Le premier album des minets/lads from Sheffield était dansant. Point. Rien de bien folichon, de la fougue boutonneuse, quelques ballades neuneu, bref, pour l'originalité on repassera.
Leur second album m'avait un peu fait tendre l'oreille. Un peu, puisqu'à quelques détails prêt, la recette était la même. Nos pauvres britons du nord exploitaient à grand coup de brit-rock énervé-mais-gentil le filon (plus que rentable) qui les avait vu intronisés relève du rock'n'roll par une presse unanime et toute mouillée. Un peu comme les Strokes, sauf que leur premier album était bon (un détail qui compte).
Et puis il y a ce troisième album. Humbug. Et là, la donne n'est plus du tout la même. Fini la grisaille emmerdante de Sheffield, on embarque pour les Amériques et on va composer dans le désert chez notre pote/producteur/rouquin préféré : Josh Homme. On laisse pousser les cheveux et la barbe, on enfile notre plus beau t-shirt du Sabbath et surtout, on arrête les morceaux de retardés pour dance floor. Les Arctic Monkeys ne vous feront pas danser cette année et c'est tant mieux. La cadence se ralenti sérieusement, le chanteur, s'il conserve son accent poisseux, ne crie plus en permanence et se permet de judicieuses descentes dans les graves.
Derrière la console, Josh fait des miracles : il donne une épaisseur, une âme au son des singes. Les guitares fantomatiques habillent une base rythmique basique mais pertinente, les chœurs discrets (Homme pousse quelques gémissements de temps à autres) enrichissent des compositions plus alambiquées qu'avant (attention hein, ça reste pretty easy listenning, faut pas déconner) et les orgues hypnotiques finissent le boulot en nous emmenant décidément bien loin des briques rouges d'une suburb anglaise.
A l'exception d'un titre emballé digne des premiers albums (heureusement rattrapé par un pont instrumental d'une lourdeur jouissive) le reste de l'album tend vers un rock désertique aux relents de QotSA, de ballades hantées qui sentent le grenier et la poussière.
Cet album est loin d'être une complète réussite. Il arrive qu'on s'ennuie, qu'on grimace (le chant est parfois imblairable, notamment sur DANGEROUS) mais Humbug recèle aussi plusieurs petites pépites qui se dévoileront progressivement et qui ont le mérite de mettre à jour un nouveau visage des Arctic Monkeys, un peu moins putassier, un peu moins facile, bien plus intéressant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire