mardi 24 avril 2012

Unsane - Wreck



Vingt ans que les mecs d'Unsane gravent péniblement leur blues urbain et saignant sur de la cire salie, plus de vingt ans aussi qu'ils s'entêtent dans une sorte de monotonie frustrée et colérique sans jamais pourtant faire de faux pas. Plus qu'un simple groupe, Unsane est une entité étroitement liée à la ville, à la crasse gory, à la vie de ses membres. C'est sûrement ce qui explique à quel point les mecs ont du mal à s'en détacher quand ils partent à l'aventure dans leurs side-project respectifs. Que ce soit avec Celan ou avec Pigs, l'ombre gluante et coagulée d'Unsane n'est jamais loin.

Par rapport à l'intensité de Blood Run ou à l'amplitude de Visqueen, Wreck peut sembler se construire légèrement en creux. Le pari de tenir une ligne directrice depuis des années et de ne jamais en dévier est à la fois ce qui fait advenir les meilleurs titres du trio et ce qui peut décourager certains auditeurs. Heureusement, Spencer et sa bande s'autorisent quelques sorties hors-sentier avec une balade bluesy et puissante (Stuck) et un titre ovni cynique et rigolard (Ha ha ha).

S'ils ne se sont pas assagis, les trois rôdeurs d'Unsane ont sans nul doute profité de leurs aventures extra-conjugales pour enrichir leur musique, intense et maîtrisée.



Pigs - You Ruin Everything






Après Whores., Pigs. Après Ruiner., You Ruin Everything. Et comme pour la chronique précédente, on reste dans un registre de rock noisy sinueux et sale finalement assez proche d'un grand nom du genre : Unsane.

Cette comparaison tout à fait pertinente me permet de retomber sur mes pattes avec grâce en vous apprenant que derrière Pigs on retrouve en fait Dave Curran, le bassiste d'Unsane. Oui, cette chronique est rondement menée. Curran, non content de nous avoir livré un Unsane 2012 que certains ont paraît-il qualifiés de flabistouflant, revient accompagné de Jim Paradise (Player's Club, Freshkills, Hellno) et Andrew Schneider (le producteur de Converge, Cave In, Made Out of Babie et, surprise, Unsane) pour remettre le couvert.

On peut se mettre d'accord pour dire qu'Unsane et Pigs sont deux sales gosses crasseux qui jouent dans la même cour, mais il est clair qu'ils ne jouent pas au même jeu. Moins en retenue que les illustres premiers, Pigs frappe fort et sans détour. Hardcore, punk, poussière, noise, alcool, sludge, stoner, rock, chiffon dans la bouteille, médiator entre les dents et zippo à la main, Pigs jouent à foutre le feu à Big Black et à Shellac. (Je sens le regard sévère d'Albini dans mon dos à chaque fois que j'écoute You Ruin Everythin.)

Pigs nous montre en fait le visage plus groovy et mélodique d'Unsane (dont le dernier effort, Wreck, ne devrait pas tarder à être chroniqué ici-même). Ça sort en vynile chez les français de SOLAR FLARE Records et ça s'écoute juste en dessous : 




lundi 23 avril 2012

Whores. - Ruiner.



Whores. Ruiner. Sec comme un coup de Jesus Lizard dans les genoux. Un court EP de 5 titres frontal et percutant. Jesus Lizard donc, moins taré mais plus carré, hargneux, heavy. Unsane et Helmet avec les poils de torse de Will Haven, le groove pilé, le sludge huileux. Ruiner. Whores.


mardi 10 avril 2012

Lord Mantis - Pervertor



A priori je ne devrais pas avoir grand chose à rajouter. Vous avez vu le nom du groupe, le nom de l'album, vous vous êtes sans doute attardés sur la magnifique pochette de Justin Bartlett et sans attendre vous allez lancer le player en fin de chronique pour voir ce que ça donne.

Je ne pense pas avoir à vous dire qu'ici la crasse est reine. Que le blackened sludge d'un Dragged Into Sunlight n'est qu'une excuse pour creuser jusqu'au cœur froid de Celtic Frost. Oui oui ma caille, Celtic Frost. Tu ne trouves pas ? Derrière le souffle reptilien et la chaleur tellurique de gros riffs poilus et parfois neurosiens, ne serait-ce pas en fait tout le groove cadavérique helvete qui s'immisce ? La présence de membres de Nachtmystium et (surtout) d'Avichi en est d'ailleurs une preuve suffisante.

