mercredi 31 mars 2010

Throatruiner #4 : Quartier Rouge - Les Années lumière

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Quartier Rouge : Et puis dans la famille Throatruiner on a Quartier Rouge. Le fils autiste enfermé à la cave depuis qu'on ne peut plus vraiment le tenir. Depuis qu'il ne sait plus vraiment ce qu'il fait. Mais aujourd'hui, il sort de la cave, il se montre, nu et frêle, il est gênant et met tout le monde mal à l'aise. Enfant surdoué, il est pourtant le plus prometteur de la famille mais il est incompris, son génie se déverse trop vite, il n'a pas le temps de tout dire, de tout expliquer : Cette voix débile, ces cris écorchés, on préfèrerai ne pas le voir, ne pas l'entendre. Ébouriffé, les ongles salis, il sort de la cave, et il nous montre la petite pièce de théâtre qu'il a montée, tout seul, en bas. 20 minutes d'une représentation barbare, cynique et débridée, rongée à l'acide, qui pue l'urine et la consanguinité. Une leçon.


Throatruiner #3 : Plebeian Grandstand - How Hate Is Hard To Define

 

Plebeian Grandstand : Eux on commence à bien les connaître, ils nous avaient déjà prévenu il y a deux ans avec un premier EP (The Vulture's Riot), revoilà le chien fou de la famille, le bâtard malade qui tente d'échapper à la violence linéaire d'un Nesseria en se tailladant les riffs à coup dissonances, en se laissant aller à des délires mathcore stridents. De la musique de chien, pour les chiens, par les chiens, la bave écumante et rouge souillant cette scène extrême française que j'évoquais précédemment. How Hate Is Hard To Define, tu ne l'écoutes pas en sautant partout comme un con. Non, tu t'assoies, tu fermes ta gueule et tu subis.


Throatruiner #2 : Nesseria - s/t


Nesseria, des Orléanais cette fois. Impossible de ne pas penser au Converge des débuts, plus violent peut être, plus direct en tout cas. Plus sombre aussi, beaucoup plus sombre. La recherche ici n'est pas dans la variation et la richesse des ambiances mais dans la tension continuelle, l'ascension pénible vers ce qui peut se faire de plus direct en terme de musique violente. Le propos est primaire mais extrêmement jouissif.


Nesseria plays Trauma in Germany

NESSERIA | MySpace Music Videos

Throatruiner #1 : Huata - Open The Gates Of Shambhala

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Ça fait un petit moment que ça dure, un poke innocent sur facebook, un tweet discret, quelques vidéos, mais ça y est, ce matin j'ai compris. Une illumination, une épiphanie : ils sont tellement 2.0 qu'on ne peut leur échapper, et leur but est de nous trépaner, tous jusqu'au dernier. Oui, en détaillant mes charts last.fm, en auscultant le contenu de mon ipod nano protection cuir de vache, j'ai Vu : L'empreinte poisseuse de Throatruiner records était partout. Quatre groupes, découverts (pour ma part) plus ou moins au même moment. Quatre poulains de Throatruiner. Quatre minichroniques.


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Le premier, Open The Gates Of Shambhala de Huata.

Huata, des bretons biberonnés au Sabbath évoluant dans un sludge doomy parés de tous les apparats propres aux satanistes de leur espèce : sorcières, inverted crosses, crânes et crucifixion, tout ça en tons sépia. Les rennais ne révolutionne rien du tout, ils s'enfoncent dans la vase et nous entraînent avec eux. Leur son, c'est Kristian Keyboard Production (Warsawwasraw) qui s'en est occupé. On l'en remercie, du son caca à souhait comme on aime. L'album est à télécharger en intégralité sur le myspace du groupe.

dimanche 28 mars 2010

Triptykon - Eparistera Daimones


Fondamentalement, ce premier album de Triptykon n'est pas mauvais. Il est même excellent. Le problème c'est qu'il n'y a aucun intérêt à le chroniquer. Triptykon, pour ceux qui suivaient pas pendant le cours, c'est la nouvelle formation de Thomas Gabriel Fishcher, l'homme à l'éternel combo Bonnet/Eyeliner, qu'il a formé sur les cendres encore toutes froides de Celtic Frost. Il nous avait prévenu, Triptykon s'inscrirait dans la droite lignée du son de CF 2.0, à savoir le CF de Monotheist, dernier album magistral sorti en 2006. Pari réussi pour Fischer qui nous livre ici une copie conforme de Monotheist, peut être un poil plus véloce. C'est donc forcément réussi, les ambiances sont maîtrisées, les riffs simples et efficaces, et Fischer remplit la galette jusqu'à la gueule, pour finir en apothéose sur une piste de 19 minutes. Mais rien ne surprend, rien n'interpelle vraiment. On prend son pied, on bouge la tête, mais on connaît déjà. On pardonnera à Fischer ce manque de prise de risque, en se disant qu'après plus de 20 ans au sein de CF, la transition peut prendre un peu de temps. On pardonnera ce clone réussi en espérant qu'il ne s'agit ici que d'un règlement de compte final avec le passé, en se disant que le prochain album ne pourra qu'être différent. Fingers crossed. 


