samedi 23 juin 2012

HELLFEST 2012 - DAY THREE





Il fait très chaud dans Jérémy. Pour rappel Jérémy c'est le camping-car. Il est 10:30 et je suis le seul réveillé dans Jérémy. Hier il fallait préparer les sandwich au jambon alors on est arrivés sur le site à 16h, du coup aujourd'hui je la joue solo et c'est seul que j'entame le long trajet qui me mène vers le premier concert de la journée.

De ces 25 minutes de marche je retiendrai avant tout le plaisir de marcher de nouveau en Converse, ainsi qu'un magistral coup de soleil sur la nuque. Le soleil est revenu et cette dernière journée est de loin la plus agréable du week-end.





La boue plus ou moins sèche libère désormais des exhalaisons que mes 15 années passées en Sarthe profonde ne rendent pas étrangères mais bien familières : ça pue la bouse et l'urine. À défaut d'urine de bovin cependant, c'est plutôt de la bonne pisse tiède de metalhead qui ruisselle de chaque recoin du site.  Il n'est pas rare de croiser des mecs en cercle autour d'une flaque en plein milieu d'une allée se soulageant gaiement. C'est aussi ça le Hellfest : beaucoup d'amour.

Alcest


J'avais hâte de voir ce que donnait Alcest en live, tout en me demandant si Neige trouverait son public dans la masse chevelue plus prompte à chanter Reign in Blood que Percées de Lumières. Le groupe de post-rock/shoegaze teinté de black metal, responsable des magnifiques Souvenirs d'un autre monde ou Écailles de Lune s'est  fendu d'un nouvel album en janvier dernier, Les Voyages de l'Âme, accentuant encore plus l'aspect onirique et lumineux de ses compositions, les rares parties purement metal (cris, blast-beat) se faisant plus discrètes que sur le précédent opus. Le set d'Alcest est à n'en pas douter le plus calme de tout le festival mais on constate très vite que la très bonne réputation du groupe au sein de la scène metal se vérifie encore aujourd'hui. On part donc pour une quarantaine de minutes d'une musique atmosphérique et douce qui même quand elle monte en intensité conserve une poésie assez déconcertante après 2 jours de brutalité. Un bon moyen de commencer la journée.

Liturgy


Fiasco, flop, catastrophe. Le bide est total. Déjà pas bien convaincu de l'intérêt de ce groupe sur album, l'expérience du live aura fini de me convaincre. Enfin elle aura surtout fini par me faire partir, chassé par la boite à rythme hideuse recouvrant les trilili suraigus et les cri de deux mecs qui ont l'air de se faire autant chier que leur public clairsemé. Mets ton manteau on s'en va.




Forgotten Tomb


J'ai découvert Forgotten Tomb alors que la formation n'était pas encore un groupe de scène. L'album Springtime Depression tournait en boucle chez moi. J'adorais cette noirceur et cette tristesse pure, plus doom et cristalline que Darkthrone, plus épurée qu'Emperor, les seuls groupes de black que j'écoutais à l'époque. Encore une fois je suis un peu déçu par la tournure heavy prise par le groupe il y a quelques années, et qui se vérifie bien sur scène. C'est bien foutu, lourd comme il faut, mais ça ne me parle plus trop. Next.





Acid King


À vrai dire je n'ai pas vraiment vu Acid King, juste entendu. Comme pas mal de monde, on a décidé d'assister au concert au soleil, assis dans l'herbela terre. Et ça convenait parfaitement au stoner-doom psychédélique des San Franciscains.


Anaal Nathrakh


Le groupe le plus pipou de tout le fest à n'en pas douter. J'avais adoré In the Constellation of the Black Widow, qui mixait parfaitement l'ultraviolence du groupe anglais avec des refrains chantés épiques, mais j'étais resté sur ma faim avec son successeur, Passion. Cependant néanmoins en revanche, j'avais hâte de savoir si le talent du groupe à faire sonner le chaos en studio n'allait pas rendre une bouillie immonde en live. Résultat mitigé : niveau engagement et présence sur scène, le défi est relevé (sachant que le groupe ne tourne que très peu, uniquement en one-shot et refuse toujours de se lancer dans des vraies tournées), en terme de clarté c'est différent. Je parviens à apprécier les morceaux que je connais, pour le reste c'est un peu plus confus. On aura aussi droit à un extrait du prochain album.





