Entité bien mystérieuse que I Am A Lake Of Burning Orchids. Trois sorties cette année, rien que ça, et un projet apparemment déjà avorté. Le (très jeune) homme derrière tout ça serait déjà passé à autre chose, et on va devoir digérer tout seul la somme que représentent Summer In My Veins, Morning / Hands, et Innocence.
Summer In My Veins
Première incursion et knockout immédiat avec Summer In My Veins. On a souvent parlé d'Amlux comme étant l'hommage au doom rendu par le pape du noise, Merzbow. On a aussi évoqué l'hommage au black metal qu'était Black One de Sunn O))). Ce schéma est aussi vrai pour SIMV qui peut être vu comme l'hommage noise rendu au screamo. D'ailleurs IAALOBO dit s'être principalement inspiré pour cet album de la musique de I Wrote Haikus About Cannibalism In Your Yearbook (dont certains membres jouent dans Beau Navire, la chronique précédente, tu vois, tout est réfléchi ici, on fait pas les choses à moitié.) Un album noise qui s'amuse à faire du screamo ça donne un shoegaze abrasif très bruyant et extrêmement riche, fourmillant de mélodies dream-pop qu'il faut savoir dénicher derrière le bruit blanc, et de hurlements que les fan de Fuck Buttons devraient apprécier. SIMV est une journée d'été caniculaire imprégnée d'une mélancolie adolescente, d'une nostalgie accentuée par les titres et les interludes parlés. Cet album est une déception amoureuse, un recueil de regrets et de larmes, un vrai trauma s'exprimant par la superposition de strates jusqu'à l'étouffement.
Morning / Hands
Morning / Hands change du tout au tout et nous propose 5 titres plus apaisés et ambient. Les séquelles de SiMV s'y traduisent par la présence de hurlements et du titre noise d'ouverture mais tout s'estompe très vite au profit de longues nappes electro beaucoup plus propres. Rien à voir avec le brasier des débuts, ici la nuit tombe doucement et la dream pop dissimulée jusqu'alors fait son apparition de manière plus franche. M/H est l'EP crépusculaire et aérien, (le bonhomme aux manettes le considère comme un album de voyage) et joue parfaitement son rôle de transition vers l'album nocturne qu'est Innocence.
Innocence
Cette dernière offrande de IAALOBO est, sinon la plus violente, tout du moins la plus sombre. Le compositeur y retranscrit une période trouble de sa vie, un épais brouillard de drogues et de night clubs froids où le noise se pare d'atours techno démembrés et de glitch irréguliers. On oublie la dream-pop et le noise solaire, Innocence est un massacre, une boucherie mécanique qui recrache la musique de club, la passe au filtre de ses horreurs, de ses cris, de ses chuchotements. Le romantisme des deux premiers opus cède sous les coups de boutoir d'une boite à rythme impétueuse qui cherche un peu moins à plaire, et oeuvre dans le chaos le plus total. Musique de machine qui tente de te faire croire que tu vas danser mais qui s'écrase la seconde d'après dans un amalgame d'acier et de néons cassés. Innocence signe l'arrêt de mort de la techno et clôt avec force une des expériences musicales la plus passionnante de 2011.
Si vous ne deviez en retenir qu'un, je vous engage à écouter Summer in My Veins, à la fois l'album le plus éprouvant mais aussi le plus riche. Mais il n'y a vraiment aucune raison pour que vous n'en reteniez qu'un. Aucune.
Les deux premiers albums sont disponibles gratuitement ici, pour le dernier, tu le trouveras où tu sais.
Les deux premiers albums sont disponibles gratuitement ici, pour le dernier, tu le trouveras où tu sais.
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RépondreSupprimerUn belle chronique, mais je crois que si j'écoute le morceau d'affilé je vais me percer les tympans
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