mardi 9 octobre 2012

Sale Freux - L'Exil






« Ultra-rural black metal ». « Du black metal made in vieille France froid et terreux, plein de purin, comme il ne s’en fait plus chez les pop stars norvéchiennes ». C’est comme ça que Famine, leader de Peste Noire, décrit ce 3ème LP de Sale Freux, le 1er sur son label La Mesnie Herlequin.

De fait, ça fait quelques années maintenant que Famine tente, autour de La Mesnie, de définir un BM spécifiquement français, qui soit « un juste milieu entre le Black nordique tracé au cordeau de potence par des saumons rigides, blafards et congelés, et le brûlant Thrash pollué des bronzés du Tiers-Monde. » Chez KPN, ça veut dire recycler de vieux chants militaires et royalistes, et se lancer à fond dans un trip médiéval jusqu’au grotesque (les bombardes et autres violes, les extraits des Visiteurs sur le dernier). Rien de tout ça ici, on n’est pas au cirque. Par contre, on trouvera difficilement disque plus emblématique du sillon français que La Mesnie cherche à tracer dans un beumeuh soupçonné de propreté excessive depuis sa Pitchforko-Liturgisation.

Pourtant, Dunkel (chanteur et multi-instrumentiste du groupe) a choisi de sortir un disque écoutable, ce qui n’était pas franchement le cas des précédents ; j’entends par là que la prod, bien que minimale, est relativement soignée. Seules originalités : les quelques croassements de corbeaux balancés ça et là, et la caisse claire remplacée par le bruit d’un bâton frappant une pierre sur « L’Exil », 4ème piste de l’album. 

Au niveau des compos, on s’éloigne un peu du côté folk/médiéval de Peste Noire mais les deux groupes se rejoignent sur un point crucial : certains morceaux délaissent largement les rythmiques du black metal pour évoluer vers un « black’n’roll » bien plus  mélancolique que chez KPN, étant plutôt avare de blasts et de riffs hyper rapides. Le tempo ralentit régulièrement, comme le pas de ce clochard aviné dont l’album suit les pas hésitants dans une boue toujours plus dense et lourde. Frédéric Nihous au chant et Jean Saint-Josse à la batterie, quelques blasts comme une salve de FAMAS tirée depuis une palombière et une voix qui pue le brie arrosé de gros rouge qui tâche ; il sera question du terroir ici. D’ailleurs, le digipack contient une liste exhaustive des boissons et nourritures consommées lors de la conception de l’album, « Grand Cru de Corbeaux ».

Bref, on se retrouve avec un album littéralement pathétique, bourré de saules pleureurs et de corbeaux qui meurent (le livret mentionne un corbeau « de compagnie », Iris, disparu en 2010 lors de la composition de l’album), excellent presque de bout en bout. Il y a quelques longueurs sur les morceaux purement instrumentaux, mais aussi des passages qui donnent envie de les réécouter sur l’autoradio d’une R5 crachant sa fumée sur une départementale de Bourgogne. « Santé, nom de freux » et « À fleur de plaies » puent le talent de Dunkel, et tout ça me donne envie de passer mes prochaines vacances à braconner et chercher des truffes avec un ami cochon.



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