dimanche 21 mars 2010

Young Widows - Old Wounds

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Je sais pas si un son de guitare m'avait autant bastonné que ça depuis ma découverte d'Unsane. Old Wounds est un hymne aux basses sadiques, aux guitares masochistes, aux futs secs et méchants. Les Young Widows ont ça dans le sang, "they got addicted at an early age", addict aux rythmiques pesantes comme un vieux bluesman, aux riffs vrillés et lancinants de Clockcleaner, aux délires vocaux plein d'écume de David Yow. 
Le camarade Ballou, pour enregistrer cet album, à suivi le groupe en tournée, piochant ici et là dans leurs prestations live et mélangeant le tout à des prises studio, pour arriver à un résultat très très très vilain. Un gros son live donc, plus ample que la plus ample de tes copines, qui sait se montrer véloce et plombé à la fois, sorte de Fugazi culturiste et enragé, en chemise de bucheron s'il vous plaît. Rarement au dessus de 3:00, les 11 titres de l'album raclent sèchement pour tailler dans le roc une masse noise rock éprouvante, véritable otoscopie au burin.


re-up involontaire, sorry

samedi 20 mars 2010

Homostupids - The Load

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Ils sont sales.
Ils jouent fort.
Ils jouent dans leur garage.
Ils s'enregistrent avec un recorder playskool.
Leur dernier méfait est sorti sur le label de Lightning Bolt et Clockcleaner.
Ils ont un nom absurde.
Des artworks rivalisant d'absurdité avec leur nom.
Leur style, c'est du shitgaze.


Ça donne pas envie?

The Dillinger Escape Plan - Option Paralysis


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Et moi qui croyait que tout le monde se touchait sur Ire Works. Apparemment non, certains ont comme moi senti la baisse de régime et le manque d'âme d'un album décousu dans le mauvais sens du terme. Ire Works, c'est un peu les chutes d'un Miss Machine, hargneux mais rachitique et prévisible, là où son prédécesseur héroïque venait rompre avec le passé (pour le bonheur de certain et le malheur de beaucoup, Calculating Infinity restant le chef d'œuvre inégalable pour de nombreux adeptes). Option Paralysis quant à lui était parvenu à aiguiser plus que de raison mon attention avec un single colossal (Farewell, Mona Lisa), ample bourrasque de plus de 5:00 et condensé parfait du nouveau DEP, dans la droite lignée de Miss Machine mais bien plus metal.

Les 5 premières pistes s'enchaînent sans véritables ruptures, avec d'une part des morceaux ambitieux (souvent supportés par un refrain au chant clair) et des titres plus courts, sortes de ricochets frénétiques agrémentés d'expérimentations en tout genre (Endless Endings nous gratifie même d'une session free-samba, pas moins.). Arrive ensuite Widower qui introduit la nouvelle donne de DEP : le piano. Et pas n'importe quel piano. Celui de Mike Garson, claviériste pour Bowie, Trent Reznor ou les Smashing Pumpkins. Piano-voix donc, pour entamer ce très riche morceau construit autour d'une ascension progressive vers un déchirement final littéralement paralysant. Morceau charnière, Widower bascule vers une deuxième moitié d'album impétueuse démontrant que DEP assure quand il ralenti la cadence (Room Full of Eyes) mais aussi quand il se lance de manière débridée dans la mêlée (Chinese Whispers, I Wouldn't if You Didn't). Billy Rimer (le nouveau batteur) est magistral et bombarde subtilement (sic) d'un bout à l'autre de l'album. Option Paralysis se clôt sur une piste plus lumineuse (à défaut d'apaisée) et mélodique à base de samples et de boucles inversées, toujours soutenus par le jeu de Garson.

