vendredi 4 mai 2012

Extra Life - Dream Seeds





Il y a 2 ans, à l'occasion de la sortie de Made Flesh, deuxième album d'Extra Life, je m'étais fendu d'une chronique mathématique où j'essayais de schématiser au mieux la musique du quatuor (aujourd'hui trio) de  Brooklyn. J'en étais arrivé à l'équation suivante :


EXTRA LIFE = (Maynard. J. Keenan + the Shaggs) x (Chevreuil+Battles/Current 93)


Si ce schéma convient à Made Flesh, il va falloir que je trouve mieux pour le concept-album qu'est Dream Seeds, même si les bases sont toujours là. Les sept titres évoluent tous autour d'un thème double, à savoir le rêve et l'enfance, que le groupe malmène et distord en y insufflant cette ambiance mélancolique et sombre, ici encore plus travaillée que sur le précédent opus.

Cette fausse sérénité, cette simplicité enfantine doucement contaminée par une menace sourde, est palpable dès l'ouverture de l'album. La contine acoustique qu'est No Dreams Tonight est vite interrompue par la basse lancinante et les roulements de toms de Righteous Seed, morceau énergique et tendu marquant une direction forte sur ce dernier album, à savoir une posture pop bien plus présente qu'auparavant. Arrive  Little One, un morceau charnière qui malgré une entame classique de ballade piano/voix s'enrichit progressivement d'arrangements de cordes sublimes et offre une fin tout simplement magistrale. 

Là, l'album franchit un cap et Extra Life se pare de sa plus belle pop tout en revenant aux basiques qui ont fait leur succès (et leur identité), dissonances, syncopes, basses agressives et chant lyrique et médiéval improbable. First Song est une pépite de songwriting, les mélodies complexes ne nous ont jamais autant parues naturelles et l'intensité des dialogues entre guitares, synthé et cordes est éblouissante. 

Cette tendance pop (tout du moins dans les structures et les recherches mélodiques) se fait plus discrète sur les deux derniers titres. Blinded Beast, pièce massive d'un quart d'heure est à mon avis le meilleur morceau de l'album. La pop laisse la place à un math-rock asthmatique infecté par des synthés, du clavecin, et marquée par un refrain aux harmonies de voix parfaites. 

Ten Year Teardrop clôt l'album et prouve encore une fois le talent d'Extra Life pour instaurer couche après couche une tension et un malaise, mêlant bruit pur et lyrisme cristallin. 


Un des meilleurs albums de 2012 à n'en pas douter.



1 commentaire:

  1. Un infini merci pour cette découverte, qui est sans nul doute mon coup d'organe creux et musculaire qui assure la circulation du sang de l'année. C'est superbe. C'est vraiment, vraiment superbe.
    Arrêtez de nous proposer des trucs si bons, je ne prend même plus le temps de chercher des disques, je me contente comme une larve assistée de venir ici. Et c'est comme ça que des discours politiques sordides naissent. Je ne vous dit pas complètement bravo du coup, mais presque.

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