lundi 7 février 2011

Dernière Volonté - Immortel



La frontière entre génie et bouffonnerie est ténue, tout comme l'est celle séparant la coquetterie de la classe, ou la candeur de la niaiserie. Combien d'entre vous se sont parfois réveillés en pleine écoute d'un album de Vive la Fête en se demandant s'ils ne venaient pas de passer du côté obscur de la pop? Dernière Volonté joue dans la même catégorie que le duo belge, en flirtant constamment avec les sirènes du kitsch, les sonorités les plus cheap, les mélodies tellement pop qu'elles en deviennent évidentes. La démarche est cependant bien différente et c'est là que s'arrêtent la comparaison. Fondamentalement DV s'ancre dans une esthétique intellectuelle et littéraire, romantique même, et le travail sur les textes est incomparable avec les platitudes lascives (et géniales) de Vive la Fête.

Dernière Volonté - Mon Orage by thelightcarrier

Pour vous le (re)situer un peu, Dernière Volonté est un projet de musique néoclassique indus en treillis, et la métamorphose progressive du groupe en une entité pop ne fut pas du goût de tous. Du passé martial, il ne reste ici que de pâles vestiges (encore moins présents que sur Devant le Miroir, 2006) notamment ces roulements de caisse claires et cette rigueur robotique. Aujourd'hui, DV fait de la new-wave froide et poétique, de la synth-pop corsetée dans ses origines eighties, la patte Geoffroy D. en plus, c'est à dire ce chant particulier (inévitable comparaison à Etienne Daho), cette utilisation des roulements de tambour et puis l'orgue, désincarné, très présent sur Immortel. On est loin de la meute actuelle de groupes en cartons grattant les carcasses déjà bien rongées des Cure et de Joy Division, ici l'héritage 80's se jouent dans ce que la décennie avait de plus mécanique et romantique, à la fois austère et enlevée.



Bien que certains tentent encore aujourd'hui, sûrement par nostalgie, de voir en DV un groupe de military-pop, il faut se rendre à l'évidence, la transformation est terminée, et Immortel, bien que combattif n'évoque plus vraiment les champs de bataille. Il subsiste néanmoins une plaisante ambiguïté, entre les textes romantiques et les orchestrations rigoureuses et puissantes.
Pour en revenir à cette frontière entre sensibilité et ridicule, beaucoup d'entre-vous seront rebutés par le chant français, par ce côté dansant malade à fleur de peau, mais je n'aurais alors qu'à citer un des groupes phares des années 80, et je vous dirais que Dernière Volonté est fait pour danser avec des larmes dans les yeux.

3 commentaires:

  1. Pas encore écouté l'album... comment le situeriez-vous par rapport à "Position Parallèle" ?
    Je pense que "Devant le mirroir" était l'album le plus abouti de DV.

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  2. Immortel est (musicalement) bien plus serein, bien plus apaisé (et bien moins rapide) que Position Parallèle, le chant est plus mélodique, plus recherché (on sent que Geoffroy y travaille). Je suis d'accord, Devant le miroir était l'album le plus abouti. On verra si Immortel tient sur la durée, mais on peut regretter (bizarrement j'ai oublié de le préciser dans ma chronique) la stagnation de DV, l'album est plus pop que le précédent, plus jusqueboutiste dans la démarche, mais dans l'ensemble, il est interchangeable d'avec DlMiroir.

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