jeudi 30 juin 2011

Touché Amoré - Parting the Sea Between Brightness and Me



C'est en rôdant à visage masqué dans des recoins peu glorieux de tumblr (à savoir la zone contrôlée par des hordes à frange d'emo-teen US) que je suis tombé sur des extraits du nouveau Touché Amoré. Il semblerait que le lyrisme teinté de désespoir du groupe de hardcore/screamo touche particulièrement les adolescentes habituellement occupées à poster leurs seins via Instagram.

20 minutes et 13 titres qui m'ont très vite réconcilié avec le screamo. (Oui vous savez, on était un peu fâchés lui et moi depuis qu'Envy joue du Joe Dassin) Très court donc, PtSBBaM se doit de compenser en intensité, ce qu'il fait sans mal, grâce à une production très propre, des titres hardcore mélodiques ardents et surtout ce chant (parfois un peu monotone) qui mène la barque Touché Amoré avec emphase et une certaine affliction assez poignante.

On retrouve en fait deux recettes ici : le passage en force d'une part (chaotique mais pas dénué d'émotions pour autant) et des titres plus calmes de l'autre, où le tempo ralenti permet de faire entrer en scène un piano, des arpèges plus fins et de peaufiner le feeling très sombre de l'album. C'est en cela que Touché Amoré est un groupe sortant du lot des coreux tristes, en parvenant à caser des dizaines d'idées et d'émotions dans des morceaux ne dépassant que rarement les 2 minutes sans que cela soit étouffant ou bancal. Une réussite sans aucun doute.


lundi 20 juin 2011

Peste Noire - L'Ordure à l'état pur



Ça y est il est revenu l'infâme. La Sale Famine est de retour avec le meilleur album français de l'année. Rien que ça. On l'avait laissé à ses délires médiévaux de royco à crête, en se demandant si la Famine en avait encore sous le coude. Pas de suspens, le Peste Noire nouveau est dégueulasse comme un gros beaujolais qui tâche mais continue à cultiver ses paradoxes, en chiant des étrons ignobles dissimulant un talent d'écriture et de composition indéniables. Plus raciste et vulgaire que jamais, toujours plus punk, toujours plus dérangeant, toujours plus drôle aussi.

Peste Noire aujourd'hui c'est un black metal intelligent et complètement flingué, souillé d'indus luxuriant, de passages de bravoure jubilatoires, de musette morte-née. Peste Noire aujourd'hui c'est à la fois la détresse urbaine et la chiasse des grandes villes, l'envie d'un ailleurs forestier et sauvage, et la revendication d'un terroir et d'un nationalo-royalisme fantasmé. Imaginez Les Garçons Bouchers, le punk foireux et franchouillard, qui rassemble les ratés, les maboules, les moches et les chauves, mais cette fois de l'autre côté du spectre, souillé par la sale vermine. Imaginez la précision d'un black metal, les mélodies folk et vous commencerez un peu à cerner la Bête. Impossible de pleinement apprécier l'Ordure à l'état pure sans lire les paroles de Famine, horreurs entêtantes qui parachèvent cet excellent album.



dimanche 19 juin 2011

Tombs - Path of Totality



Troisième album en 3 ans pour Tombs, le trio de vauriens sorti des entrailles de Brooklyn (comme Liturgy et Krallice d'ailleurs) qui continue à batailler au milieu d'un fatras de metal noir et boueux de très très bonne facture, cousin bûcheron de Dragged Into Sunlight, cousin méphistophélique de Zozobra. Si je bossais sur France Inter je dirais que c'est le "coup de cœur du moment". (Si je bossais aux Inrocks je dirais que "le metal sudatoire et la haine glaciale, les petits tubes en fer forgé et les basses en pneumatique jouisseur des 3 américains sont comme des soleils noirs, trop froids et intemporels pour vieillir.")

Path of Totality c'est un amoncellement d'ambiances, d'entrepôts désaffectés, d'arrachage de langue, de sacrifice humain, occulte à la grande nuit, secret mais expansif. Ils ne sont que 3, mais génèrent un chaos digne du doppelganger d'un jeune Neurosis, non plus solaire mais lunaire, enfant terrible du métal noir, bourreau sanglant et incisif.
Malgré un album bien chargé (pratiquement une heure), on est maintenu aux abois par le jeu riche et hétérogène de la batterie, le feeling monolithique du riffing, le don des mecs pour construire chaque morceau comme une déclaration de principe, une déclaration de guerre. C'est l'intérêt principal de ce groupe, qui n'invente rien mais excelle dans l'art de doser, de répartir.