lundi 13 février 2012

Cold Body Radiation - Deer Twilight



Black metal is the new black. Les corpsepaint pullulent, Pitchfork dissimule difficilement son érection à l'évocation de Liturgy et toutes les filles de bonne famille s'initient à Darkthrone pour ressentir le frisson de l'interdit originel que provoquèrent à une époque les déhanchements d'Elvis. Loin de l'élitisme et du trvisme qui animent encore pas mal de ses amateurs, le black metal entre depuis quelques années dans une phase nouvelle. On pourrait en écrire des pages, argumenter sur les effets positifs ou non de cette dissolution du sens et des valeurs premières qui étaient partie prenante de cette musique tout à fait particulière. Mais en tant que passionné, l'envie de vous faire découvrir de la bonne musique passe avant ce petit pincement au cœur que je ressens quand je vois un pan non négligeable de mon identité musicale jeté en pâture aux infidèles, pour le pire mais aussi parfois pour le meilleur.
C'est pourquoi, si le black metal vous intrigue vraiment, et si vous souhaitez vous initiez doucement au mouvement le plus riche et le plus complexe du metal moderne, je ne peux que vous conseiller de suivre les jeunes Lave Noire, entité bicéphale ayant pour but la promotion du metal noir au travers des Internet. #winkwink

Et c'est là que Cold Body Radiation rentre en piste. Ce groupe est l'incarnation de ce que j'évoquais plus haut, à savoir la dissolution du black metal dans d'autres genres, d'autres voies. Chez Cold Body Radiation, un one-man band néerlandais, on a décidé de faire du post-rock pour amateur de black metal. Ou l'inverse. Toujours est-il que les premières écoutes m'ont laissé perplexe. Deer Twilight est un bon album de post-rock shoegaze mélancolique, maîtrisant à la fois les longues phases aériennes comme les saillies un peu plus véloces. Alors pourquoi cette classification black-metal quasi-systématique ? Tout d'abord car le premier album de CBR (The Great White Emptiness, 2010) en était nettement plus inspiré, ensuite parce qu'on retrouve en effet, parsemé sur l'album, quelques phases de blast et de chant hurlé indéniablement black metal, noyées par les guitares shoegaze et les violons. N'étant pas un grand amateur de post-rock des bois fleurant bon les oiseaux et l'ennui, j'ai construit mon écoute de cet album autour de ces moments de violence (tout du moins d'emballements) pour finalement me retrouver complètement sous le charme.

 Les 2 premières pistes sont trompeuses, avec leur post-rock bien foutu, assez intelligent pour s'énerver un minimum, comme savait si bien le faire Mogwai. Le black metal pointe le bout de son nez avec The Night Reveals et son riff roi qu'on croirait tout droit sorti du dernier Alcest et l'apparition d'un discret chant black. Plus franc encore, A Concept Of Forever, qui amène pour la première fois une véritable rythmique et une construction black metal même si l'état d'esprit lui, conserve ce côté lumineux et mélancolique qui baigne tout l'album. Cold Body Radiation garde du black un sens de la mélodie ainsi que la détresse, le désespoir du chant. On oublie les racines de cette musique, on oublie le côté grim et necro qu'on aime tant pour saisir un autre élément fondateur du black metal à savoir le mélodieux et l'épique : une autre manière de rendre hommage au metal noir.


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