Il ne m'a pas été facile de dépasser ce premier titre magistral, difficile en effet de captiver l'auditeur après un chaos dès le premier round, mais Option Paralysis en vaut vraiment le coup, mutant parkinsonien, à l'image des artworks du groupe, fiers hérauts d'un metal dont la technicité ne gâte en rien le lyrisme.


vendredi 19 mars 2010

Appollonia - Blank Solstice



Ils n'ont pas beaucoup de chance les mecs d'Appollonia. Déjà parce qu'ils ne rentrent dans une aucune case. Ou plutôt parce qu'ils essayent de rentrer dans toutes. Du coup on les retrouve généralement labellisés post-hardcore, souvent screamo. De temps à autres un barbu les affuble de l'étiquette sludge. Depuis Blank Solstice on peut aussi rajouter pop. Vous voyez un peu le topo, la liste de noms désormais bien rabâchés est inévitable : on pense énormément à Impure Wilhelmina, puisque comme les Suisses, les bordelais atteignent des sommets de mélodie tout en restant dans une violence et un matraquage parfois bovin (les premières secondes de Iota). Si tant est qu'il en existe une, Appollonia s'inscrit dans cette école Française métissant tout un panel de musique violente, screamo, hardcore, sludge etc.(de Celeste à Daïtro en passant par Aussitôt Mort, Time to Burn, Tang, voire même les plus hargneux Amen Ra) (oui, nous aurons bientôt annexé la Belgique).
 Les trois lascars savent donc faire bouger des cervicales, de manière presque primaire (To nameless sons, Acrobat, A Landscape of its Own) puis, c'est un peu leur patte, caler entre deux hurlements des passages à la guitare claire, souvent incendiés par un spoken word déchirant. On pouvait leur reprocher des envolées lyriques trop factices qui venaient ternir la fougue de leur musique (vous êtes des coreux, tabassez et arrêtez de chouiner) mais on sent aujourd'hui qu'un véritable travail a été fait pour rendre plus fluides leurs compositions. On aime ou pas leur côté pop, pas toujours pertinent (Chalk Outlines me fait penser à du bon Mickey 3D, à vous de voir) mais on ne peut nier la véritable identité que ce sont créé les mecs au fil des ans. (Un manque d'identité que votre serviteur critiquait avec grande sévérité il y à de ça 5 ans.)

Blank Solstice marque l'entrée de ces juppéistes chevronnés dans la cour des grands, on espère juste que la suite osera plus, repoussera plus de limites et sera un peu plus malsaine. Faites nous mal s'il vous plaît.


Dispo chez MusicFearSatan pour les curieux.

TV Ghost - Cold Fish


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 Je pense sincèrement que les mecs de TV Ghost sont morts. Qu'ils ne jouent pas leur musique mais qu'ils la décomposent, qu'ils la bavent sans envie. Un mois que Cold Fish tourne, un mois que je me pose des questions : Comment une musique rythmée et soit-disant dansante peut-elle autant anesthésier et paralyser? Filtrant Jesus Lizard par les mailles d'un post-punk inquiet, le quatuor de Lafayette ne pourrait se limiter qu'à jouer les déconstructeurs no wave bruyants biberonnés à Suicide. Morts, ils le sont sûrement, sortes de pantins horror punk/psychobilly, le décalage et le sourire en moins. Les orgues et l'écho permanent accentue le ressac de surf rock gâté, avec toujours l'arrière-goût de vermine fielleuse type Clockcleaner. 10 titres, 25 petites minutes dissonantes faussement dansantes donc, qui comme les meilleurs cauchemars, parviennent à malmener nos repères. 25 petites minutes comme une catabase interminable.


mardi 9 mars 2010

The Souljazz Orchestra - Rising Sun


Diantre qu'il est bon ce Rising Sun! Fichtrement langoureux, diablement dansant ce quatrième album des TSO. Savant dosage d'afro-beat fébrile (référence aux Egypt 80 et à la famille Kuti inévitable), d'ethio-jazz exalté (certains titres portent l'empreinte de Mahmoud Ahmed) et d'une larme de muzak lounge flirtant avec le kitsch. La contrebasse entêtée s'accroche à ses trois notes qu'elle va répéter jusqu'à la démence, les cuivres magistraux brament puis chuchotent, soutenus par une myriades de percussions tropicales qui finissent de nous perdre. On ne sait plus trop où on est, hagard en plein jet lag entre Addis-Abeba et Rio, avec James Brown dans la soute et Mulatu Astatke en steward. Rising Sun est d'autant plus appréciable qu'il est empreint d'un mysticisme forcément afro, animiste et radieux qui doit faire des concerts de l'orchestre de véritables cérémonies hypnothiques. Les mecs de Nova doivent être priapiques depuis un mois et ils ont raison. Ah tu voulais du easy listenning sans corpsepaint? En voilà!


lundi 8 mars 2010

Pantha du Prince - Black Noise


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Quand on en vient à parler musique, mes amis (je vous hais tous btw) m'affublent de deux surnoms. Ayathollah du rock'n'roll et Nazi élitiste chronic'art. Si seulement ils savaient... Loin d'être élitiste, je suis exigeant, et encore, certains trouvent sûrement ce blog un poil trop mainstream. Pantha du Prince dans tout ça? Eh bien le petit Pantha s'est pris une vilaine fessée dans le Chronic'art du mois dernier. Si je suis assez souvent en phase avec leur ligne éditoriale, je dois admettre qu'en musique je les trouve un peu mou du genou les gaillards. "Connectés" certes, voire même un poil trop "branchés". Du coup, voir un album à la si belle pochette (qui, je ne vous le fais pas dire, sent bon la sève de pin, le clapotis paisible blablabla) se faire humilier par Olivier Lamm, ça m'a quelque peu intrigué. Et j'ai bien fait, croyez-moi car ce disque est fantastique. Alors oui Olivier, je t'entends déjà (je sais que tu me lis frippon) me disant que je ne connais rien à la scène techno minimal de Detroit, que je ne connais pas les travaux antérieurs de PandiPantha, soit. Je ne connais d'ailleurs rien à la scène techno tout court. J'ai écouté Pills quand j'étais au collège (et encore j'ai jamais vraiment compris ce que ça faisait sur ma compil total techno 1999) et plus tard Plastikman. Et puis c'est tout. Alors pour toi Olivier, Black Noise est un gâchis gluant et emmerdant? Je ne me suis pas ennuyé une seule seconde, j'ai aimé l'apparition de basses caoutchouteuses rebondissantes qui m'ont rappelées le Rebotini analogique de Music Components, j'ai aimé ces hi-hats discrets, piste de danse en mode cocooning, repliée sur elle-même. Même les morceaux qui me semblaient mal engagés (Satellite Sniper) trouvaient un souffle en se dévoilant. Peut être pas un souffle mais un soupir, car cette musique n'est pas que minimale, elle est aussi miniature (rien de péjoratif ici). Nous ne flottons pas dans l'espace mais dans une goutte d'eau. Comme une goutte d'encre noire tombée dans un verre d'eau. En me renseignant un peu sur Black Noise, j'ai appris qu'Hendrik Weber s'était isolé au beau milieu des Alpes Suisses pour enregistrer du matériel sonore qui lui a servi à créer. Créer quoi? Une musique aquatique et (attention ça rime) organique comme une transe primaire, avant même que l'homme ait eu des pouces opposables, à l'époque où on rampait encore dans les eaux sombres de nappes phréatiques, avant même qu'on ait nos petites nageoires. Rien que des petites étincelles de vies luminescentes au milieu d'une immensité obscure.

mardi 2 mars 2010

Darkthrone - Circle the Wagons

 Circle the Wagons


Cette fois c'est certain, on ne les retrouvera jamais. On le sentait déjà, mais maintenant on en est sûr. Petit à petit rongés par la rouille le rock'n'roll rampant, nos deux iroquois ont quittés la civilisation. Retour à l'état sauvage, là d'où ils viennent, là où ils vont crever. On le sentait déjà depuis The Cult is Alive, qu'ils nous échappaient un peu. Chaque album depuis lors n'a fait que briser les chaînes qui entravaient la musique de Darkthrone. De plus en plus crust, de plus en plus punk, de plus en plus rock'n'roll. Insouciants, bestiaux, primitifs, Fenriz et Culto ont trouvé leur voie. Difficile maintenant  de voir un autre avenir pour cette formation culte. Au rythme d'un album  tous les 15 mois, au rythme de 10 hymnes rocailleux par album, les papes du Black Metal ont tracé leur sentier, sans regarder en arrière, sans se soucier de quiconque. Fuck off and die. Non, ils ne nous sortent pas le même album depuis 5 ans, comme j'ai pu le lire ailleurs. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Darkthrone évolue toujours, chaque fois plus putride et viscéral. S'ils œuvrent toujours dans leur necropunk marqué du sceau de l'humour et de la dérision, jamais leur musique n'a été aussi sérieuse. Darkthrone joue la facilité, c'est indéniable, mais il le fait avec tant d'engouement, de conviction et d'honnêteté qu'on ne peut qu'admirer cette charogne infâme, en attendant notre nouvelle dose.