Tout ça ne sent pas très bon, et on reste enfoncés jusqu'aux genoux pour une bonne moitié d'album dans les remugles épais d'une riffaille enrouée qui ne se met véritablement en branle que sur les dernières pistes. Réussir à recouvrir le squelette glacé du thrash de Celtic Frost d'une épaisse couche de fèces fumantes et de peaux de bête encore ruisselantes de sang chaud, c'est le pari poétique et risqué (et réussi) qu'a pris Lord Mantis. Sale.



Burzum - Umskiptar





Des deux derniers albums de Burzum, (Belus en 2010 et Fallen en 2011) j'avais avant tout retenu la simplicité primitive d'un art brut, comme si Vikernes avait besoin de faire un point sur sa musique après de longues années passées loin d'un genre qu'il a contribué activement à définir. La prise de risque était minime mais ces deux albums n'en prenaient pas moins la forme d'un manifeste. Le Comte Grishnack nous avait d'abord livré un album guerrier avant de peaufiner son propos dans Fallen en amenant ce qui semble être la nouvelle touche Burzum, à savoir de longs passages de narrations, de poèmes récités et de chants clairs.

C'est d'ailleurs ainsi que s'ouvre Umskiptar avec "Blóðstokkinn" et son spoken-word fleuri qui amène tout en douceur l'excellent "Jóln", parfaite extension de Fallen. Un morceau répétitif, mélodique et lent, imprégné de paganisme sauvage qui annonce un album intéressant. Et pourtant, très vite, on s'emmerde. Là où la répétition dans Belus et Fallen servait la musique, ici elle semble vaine et inaboutie. Difficile pourtant de noter une différence cruciale entre la livraison de 2012 et les précédentes, mais quelque chose ne va pas, une connexion nous échappe et on décroche assez vite.

coucou ;))))     © M.C.


Cet album est trop lent. Aucun morceau pris individuellement n'est vraiment mauvais (même si plusieurs sont fortement dispensables). D'ailleurs j'écoute volontiers cet album, mais chaque fois mon attention s'échappe ailleurs, et Umskiptar s'étire jusqu'à n'en plus finir. (Le dernier tiers de l'album est un supplice si l'on essaye de tout écouter d'une traite.) À trop vouloir explorer le côté atmosphérique de son black metal, Vikernes s'est quelque peu égaré et il manque à Umskiptar non pas un supplément d'âme (ce truc dont je parle souvent et qui fait d'un bon album un chef d'oeuvre) mais plutôt d'une flamme.

Je ne parle pas ici de violence ou de colère (qui ne sont pas nécessaires pour faire du bon black metal), disons plutôt que la musique de Burzum manque aujourd'hui d'une feu plus vivace, d'une volonté plus forte. Le concept de vieille europe et de retour aux racines du peuple norvégien tient sûrement très à cœur à Virkernes mais ne se suffit pas. Espérons que le cru 2013 sera autrement plus intéressant.



mardi 3 avril 2012

GGUW - Gegen Gravitation und Willensfreiheit





J'emmerde les chroniques et les chroniqueurs, j'emmerde les descriptions plates et les triviales histoires de production. J'emmerde le black metal et j'emmerde les mecs qui vénèrent Euronymous ou Vikernes comme de nouvelles idoles. Il n'y a pas d'idoles, pas de culte, pas de vernis. Le black metal n'existe pas. Cette musique malade jusqu'à l'os est morte le jour où elle est née. Cette musique était morte avant même d'être née. J'emmerde la Norvège, j'emmerde la forêt, j'emmerde les loups et tous ces clichés. C'est fini la neige, c'est fini les croix inversées pour faire peur à mamie.

La seule vérité de cette musique elle tient dans 3 titres sans nom. J'emmerde le decorum, j'emmerde GGUW, de toute façon on ne les entendra plus. Le seul membre connu de ce putain de projet est mort le 10 mars dernier. Voilà où on en est.