations. Entêtant, cru, 1=0 est définitivement le visage du rock français actuel , en tout cas celui dont on aimerait se souvenir dans 30 ans.

Toutes les infos ici : www.unegalzero.com


samedi 5 mai 2012

Marilyn Manson - Born Villain



Je n'attends plus rien de Marilyn Manson. J'ai déjà reçu tout ce que je pouvais espérer de lui. Le malaise épais de Portrait of an American Family et Smells Like Children, la géniale trilogie Antichrist Superstar, Mechanical Animals, Holy Wood et même un revirement pop-rock réussi avec Eat Me, Drink Me. Je n'attends plus rien de Manson parce qu'une grande part de la fascination qu'il exerçait sur moi a disparu après Holy Wood, quand MM est devenu humain. Cet album est pour moi le véritable chef d'œuvre de Manson, le point final d'une carrière mouvementée qui a tué l'Antichrist et n'a laissé que cendres et poussière derrière lui.

Après la parenthèse entertainment The Golden Age of Grotesque où Manson assumait pleinement son rôle d'amuseur public et de bête de cirque, il avait réussi à se réinventer en dévoilant pour la première fois son véritable visage, celui de Brian Hugh Warner, dans le romantique Eat Me, Drink Me. Difficile à partir de là de concevoir une suite au projet Marilyn Manson. La perversité, la crasse et la provocation élaguées, il ne reste à Manson que son petit être, ses peines de cœur, ses craintes, celles d'un homme normal, au mieux d'une rockstar égocentrique. L'échec total qu'est The High End of Low a néanmoins le mérite de fermer la parenthèse romantico-Caroll-Burtonienne du plus mauvais goût et vient une fois de plus tuer Manson pour mieux le faire renaître. Le résultat de cette renaissance s'appelle Born Villain.








Je n'attends plus rien de Marilyn Manson car il n'est plus envisageable pour lui aujourd'hui de ressortir les brulôts du passés. Maintenant qu'il est redevenu un homme comme les autres, Manson doit se battre contre la tentation de la facilité et se démerder comme la rockstar qu'il est pour sortir des albums de qualité. Pas des chefs d'œuvre habités, hantés par un souffle mystique, non, juste de bons albums de rock, ce qu'il réussit plutôt bien avec Born Villain. On ne trouve pas de thèmes forts comme auparavant, pas de déguisement, on sent que MM a totalement assimilé la mort de ses avatars et que c'est maintenant lui qui se livre à l'auditeur. Ne reste que la musique.

Born Villain tire un trait sanglant sur la mauvaise pop de l'album précédent et ce dès l'entrée en matière, avec l'enragé Hey, Cruel World... doigt d'honneur toutes guitares dehors, comme une profession de foi, marquant le retour à une musique plus véhémente. Je me représente cet album comme un Mechanical Animals SM, brut, punk, moins ambitieux, mais efficace. On pense aux Stooges (The Gardener), à Killing Joke (Overneath the Path of Misery) et on s'attache vite à ces 14 pistes à la fois très simples mais accrocheuses. On retrouve aussi des morceaux comme Murderers Are Getting Prettier Every Day, pas le plus réussi mais bel exemple de la rage retrouvée et de l'envie d'en découdre du Révérend en 2012. Quant à Breaking The Same Old Ground elle remet au goût du jour les ballades d'Antichrist Superstar comme The Man That You Fear, mais passées au filtre du nouveau Manson rock découvert sur Eat Me, Drink Me.

Le groupe Marilyn Manson n'a rien perdu de son talent pour composer de bons morceaux et on est donc face à un bon album de rock. Reste à savoir si MM plaira autant à ses fan de la première heure maintenant que sa musique à repris une taille humaine, maintenant le supplément d'âme dont je parle souvent a disparu, maintenant que Manson fait du rock, rien que du rock.



vendredi 4 mai 2012

Extra Life - Dream Seeds





Il y a 2 ans, à l'occasion de la sortie de Made Flesh, deuxième album d'Extra Life, je m'étais fendu d'une chronique mathématique où j'essayais de schématiser au mieux la musique du quatuor (aujourd'hui trio) de  Brooklyn. J'en étais arrivé à l'équation suivante :


EXTRA LIFE = (Maynard. J. Keenan + the Shaggs) x (Chevreuil+Battles/Current 93)


Si ce schéma convient à Made Flesh, il va falloir que je trouve mieux pour le concept-album qu'est Dream Seeds, même si les bases sont toujours là. Les sept titres évoluent tous autour d'un thème double, à savoir le rêve et l'enfance, que le groupe malmène et distord en y insufflant cette ambiance mélancolique et sombre, ici encore plus travaillée que sur le précédent opus.

Cette fausse sérénité, cette simplicité enfantine doucement contaminée par une menace sourde, est palpable dès l'ouverture de l'album. La contine acoustique qu'est No Dreams Tonight est vite interrompue par la basse lancinante et les roulements de toms de Righteous Seed, morceau énergique et tendu marquant une direction forte sur ce dernier album, à savoir une posture pop bien plus présente qu'auparavant. Arrive  Little One, un morceau charnière qui malgré une entame classique de ballade piano/voix s'enrichit progressivement d'arrangements de cordes sublimes et offre une fin tout simplement magistrale. 

Là, l'album franchit un cap et Extra Life se pare de sa plus belle pop tout en revenant aux basiques qui ont fait leur succès (et leur identité), dissonances, syncopes, basses agressives et chant lyrique et médiéval improbable. First Song est une pépite de songwriting, les mélodies complexes ne nous ont jamais autant parues naturelles et l'intensité des dialogues entre guitares, synthé et cordes est éblouissante. 

Cette tendance pop (tout du moins dans les structures et les recherches mélodiques) se fait plus discrète sur les deux derniers titres. Blinded Beast, pièce massive d'un quart d'heure est à mon avis le meilleur morceau de l'album. La pop laisse la place à un math-rock asthmatique infecté par des synthés, du clavecin, et marquée par un refrain aux harmonies de voix parfaites. 

Ten Year Teardrop clôt l'album et prouve encore une fois le talent d'Extra Life pour instaurer couche après couche une tension et un malaise, mêlant bruit pur et lyrisme cristallin. 


Un des meilleurs albums de 2012 à n'en pas douter.