Dying Fetus


On enchaîne directement avec un autre type de brutalité sourde : Dying Fetus. Je n'avais jamais vu ces légendes du death avec un line-up à ce point réduit mais jouer à 3 ne semble poser aucun problème au panzer qu'est Dying Fetus. Technique, brutal, excellent.


Pentagram


Vue l'énorme claque qu'a été le concert de Saint Vitus, j'ai décidé de ne rater aucune des formations doom/stoner/heavy/ qui se produirait sur la scène de la Valley. Avec Pentagram on n'est plus dans l'antique mais dans le néolithique. Les mecs font figure de précurseurs du doom, avec un heavy metal/stoner lourd à en décorner un bouc. Les douves de pisse bordant les abords de la scène ne nous empêche pas d'assister à un set bien rôdé au groove indéniable malgré la dégaine de grand-mère un peu folle du chanteur. À aucun moment on ne se dit que les mecs feraient mieux de rester dans leur hospice (ce qui est un peu moins vrai quand on regarde d'autres papy du fest, comme Axl, ou même le bon vieux Ozzy). Je vous laisse juger par vous-même.




The Obsessed


Le monde est bien fait. Après Saint Vitus et Pentagram, c'est au tour de The Obsessed de venir titiller notre fibre nostalgique. Pour ceux qui ne connaissent pas bien l'histoire du doom (et c'est un tort), Pentagram a été fondé en 1971, Saint Vitus en 1978 et The Obsessed en 1976. On retrouve donc sur scène Scott "Wino" Weinrich (qui avait quitté The Obsessed en 1986 pour rejoindre Saint Vitus avant de reformer les premiers sous la forme originelle en avril 2012). Bref, toute cette scène doom quelque peu incestueuse est réunie à Clisson, et on a encore droit à un excellent concert, certes un peu moins massif que les deux précédents, le groove de The Obsessed se joue dans une fibre sur rock'n'roll tout autant appréciable. Wino assure cette fois le chant et la guitare et j'headbang une dernière fois avant de me lancer dans ce qui sera mon dernier concert du festival : Sunn O)))




Sunn O)))


J'ai vu Sunn O))) pour la première fois en 2005, au moment de la sortie de Black One. La toute petite salle avait déjà été entièrement remplie d'un épais brouillard et Attila Csihar nous avait fait l'honneur de sa présence pour présenter les derniers morceaux du groupe. La seconde fois, à la Villette Sonique, le groupe était venu rejouer l'intégralité de ses Grimmrobe Demos, à savoir le Sunn originel, massif, au drone vibrant et implacable. Ce soir j'aurais droit à une synthèse parfaite entre les murs d'infrabasses que je chéris tant et les longues expérimentations tout aussi bruyantes mais beaucoup moins à mon goût. Attila scande, éructe, et j'ai même cru percevoir cette technique diphonique de chant de gorge courante en Asie et notamment au Tibet.



Après une longue intro instrumentale qui fait serrer les poings, (Orthodox Caveman ?) Attila entame un Aghartha puissant qui me fait totalement décrocher. Je ne sais pas trop ce que les mecs ont joué ensuite mais une fois encore je me suis laissé prendre par la puissance impitoyable du son incarné, des vibrations rendues palpables par le dispositif imposant du groupe. Peut-être pas mon concert préféré de Sunn mais définitivement une expérience nouvelle qui a apparemment marqué les esprits.


La pluie retombe depuis quelques minutes et nous décidons de rentrer retrouver Jérémy au pas de course pour reprendre la longue route qui nous ramène à Paris. Sur le trajet du retour, je fais un rapide bilan de ces 3 jours de concert (un bilan interrompu par une chouette kamikaze et des douaniers metalhead) et je me dis que le Hellfest c'est avant tout des gens vrais, humains, des rencontres humaines et beaucoup d'amourde la bière et du METAAAAAAAL.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire