Si son titre semble marquer le début d'un nouveau cycle et d'une série de concept-album, musicalement Earth continue en 2011 son cheminement tranquille initié par
Hex... il y a déjà 6 ans. Ce premier album du Earth nouveau était un manifeste aux Grandes Plaines de l'Ouest américain, la terminologie désertique ayant été usée jusqu'à la corde pour décrire le rock progressif engourdi de Carlson. Plus lumineux, l'album suivant,
Bees..., venait couronner de virevoltant la nouvelle identité d'Earth, avec des compositions plus denses et mélodiques, qui peaufinait avec génie cette technique de composition et de variations autour d'un riff roi.
Bees était la suite logique de la lente traversée du continent américain, cette fois plus versée sur le côté psychédélique de l'expérience.
Étrangement
Angels of Darkness... donne dès les premières écoutes un sentiment de régression. Moins accrocheur et "facile" d'accès que
Bees, il est plus sombre (il suffit de lire les titres des chansons) et ne livre à l'auditeur que peu d'aspérités auxquelles se raccrocher. On s'éloigne de cet aspect cinématique grandiose, psyché et tellurique pour quelque chose de plus abstrait, presque atonal (la longue pièce clôturant l'album) assumant pleinement une volonté expérimentale, jusqu'à lors dissimulée derrière un decorum country désertique. Toujours aussi lents, les morceaux poussent dans leurs derniers retranchements le riff roi et les variations sur un thème : Après plusieurs écoutes, je continuais ma quête de sens, à essayer de distinguer quel paysage Carlson et sa clique essayait de peindre devant mes yeux. Sans trop de succès.
Angels of Darkness... ne serait qu'un exercice théorique et obscur, une sorte de dépouillement de la musique pour en atteindre le
core, le noyau, la version la plus brute et sincère de ce que sculptait Earth depuis 2 albums? Pourtant il se révèle plus riche qu'on ne pourrait le penser, et on y revient, toujours, sans vraiment savoir pourquoi. S'il est plus sombre,
Angels... est certainement plus serein, la tension qui semblait, auparavant, pouvoir surgir à n'importe quel moment, n'est ici plus qu'un souvenir. Et c'est là que se trouve la réponse à toutes mes questions, ce dernier album de Earth est cosmique, universel. Loin des menaces terrestres et temporelles, il marque bien le début d'un nouveau cycle pour Carlson, celui d'une élévation, d'une ascension qui devrait pouvoir pleinement s'exprimer dans la suite de cette série de concept albums.
Laissez une chance à cet album, c'est un
grower, et il deviendra vite à vos yeux aussi essentiel que les deux précédents.